Assistants vocaux : des conversations privées écoutées selon cette employée


Longtemps reléguée au rang des théories du complot, l’idée selon laquelle les objets connectés sont utilisés pour enregistrer nos faits et gestes, et en particulier nos conversations privées, est désormais appuyée par différents témoignages et découvertes surprenantes. Peu à peu, cette idée s’impose comme étant une nouvelle réalité. Témoin à l’appui, une vidéo diffusée en juin par la Quatradure du Net montre que certaines conversations privées sont enregistrées puis écoutées à l’insu des utilisateurs par Cortana, l’assistant vocal de Microsoft.



https://peertube.nogafa.org/videos/watch/9772f4a0-c025-4238-bfff-2ca473eceb54

L’usage des « assistants personnels intelligents » (Cortana, Siri, Hello Google,..) a crû de manière importance ces dernières années. Aux États-Unis, 65 % des utilisateurs de smartphone y ont eu recours en 2015, soit deux fois plus qu’en 2013, selon une étude sur l’essor des assistants vocaux intelligents. Désormais, le développement des enceintes « intelligentes » (Amazon Echo, Google Home etc..), promet de faire grimper en flèche le marché des assistants vocaux et autres objets connectés.

De plus en plus de personnes placent ces boitiers intelligents dans leur maison pour se « faciliter » la vie. Mais ces technologies ouvrent de nouvelles perspectives pour des marchés très lucratifs, notamment le e-commerce, la vente des données personnelles enregistrées 24 heures sur 24 via les recherches vocales, mais aussi la mise en place de publicités qui seront à l’avenir de plus en plus intrusives, puisqu’elles pourront à terme passer via les enceintes. Rappelons que l’information est ce pétrole intarissable du monde connecté. Une mine d’or à ciel ouvert pour ceux qui savent l’exploiter. Pour les concurrents de ce marché qui se compte en milliard de dollars potentiels, la course est ouverte.

Le développement des objets connectés inquiète

Plus encore que nos données personnelles laissées sur internet, les objets connectés posent problème parce qu’ils collectent des données au cœur de la vie privée des usagers, sur leurs lieux de vie. Le rêve des multinationales : connaître en temps réel les aspirations des consommateurs, les envies profondes, leurs souhaits. Comment éviter les dérives et quel contrôle légal pour ces données ?

Au début d’année, le New York Times révélait que le logiciel espion Alphonso, qui se cachait sur 250 jeux téléchargeables sur le magasin en ligne d’Android (mais également  sur l’Apple Store pour certains), enregistrait ce que les gens regardaient à la télé. Ces informations étaient ensuite envoyées à des agences qui ciblent spécifiquement les consommateurs. Le tout à l’insu des possesseurs de smartphone. Encore faut-il avoir le chance de découvrir ces logiciels-espions.

D’autres, comme Reporters Sans Frontières, craignent que la nouvelle technologie n’enferme encore plus les utilisateurs dans une bulle informative que ce que faisaient déjà les réseaux sociaux. En effet, les algorithmes ont tendance à créer un profil type des utilisateurs pour leur donner « à manger » ce qu’ils veulent, en principe. Mais l’humain n’étant pas un robot, l’algorithme a donc tendance à enfermer l’utilisateur dans une bulle qui repose plus sur une interprétation de nos clics qu’autre chose.

Dans un communiqué publié début août, l’ONG s’inquiétait en particulier du système de réponse aux requêtes orales. « L’assistant intelligent sélectionne les sources d’informations, et limite le nombre de résultats… parfois, à un seul, selon des critères qui restent aujourd’hui largement opaques », écrit RSF, qui craint que la pluralité de l’information soit mise en cause. Naturellement, les récents rapprochements entre les GAFAM (Google et Cie.) et les médias mainstreams de tous les pays, n’augurent rien de bon. Rappelons que certains grands médias reçoivent en ce moment des financements de la part de ces géants du web.

Des conversations enregistrées aux dépens des utilisateurs

Récemment, la Quadrature du Net rappelait que les bandes d’enregistrement vocales basées sur des données récoltées par Cortana, l’assistant vocal de Microsoft, étaient non seulement conservées – au moins en partie – mais qu’en plus elles étaient potentiellement réécoutées et traitées par des êtres humains. Dans une vidéo diffusée sur peertuber, l’association a recueilli le témoignage de « Julie », une personne qui a travaillé au développement de Cortana dans une entreprise privée et qui a été directement confrontée aux conversations parfois très privées et sensibles recueillies par l’assistant vocal.

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