Et voici le texte dont parlent Frédéric et Franck :
COVID-19, l’ami des dominants : un texte écrit par l’équipe de L’ardeur, association d’éducation populaire politique
Pour ce gouvernement anti-populaire, engagé dans une
politique de destruction de la protection sociale et de répression
policière des colères, des mobilisations et des insurrections qui en
découlent, le COVID-19 permet de réaliser plusieurs tests en grandeur
nature :
– Test de contrôle de la population (répression, prison, hélicoptères, drones, communications).
– Test d’obéissance de la police dans ce contrôle des populations.
– Test de privatisation-dislocation de l’éducation nationale transférée en e-learning.
– Test d’avancement de la vidéo-médecine à distance.
– Test de soumission des médias, de la population et des gauches (union nationale oblige).
– Test de démolition avancée du droit du travail.
1 – Le contexte
Depuis les années 1980, l’effacement de l’hypothèse
communiste (1) laisse le capitalisme en roue libre et l’humanité livrée
aux inégalités monstrueuses qui l’accompagnent. Or les profits ne se
réalisent plus sur la fabrication et la vente de marchandises qui sont
en surproduction (les voitures de 2018 ne sont toujours pas écoulées)
mais sur la financiarisation-casino de l’économie et les réductions de
dépenses publiques dans le cadre de politiques d’austérité. Si le
capitalisme européen s’est assuré tout un temps de l’ordre social en
échange de politiques de protection sociale, il s’aligne (dès 1983 en
France) sur le capitalisme américain et s’engage dans la voie d’une
privatisation-marchandisation de la société et d’une destruction des
services publics. Ces dernières se réalisent dès Maastricht, puis dans
l’imposition de la « Constitution » de l’Union Européenne et de sa
monnaie unique interdisant aux États d’agir sur la protection sociale
par des dépenses publiques, lesquelles sont désormais soumises à
l’impératif de non-inflation, d’interdiction des augmentations de
salaires pour maintenir le taux de profit des dominants, propriétaires
d’entreprises ou traders. Mais réduire la protection sociale, réduire et
supprimer les allocations chômage, démanteler les soins de santé,
démolir la recherche, supprimer des postes à l’éducation nationale,
vendre les barrages et les aéroports, baisser puis écraser les
retraites… tout cela génère des mouvements de population
insurrectionnels et incontrôlables (les gilets jaunes en sont un
exemple) qui supposent que l’État se prépare à la guerre sociale en
armant son dispositif policier vers le contrôle des mouvements
insurrectionnels. Après les LBD, voici les drones et le suivi des
smartphones. Dans son dernier ouvrage « La lutte des classes au 21e siècle » (2), Emmanuel Todd évoque la dérive fascistoïde du gouvernement Macron. Nous y sommes !
L’union nationale : vous avez aimé « Je suis Charlie » ? Vous allez adorer COVID-19 !
« Nous sommes en guerre », a déclamé sept fois
Macron. Invisible, diffus, insaisissable l’ennemi combattu ?
Qu’importe ! Car désigner un ennemi, a fortiori invisible, c’est faire
taire tous les désaccords, au nom de l’union sacrée ! Si l’éducation
populaire consiste à comprendre les systèmes à l’œuvre dans un
événement, et à déjouer les effets de propagande en traquant les biais
de pensée, il convient de s’alerter collectivement sur cet appel à
l’union nationale : « Plus de place pour la division », ressassent les
chroniqueurs. Mais rien n’est plus étranger à l’éducation populaire
qu’une union sacrée renonçant à toute critique derrière un chef
autoritaire ! Refuser cette injonction au consensus et à l’enrouement du
débat rend alors nécessaire d’apporter notre voix à l’analyse de la
situation…
La seule guerre à laquelle nous assistons est celle
que le capitalisme mène sur nos existences. Dans cette crise sanitaire,
que peut-on attendre d’un pouvoir qui a si férocement et si continûment
attaqué la protection sociale de sa population, démoli l’hôpital, les
retraites, le chômage, la formation continue, qui a rivalisé de
suppressions de fonctionnaires avec les autres candidats à la
présidentielle (moi 200 000 ! Non… moi 500 000 ! ) ? Rien !
