L'émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani, et le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine.
Il
est parfois des couples improbables et discrets qui se forment à l’abri
du tumulte du monde, sur la base d'intérêts tactiques bien compris
voire de long terme. Ainsi en va -t-il de la Russie et du Qatar.
L’idylle est aujourd’hui de nature d’abord énergétique, mais pourrait
toucher demain l’industrie et la coopération militaires.
A première vue,
tout donne l’impression que la Russie sépare de manière étanche sa
politique économique de sa politique diplomatique, dans la mesure où le
Qatar et la Russie sont officiellement opposés sur le dossier syrien (le
Qatar soutenant les Frères musulmans en Syrie, notamment le groupe
Ahrar Al-Sham, quand la Russie défend mordicus le régime syrien
alaouite, membre de l’axe chiite). Le présent article tend à montrer la
complexité et les nuances qui viennent tempérer cette doxa et
démontrent qu’il n’y a pas de réel hiatus entre la politique économique
et la politique étrangère de Moscou mais une manœuvre stratégique fort
habile, qui voit et vise loin.
Rosneft, Novatek, accord de coopération militaire … une corbeille de la mariée richement dotée
Quelques points de chronologie d’abord. Le 20 février, l’ambassadeur de Russie au Qatar, Nurmakhmad Kholov, a annoncé à l’agence russe Tass que « le
Qatar investissait près de 2 milliards de dollars dans les activités de
l’entreprise russe Novatek, plus important producteur indépendant de
gaz de Russie ». Kholov a précisé que « la Russie et le Qatar ont
réussi ces trois dernières années à obtenir de bons résultats en
matière d’économie et d’échanges commerciaux grâce au travail conjoint
de la commission intergouvernementale pour le commerce, l’économie, la
science et la coopération technique » entre les deux pays. Avant de conclure : « Le
Qatar exprime un grand intérêt pour les produits agricoles russes ainsi
que pour les projets russes en matière de pétrochimie et de sources
énergétiques, autant que dans le domaine de la construction ».
Ceci est dans la droite ligne de la privatisation du géant public russe du pétrole, Rosneft,
qui a eu lieu au début du mois de décembre dernier. L’Etat russe qui
possédait 50% de Rosneft, première entreprise pétrolière mondiale, en a
cédé 19,5% du capital au fonds d’investissement Glencore ainsi qu’au
fonds souverain du Qatar (dans une proportion que l’on ignore) pour un
montant de 10,5 milliards de dollars, qui doivent servir au renflouement
du budget russe via l’entreprise publique Rosneftegaz. Précisons que le Qatar est lui-même majoritaire au sein du fonds Glencore.
Précisions
enfin, pour illustrer cette « lune de miel » qu’au delà de l'énergie,
un embryon de coopération militaire existe entre les deux pays. Le 6
septembre 2016, Moscou et Doha ont en effet signé un accord militaire après
une visite du ministre qatari de la Défense, Khalid bin Mohammad Al
Attiyah à son homologue russe Sergueï Choïgou, lors du Forum
international militaire et technique de Moscou « ARMÉE-2016 ». Cet accord faisait suite à la rencontre, en mai de la même année, du vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov avec l’émir Tamim ben Hamad al-Thanin. « Nous avons signé un accord de coopération militaire avec la Russie, mais il ne comprend pas l’achat d’armes », a indiqué Saoud Bin Abdallah al-Mahmoud, Ambassadeur du Qatar à Moscou. Comme l’explique le site Opex360, « s’agissant
d’éventuels contrats d’armement, rien n’est fermé du côté de Doha, le
diplomate ayant assuré que son gouvernement examinerait cette
‘possibilité’ ». Dans ce nouveau contexte marqué par les progrès en
matière de coopération énergétique, il n’est pas à exclure que des armes
russes soient vendues au Qatar dans les deux ans, d’autant plus
qu’elles ont, au grand dam de Doha, démontré toute leur efficacité en
Syrie et que Moscou engrange déjà de précieux contrats d’armement dans
la région (nous ferons un point d’ici peu sur ces contrats tous
azimuts).
Une vieille discorde entre la Russie et le Qatar, aggravée par la crise syrienne
Le
passif entre Moscou et Doha est pourtant ancien. La Tchétchénie fut un
premier motif de discorde. Au commencement de la décennie 2000, le
Tchétchène Zelimkhan Iandarbiev, alors au
Qatar, était accusé par la Russie de financer des rebelles tchétchènes
liés à Al-Qaïda et d’avoir participé à l’organisation de la prise
d’otages dans un théâtre moscovite en octobre 2002 qui s’était soldée
par 129 morts. Mais Doha a refusé à la Russie son extradition. En
février 2004, toujours en exil à Doha, Zelimkhan Iandarbiev trépassa
après qu’une bombe placée dans sa voiture eut explosé. Comme l’explique
le site Opex360, « les
services russes (SVR et GRU) furent accusés d’avoir commis cet
assassinat, qui sera, plus tard, à l’origine de la première loi
anti-terroriste adoptée par l’Emirat. En tout cas, deux suspects de
nationalité russe appartenant effectivement au GRU furent interpellés et
jugés à Doha pour assassinat et trafic d’armes. Après avoir été
torturés selon Moscou, les deux hommes furent condamnés à la prison à
vie, avant d’être finalement transférés en Russie pour y accomplir leur
peine. On y a perdu leur trace ».
