Actualité International Royaume-Uni: fermeture des comptes de la TV publique russe RT



La Russie a accusé lundi le Royaume-Uni d'être à l'origine de la prochaine fermeture des comptes bancaires britanniques de la chaîne publique russe d'information internationale RT, qu'elle a dénoncée comme une décision politique, ce que Londres a démenti.

RT, qui émet en anglais mais aussi en arabe et espagnol et qui est souvent accusée de servir d'organe de propagande du Kremlin, a annoncé avoir été notifiée par lettre par sa banque NatWest de la clôture de ses comptes bancaires au 12 décembre, sans justification.

"Nous exigeons au plus vite des explications des autorités britanniques", a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères.

Le ministère a souligné que cette décision semblait avoir été prise "en accord avec Londres" et visait à "écarter une source d'information gênante pour le discours officiel britannique mais populaire au sein du public britannique". "Si c'est le cas, il s'agit de grossières violations aux principes de la liberté d'expression et de la presse", a ajouté la diplomatie russe.

Londres a démenti en fin de journée être derrière cette initiative.

"Cela concerne la banque, c'est à eux de décider à qui ils offrent leurs services, sur la base de leur appétit pour le risque", a déclaré une porte-parole de la Première ministre Theresa May, alors qu'aucune sanction liée à la Russie n'a été prise par des banques britanniques à la demande du gouvernement depuis février 2015.

NatWest, filiale de la Royal Bank of Scotland (RBS), n'a de son côté pas confirmé le contenu de la lettre envoyée à RT mais a expliqué que "ce genre de décision n'était pas prise à la légère". "Nous examinons la situation et contactons le client pour en discuter plus avant. Les comptes bancaires restent ouverts et opérationnels".

Selon RT, dans une lettre datée du 12 octobre, NatWest avertit la chaîne pro-Kremlin, qui dispose d'une version britannique, que "tous (ses) comptes en banque seront annulés et clôturés le 12 décembre". Cette lettre préciserait qu'il s'agit d'une décision "définitive".

- "Vive la liberté d'expression!" -

"Ils ont clôturé tous nos comptes bancaires au Royaume-Uni. Vive la liberté d'expression!" a dénoncé la rédactrice en chef Margarita Simonian sur son compte Twitter..

Interrogée dans plusieurs médias russes, elle a assuré que cette décision était "politique" et avancé l'hypothèse d'un possible lien avec la menace de sanctions britanniques contre Moscou brandie pendant le week-end en réaction au siège de la ville syrienne d'Alep.



La rédactrice en chef de la chaîne de télévision russe RT Margarita Simonian à Sotchi, le 26 août 2008 © VLADIMIR RODIONOV RIA NOVOSTI/AFP/Archives


Dans un communiqué transmis à l'AFP, la chaîne a qualifié la décision de NatWest d'"incompréhensible". "Cependant, elle ne contredit pas les innombrables mesures déjà prises par le Royaume-Uni et l'Europe ces dernières années pour nous ostraciser, mettre fin ou carrément empêcher le travail de RT", a-t-elle ajouté, précisant que sa version britannique continuait de fonctionner.

Lancée en 2005, la chaîne de télévision RT (ex-Russia Today) est financée par l'Etat russe et émet en anglais, arabe et espagnol, avec pour objectif de présenter un point de vue russe sur l'actualité. Une version française de leur site internet existe également.

La fermeture des comptes britanniques intervient dans un contexte de tensions extrêmes entre la Russie et le Royaume-Uni depuis des années, alimentées par l'empoisonnement de l'ex-agent du KGB Alexandre Litvinenko, la crise ukrainienne et la guerre en Syrie.

Le sénateur russe pro-Kremlin Oleg Morozov, cité par RIA Novosti, a appelé son gouvernement à appliquer des "mesures de rétorsion", tandis que le secrétaire général de l'Union des journalistes russes Timour Chafir, interrogé par la chaîne russe Rossia-24, a dénoncé une "décision à caractère politique".

Une bataille judiciaire oppose également Moscou aux actionnaires de l'ancien géant pétrolier Ioukos, qui a conduit à plusieurs reprises dans le passé à des gels d'avoirs russes à l'étranger, y compris de comptes bancaires appartenant à des médias d'Etat.

Source : http://www.lepoint.fr

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