Macron n’existe pas. La démolition de l’hôpital
public a commencé avec Mitterrand et Bérégovoy dès le départ des
ministres communistes en 1983, et s’est poursuivie avec les autres
présidents. Macron lui-même n’a été fabriqué que pour prendre la suite
des serviteurs du capital qui l’ont précédé à ce poste, et choisi pour
sa capacité de nuisance… Car, privé de toute marge de manœuvre
économique ou monétaire dans le cadre de l’UE, il n’a aucun autre
pouvoir que celui de nous nuire. En s’affichant sans honte dans un
hôpital saturé pour combattre les effets d’une situation dont il a
fabriqué les causes, lui qui a supprimé plus de 4 000 lits d’hôpitaux
sur la seule année 2018 et a charcuté plusieurs centaines de millions
d’euros de moyens alloués aux personnels médicaux… Macron ne saurait
nous rendre dupes : il n’est pas, et ne sera jamais, notre sauveur.
Fidèle à son programme électoral exigé par le Medef, il se saisira de
cette crise sanitaire pour renforcer la dévastatrice emprise du
capitalisme sur nos existences. À l’heure où beaucoup se remettent à
lire La stratégie du choc de Naomi Klein (3)
et font l’expérience en grandeur nature d’un capitalisme qui déploie sa
nuisance par crises successives, on peut s’attendre – « crise » et
« union nationale » obligent – à une démolition accélérée du droit du
travail, à une politique accrue d’austérité et de réduction des dépenses
publiques.
Interrogé sur France Inter sur le fait de savoir si
cette épidémie le ferait revenir sur sa proposition de 500 000
suppressions de postes de fonctionnaires, Bruno Retailleau (qui bien que
dans l’opposition parlementaire n’a d’opposition à la politique du
gouvernement que l’apparence) affirme sans sourciller qu’il ne sera pas
question de ralentir les réformes ! Ces gens-là ne tireront aucune
leçon. Au contraire. Cette crise sera pour eux l’opportunité d’une
accélération des destructions, notamment celle des services publics.
Noam Chomsky nous a prévenu·e·s : « Comment détruire un service public ?
Commencez par baisser son financement. Il ne fonctionnera plus. Les
gens s’énerveront, ils voudront autre chose. C’est la technique de base
pour privatiser un service public »… et seule une insurrection ou une
grève générale les arrêtera.
Car avec le COVID-19, c’est la guerre des classes qui
va se durcir par un enchaînement trop prévisible pour ne pas être
annoncé : crise sanitaire, crise économique, crise financière et, en
bout de course, crise sociale ! Quand le COVID-19 aura mis sur le
carreau un ou deux millions de chômeur·se·s supplémentaires, on pourra
compter sur ce gouvernement, qui a déjà fait la démonstration de son
amour de la protection sociale, pour nous concocter quelques
exonérations de cotisations, dégrèvements, allègements fiscaux
supplémentaires pour les patrons, bonus records pour les traders les
plus malins, dont le job n’est pas de financer l’économie mais de jouer à
la baisse ou à la hausse les fluctuations de l’économie… Pour eux,
cette crise est un cadeau, qui comme, toutes les crises financières
avant elle, ne sera rien d’autre qu’une banale crise cyclique de la
surproduction qui permet au capital de se concentrer encore un peu plus
en liquidant les maillons faibles des petites entreprises et en
écrabouillant les travailleurs sous l’œil docile des lanceurs de LBD et
des médias. Le capitalisme est le seul mode de production dans lequel
les crises prennent la forme d’une surproduction (https://wikirouge.net/Crise_de_surproduction)
Lire la suite sur http://chouard.org
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