La relation russo-quatarie se dégrade brutalement dès le début de la Guerre
civile syrienne en 2011. Alors que la Russie joue des circonstances
pour consolider son alliance avec le régime syrien (pour ne pas laisser
les mains libres à Téhéran), et vole ouvertement à son secours en
septembre 2015 en intervenant militairement (une première pour Moscou
depuis l’invasion de l’Afghanistan en 1979), le Qatar, proche des Frères
musulmans, est en fait dès le début de la Guerre syrienne à la manœuvre
pour faire tomber le régime de Bachar al-Assad et installer, en
coopération avec les Turcs – eux aussi très liés aux Frères musulmans –
et en concurrence avec les wahhabites d’Arabie Saoudite, un régime
sunnite à Damas sous la forme d’un “Etat islamique”. Les Frères
musulmans financent et arment les rebelles syriens (moins le Front
al-Nosra, émanation wahhabite d’Al-Qaïda, qu’Ahrar al-Sham et la
coalition du Front islamique, dominés par les Frères musulmans et
parrainés par Doha et Ankara).
En
2012, alors que les Occidentaux pensent que le régime de Bachar
al-Assad va tomber en quelques semaines, le ministre qatari des Affaires
étrangères Hamed Ibn Jassem aurait déclaré à l’ambassadeur russe auprès
des Nations Unies : « Je vous mets en garde contre toute utilisation
du veto sur la crise en Syrie; la Russie doit approuver la résolution,
sinon elle perdra tous les pays arabes ». Mais l’intéressé, Vitali Tchourkine, qui vient de décéder brutalement, aurait alors rétorqué au Qatari : « Si vous me reparliez sur ce ton de nouveau, il n’y aurait plus une chose qui s’appelle le Qatar » avant de lancer directement au Premier ministre du Qatar : « Vous
êtes ici au Conseil de sécurité en tant qu’invité, respectez-vous et
reprenez votre taille initiale, d’ailleurs je ne m’adresserai plus à
vous, je parle au nom de la grande Russie, et qu’avec les Grands ».
Ces propos peu diplomatiques ont été bien sûr démentis par la Fédération
de Russie, mais ils illustrent bien les certitudes de l’époque : les
puissances sunnites du Moyen-Orient, fortes de leurs soutiens
occidentaux, pensent alors réellement pouvoir parvenir à leurs fins en
profitant des « Printemps arabes » pour écarter le très gênant Assad
tandis que les Russes, cherchant à rattraper l’humiliation endurée en
Libye - où ils n’ont pu empêcher les Occidentaux d’outrepasser leur
mandat initial pour provoquer la chute du régime libyen et la fin
terrifiante du Colonel Kadhafi -, se promettent alors de ne plus rien
céder aux Occidentaux ou à leurs alliés du Golfe, tant sur le terrain
diplomatique, en dégainant leur veto au Conseil de Sécurité que sur le
terrain militaire, en volant directement à la rescousse d’Al-Assad dans
sa guerre contre-insurrectionnelle l’opposant aux « rebelles » syriens.
