Le fils de Woody Allen juge "dangereux" le silence sur les accusations d'agression sexuelle contre son père


Le journaliste Ronan Farrow a dénoncé le silence des médias au Festival de Cannes sur des accusations d'agressions sexuelles de sa sœur Dylan Farrow contre son père adoptif Woody Allen, qui présentait mercredi soir son dernier film. Ce dernier, qui a fait l'objet d'une blague ambiguë de Laurent Lafitte pendant la cérémonie d'ouverture, a répété qu'il avait "déjà tout dit" sur cette affaire.
"Il y aura des conférences de presse, et un tapis rouge que mon père va fouler avec sa femme (ma soeur) (Soon-Yi Previn, NDLR). Il va avoir ses stars à ses côtés - Kristen Stewart, Blake Lively, Steve Carell, Jesse Eisenberg. Ils peuvent faire confiance à la presse pour ne pas leur poser de questions dérangeantes. Ce n'est pas le moment, ce n'est pas l'endroit, ça ne se fait pas", a dénoncé le fils du réalisateur dans une tribune à la publication spécialisée The Hollywood Reporter.

De fait, aucune question n'a été posée sur le sujet lors de la conférence de presse de présentation de "Café Society", qui était présenté mercredi hors compétition en ouverture du Festival.




L'étrange remarque de Laurent Lafitte : Woody Allen pas rancunier

Cependant, mercredi soir lors de la cérémonie d'ouverture, le comédien Laurent Lafitte a lancé, en s'adressant au réalisateur assis au premier rang dans le public : "Ça fait plaisir que vous soyez en France parce que ces dernières années vous avez beaucoup tourné en Europe, alors que vous n'êtes même pas condamné pour viol aux États-Unis." Une plaisanterie qui pourrait faire allusion aussi bien aux accusations de la fille de Woody Allen, qu'au parcours du Franco-Polonais Roman Polanski, poursuivi aux États-Unis pour le viol présumé d'une mineure dans les années 70.

Le cinéaste américain est resté impassible. Jeudi, il a rappelé qu'il avait "déjà tout dit" sur cette affaire. Cité par l'AFP, il s'est déclaré "totalement favorable à ce que les comédiens fassent les plaisanteries qu'ils ont envie de faire". Rappelant aux journalistes de Variety qu'il était lui-même "un comique", il a souligné qu'"il en fallait beaucoup pour qu'il se sente offensé".

La presse américaine a interprété les mots de Laurent Lafitte comme une attaque frontale contre l'Américain. "Le festival se moque de Woody alors que son fils le traite de pervers", a commenté en une le tabloïd New York Post, reproduisant les propos du comédien français.

Emmanuelle Seigner étrille Laurent Lafitte

Sur son compte certifié Instagram, l'actrice Emmanuelle Seigner, épouse de Roman Polanski, a qualifié Laurent Lafitte de "pathétique" et "gros blaireau". "Quelle loose, cette cérémonie #vulgaire #médiocre", a-t-elle ajouté, postant dans son message une photo de la Palme d'or tournée vers le bas.



"Il est temps de poser quelques questions difficiles"

Le silence des journalistes "n'est pas simplement mauvais. Il est dangereux", juge de son côté Ronan Farrow dans sa tribune. Il "envoie un message sur qui nous sommes en tant que société, ce sur quoi nous allons fermer les yeux, qui nous allons ignorer, qui compte et qui ne compte pas". "Il y a encore du travail à faire pour construire une culture où les femmes comme ma soeur ne seraient plus traitées comme si elles étaient invisibles. Il est temps de poser quelques questions difficiles", conclut-il.

La fille adoptive de Woody Allen l'avait accusé en 2014, en pleine saison des Oscars, de l'avoir sexuellement agressée quand elle était enfant. Le réalisateur américain avait immédiatement qualifié ces accusations de "fausses et honteuses". Dylan Farrow a été adoptée par Mia Farrow et le réalisateur quand ils étaient en couple dans les années 80.

L'affaire avait une première fois fait surface lorsque Woody Allen avait quitté Mia Farrow pour se mettre en couple avec la fille adoptive de cette dernière, Soon-Yi Previn, âgée de 21 ans à l'époque. Un juge new-yorkais et une enquête des services sociaux de New York avaient alors conclu, au moment d'une bataille judiciaire pour la garde des enfants d'Allen et Farrow, que les accusations d'agression sexuelle étaient "non concluantes".

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