Coca, Pepsi : l’industrie du soda manipule les politiques de santé publique



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Mauvaise nouvelle pour nos artères, l’industrie du sucre et de la junk food continue de frapper. En l’espace de 5 ans, les deux géants mondiaux du soda, les groupes Coca-Cola et Pepsi, auraient aidé au financement de pas moins de 96 organismes de santé impliqués dans la recherche et la prévention. Révélée par l’American Journal of Preventive Medecine, l’affaire vient une nouvelle fois confirmer l’influence des colosses industriels dans l’élaboration des politiques de santé publique.




Une centaine d’organismes de santé concernés

Parue le 10 octobre dernier, l’étude de l’American Journal of Preventive Medicine révèle qu’entre 2011 et 2015, Pepsi et Coca-Cola ont participé aux États-Unis au financement de 96 organisations nationales en lien avec la santé. Parmi celles-ci, on trouve des acteurs privés de la santé, mais aussi, et de façon largement plus inquiétante, des institutions en lien avec la santé publique et reliées à l’État. 86,5% de ces organismes auraient accepté de recevoir de l’argent de la part de Coca-Cola, 12,5% des deux entreprises, et un seul de Pepsi de manière exclusive.

Ainsi, des fondations telles que l’American Diabetes Association, la Fondation pour la recherche sur la diabète juvénile, ou encore des organismes de santé publique censés combattre l’obésité figurent parmi les tributaires d’au moins l’une des deux entreprises. Un constat qui a de quoi étonner, lorsque l’on sait depuis des années maintenant que la consommation de boissons sucrées et de soda a une incidence directe sur le développement d’un diabète de type 2 et que les associations ont toutes les peines du monde à se faire entendre. D’autre part, comme le soulève l’étude en préambule, un cinquième de l’augmentation des cas de surpoids observée entre 1977 et 2007 pourrait également être imputée à la seule consommation de ces boissons. Un pavé dans la mare, dans un pays touché depuis des années maintenant par une obésité et un surpoids en constante augmentation, largement corrélés à des habitudes alimentaires décriées par les défenseurs d’une alimentation saine.

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Des conséquences politiques réelles

Résultat de l’implication des industriels dans la rentabilité de ces organisations, un certain musellement s’est opéré, détournant la recherche de questions qui auraient pu érafler la réputation et les affaires de ces deux monstres mondialisés. Plusieurs organismes concernés se sont retirés du débat public qui entoure la consommation de soda. Pire encore, certains d’entre eux, en plus de s’enfoncer dans un silence confortable, se sont opposés à la mise en place de politiques visant à la réduction de la consommation de soda, ou ont collaboré à l’élaboration de plaquettes informatives vouées à être distribuées dans les écoles et centres éducatifs en partenariat avec les marques.

Entre 2011 et 2015, Coca-Cola, Pepsi et leurs instances de lobbying ont été identifiés dans le soutien ou l’opposition à 29 propositions de lois entourant l’industrie du soda. Pour 28 d’entre elles, la position des deux groupes allait à l’encontre d’un intérêt de santé publique. Ainsi, Coca et Pepsi se sont vus combattre des mesures de taxation, de régulation de l’espace publicitaire, ou encore des tentatives de mettre fin aux portions extraordinaires de soda distribuées dans certains restaurants. En dehors des manipulations politiques, les associations et ONG sont également visées. Par exemple, la prestigieuse ONG Save The Children aurait reçu 5 millions de dollars de Pepsi afin que la question du sucre cesse d’être une problématique traitée dans leur cahier des charges.

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Une industrie habituée du lobbying agressif

En septembre, nous apprenions que l’industrie sucrière avait dès les années 60 payé une poignée de chercheurs de Harvard afin de reporter les causes de l’obésité sur les graisses saturées. Si l’utilisation de l’argument financier n’est pas inconnue des magnats du sucre, elle ne l’est pas moins des géants de la boisson. En 2009, les dépenses vouées à empêcher l’adoption d’une taxe fédérale sur les sodas avaient déjà atteint des sommets, cumulant près de 40 millions de dollars dépensés par Coca, Pepsi, et le lobby de l’American Beverage Association. Pour Coca-Cola, il ne s’agit certainement pas là du premier scandale, ni du dernier. En 2015, l’entreprise américaine défrayait une fois de plus la chronique avec la sortie de plusieurs articles voués à promouvoir le Coca-Cola comme une « boisson saine » lors du « Mois de la santé du cœur » aux États-Unis. La marque ne recule vraiment devant rien.

Afin de mettre fin à l’influence d’une industrie agro-alimentaire qui n’a à cœur que d’augmenter chaque année ses profits au détriment d’une santé publique en berne, les auteurs de l’étude préconisent un changement radical dans les sources de financement des différentes organisations concernées. À l’avenir, refuser l’argent proposé par Coca-Cola et Pepsi pourrait permettre aux organismes de santé impliqués de mettre fin à l’appui implicite qu’ils offrent à ces entreprises. Un changement de cap qui éclairerait une nouvelle voie, et prendrait enfin en compte l’implication de la consommation de soda dans le développement d’une obésité de masse, qui touche aujourd’hui 35% des adultes américains.

Sources : AJPMonline.org / Medicalnewstoday.com / CourrierInternational.com

Commentaires

  1. Anonyme20.10.16

    ministres de la santé = ministres de la maladie serait plus juste,idem pour l'ecologie...bientot en justice tres certainement en ces temps de revelations.

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