Sur
fond de crise syrienne, mais aussi de guerre du pétrole et du gaz, il
faut donc convenir qu’aujourd’hui, en concluant ces accords avec Moscou,
le Qatar, à l’instar de la Turquie l’été dernier, prend acte de la
domination stratégique russe sur la région et « va à Canossa »,
tandis que Moscou consolide son approche diplomatique éminemment
pragmatique et basée sur du « win-win » consistant à parler à tous -
même à ses adversaires voire à ses ennemis - et à trouver avec chacun
des bases d'accord diversifiées permettant d’exercer un effet de levier
sur d’autres partenaires-concurrents (en l’espèce sur Téhéran qui ne
peut que s’inquiéter fortement de l’actuel rapprochement Moscou-Doha)
La
prophétie qatarie, partagée à l’époque par bien des analystes
occidentaux – « vous allez voir, en protégeant Bachar al-Assad, les
Russes vont se mettre à dos tous les pays de la région, particulièrement
les puissances sunnites, et ils s’enliseront en Syrie comme les
Soviétiques (ou les Américains…) en Afghanistan » – ne s’est pas révélée
exacte. Contrairement à la France, qui, seule contre tous, semble
encore vouloir pousser en Syrie les rebelles contre le régime – il faut
lire la passionnante enquête de Georges Malbrunot du Figaro sur ce point
–, les Qataris, comme les Turcs, ont pris acte de leur échec pour
déstabiliser le régime de Bachar al-Assad et souhaitent désormais
exercer leur influence autrement sur la région. Si le processus d’Astana
n’a pas encore porté ses fruits politiques, il y a fort à parier que
les Turcs, mais aussi les puissances du Golfe, font tout pour disposer
en Syrie d’une zone d’influence qui comporte la région d’Idleb
(aujourd’hui aux mains des rebelles, essentiellement djihadistes) mais
aussi la région de l’extrême Nord du pays, symbolisée par la ville
d’Al-Bab, récemment reprise à l’Etat islamique, où l’Armée turque aidée
des rebelles syriens occupe, dans le cadre de l’opération « Bouclier de
l’Euphrate », un espace stratégique et pourrait souhaiter s’étendre plus
au sud vers Raqqa, moins au détriment du régime syrien (les Russes
n’accepteraient pas) qu’au détriment des Kurdes du PYD, qui servent
encore une fois, dans l’histoire du Levant, de variable d’ajustement
régionale à l’usage des Russes comme des Américains... Une telle
influence sunnite en Syrie ne gênerait d’ailleurs pas Moscou qui,
contrairement à Damas ou Téhéran, ne souhaite pas un contrôle unitaire
de l’ensemble de la Syrie. La Russie pourrait se satisfaire d’une
solution fédérale avec une Syrie utile alaouite protégeant les intérêts
stratégiques russes (base navale de Tartous et aérienne de Hmeimim).
Pour
comprendre les raisonnements russe, turc et qatari, il faut
s’intéresser aux enjeux gaziers et pétroliers. Non que la Syrie soit un
producteur important d’hydrocarbures. Les réserves onshore au Nord et à l’Est du pays n’ont rien d’exceptionnel. Quant aux possibles réserves off-shore,
elles se situent au large de Lattaquié, sous contrôle des Alaouites :
les sociétés russes placent déjà leurs pions pour les exploiter
ultérieurement. L’enjeu est moins dans la production d’hydrocarbures que
dans le transport d’hydrocarbures des riches régions du Moyen-Orient
(Iran, Qatar, Arabie Saoudite) vers l’Europe. Pour le dire en une
phrase, les puissances sunnites, en s’alliant aux Occidentaux, pensaient
pouvoir doubler les Russes dans l’approvisionnement en hydrocarbures du
Sud de l’Europe avec la Turquie servant de « hub » énergétique à cette
opération d’envergure. Une Syrie sous contrôle sunnite aurait facilité
un tel projet… et introduit une sévère concurrence pour les Russes sur
le marché européen des hydrocarbures. Mais ce rêve sunnite a vécu. Le 9
août dernier, le président turc Recep Erdogan qui, pour asseoir son
pouvoir autocratique, a besoin de l’influence russe pour contrebalancer
celle des Américains, est lui aussi « allé à Canossa » en rencontrant
Poutine à Saint-Pétersbourg (cf. l’excellente analyse de Jean-François
Colosimo dans une interview au Figaro).
Le lendemain, Vladimir Poutine se rendait à Istanbul et les deux
présidents relançaient le projet de gazoduc « Turkish Stream », qui
permet aux Russes de passer par la Turquie (et de contourner l’Ukraine
!) pour vendre du gaz à l’Europe via le sud du continent. En
investissant dans Rosneft et dans Novatek, les Qataris comprennent à
leur tour qu’ils ne peuvent avoir sérieusement accès au marché européen
sans l’aval de Moscou. Une aubaine financière pour le président russe
friant de l’argent qatari pour assainir ses finances publiques et
réduire le déficit public du pays (même si la dette publique russe
n’atteint que 20% du PIB quand la nôtre frôle les 100%...).
Je prends la liberté de citer longuement le Général (2S) Jean-Bernard Pinatel qui résume parfaitement, dans Atlantico, la nouvelle donne géostratégique : « Trois
pays – la Russie, l’Iran et le Qatar – possèdent 50% des réserves
mondiales de gaz naturel. Les trois sont désormais alliés économiquement
et stratégiquement, ce qui marque l’échec de la stratégie de l’Union
européenne de diversification de ses sources d’approvisionnement de gaz
naturel inspirée et voulue par les Etats-Unis et l’Otan. En effet, la
Russie est déjà le premier fournisseur de l’Union européenne avec 40%
des importations, qui représentent 20% de la consommation totale de gaz
de l'Union européenne. Compte tenu de la hausse de la consommation dans
l'Union européenne et de l'épuisement du gisement gazier en Mer du Nord,
cette dépendance énergétique de l'UE vis-à-vis de la Russie devrait
fortement s'accroître dans les prochaines années. La Commission
européenne estimait en effet que, d'ici 2040, 70% des besoins
énergétiques de l’UE devraient être assurés par les importations, contre
50% aujourd'hui. Cette dépendance
était inacceptable pour les stratèges américains pour lesquels la
création d’une Eurasie annoncerait la fin de leur suprématie mondiale et
l’arrivée d’un troisième grand acteur sur la scène mondiale qui
perturberait leur tête-à-tête d’adversaire-partenaire avec la Chine. Pour
les stratèges américains et les atlantistes européens, le Qatar, avec
24300 milliards de m3 de réserves prouvées qui lui assurent 154 ans de
production au rythme actuel, était la solution. A condition toutefois de
construire un gazoduc, car la liquéfaction et le transport en bateau
via le détroit d’Ormuz et le canal de Suez rendaient le gaz qatari non
concurrentiel avec le gaz russe. Selon des informations du journal
libanais Al-Akhbar publiées en 2012, les Qataris avaient établi un plan,
approuvé par l’administration Obama et l’UE visant à construire un
gazoduc vers l’Europe via la Syrie. Ce gazoduc terrestre aurait traversé
l’Arabie Saoudite, puis la Jordanie, en évitant l’Irak pour arriver à
Homs en Syrie, d’où il aurait bifurqué dans trois directions : Lattaquié
sur la côte syrienne, Tripoli au nord du Liban, et une troisième
branche via la Turquie vers l’Europe. Mais Bachar El-Assad refusait
d’autoriser ce transit ».
J’avais moi-même publié un article dans la Revue des Affaires
sur les enjeux énergétiques de la Guerre de Syrie. Ce que j’entrevoyais
commence de se réaliser et nous voyons les prémisses d’une politique
énergétique moyen-orientale directement pilotée par Moscou. Alors
qu’avant 2011, deux projets de gazoducs entraient en concurrence – un
“tracé chiite” permettant d’exporter le gaz iranien via la Syrie et un
“gazoduc sunnite” permettant d’exporter le gaz qatari via la Turquie –
la Russie a joué un jeu à la fois ferme (via ses Soukhoï...) et souple
(en ne fermant pas la voie d’une influence sunnite dans une future Syrie
fédérale) de sorte à devenir le pivot central et l’honest broker du Levant pour que le gaz tant iranien que qatari transite vers l’Europe sans déposséder Moscou via le futur gazoduc russo-turc Turkish Stream, la Syrie marquant dans ce périple gazier une étape essentielle.
La Russie, acteur régional et global de coordination et de médiation.
Quid
de la suite ? Tandis que la Guerre de Syrie commence de se stabiliser
avec une zone chiite formée par la Syrie utile et une percée vers l’Est à
Deir Ezzor, une zone sunnite et une zone kurde servant de levier à
l’influence croisée américano-russe, des compromis politiques pourraient
être trouvés peu à peu à Astana où les véritables négociations de paix
devraient supplanter celles de Genève sur le fond du dossier. Dans le
même temps, une coordination des différents acteurs régionaux (Iran,
Turquie, Qatar, Arabie Saoudite) se matérialise sous les auspices de la
Russie qui, négocie parallèlement son action à un niveau supérieur de
gouvernance avec les Etats-Unis, eux-mêmes désireux de conserver leur « leadership from behind »
- en matière de non-interventionnisme, Trump pourrait paradoxalement
agir en continuité avec la politique de B. Obama -, et avec la Chine
qui, elle, devrait jouer à l’avenir un rôle essentiel au Moyen-Orient via
son projet de « Nouvelle route de la Soie ». Un projet pharaonique qui
constitue l’armature de ce que je nommerai le « pivot vers l’Ouest »
chinois en miroir du « pivot vers l’Est » américain.
En-deça
de de ce “grand jeu” stratégique, les yeux du tacticien Poutine se
tournent vers la Libye où la Russie déploie discrètement son jeu
diplomatique et là encore énergétique. Alors que le désormais Maréchal
Haftar, maître de la Cyrénaïque et concurrent du soi-disant «
gouvernement d’Union nationale » qui règne sur la Tripolitaine, a pu
faire main-basse sur les installations pétrolières du Golfe de Syrte, on apprend que Rosneft passera un accord avec la National Oil Corporation
libyenne dont le PDG, Mustafa Sanalla, a rencontré Igor Sechin, son
homologue de Rosneft, à Londres lors de la Conférence internationale de
l’énergie le 20 février dernier. Un “signal faible” intéressant dont je
vous conterai les tenants et les aboutissants prévisibles d’ici peu…
Source : http://galacteros.over-blog.com
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