€ffondrement : enfin ! (Jean Pierre Chevallier)



Une fois de plus, un rappel s’impose : l’euro, cette monnaie unique contre nature pour des pays indépendants et souverains qui ont des niveaux et des gains de productivité différents, est condamné à disparaitre.

La seule inconnue en est la date.


Depuis le mois de juillet 2007, de bons spéculateurs, c’est-à-dire des investisseurs qui voient juste et loin, ont commencé à s’en défier en se portant préférentiellement sur des bons de Trésors estimés plus ou moins fiables jouant le rôle d’ersatz de monnaies nationales suite à leur disparition, en particulier sur le Bund qui est la référence en la matière.

Les écarts relatifs des rendements de ces bons de Trésors (par rapport à ceux du Bund) correspondaient au pourcentage de dévaluation potentielle, cf. ce que j’en ai écrit à ce sujet.

En conséquence, les prix du Bund ont monté et inversement, ses rendements ont baissé, le tout anormalement, sur une tendance lourde et longue mais claire, devant atteindre le zéro absolu fin 2015
Document 1 :



ou fin mai 2015 si l’on se fie à la tendance commençant en janvier 2014,
Document 2 :



Dans les deux cas, le Bund (et l’euro-système !) a été sauvé des eaux, c’est-à-dire du zéro, grâce à l’intervention des Américains sous la houlette des gens de la Fed lors de déclarations avant la réunion du FOMC du 28 avril 2015, non pas par générosité mais parce que l’économie américaine (celle des Etats-Unis) n’était alors pas suffisamment forte pour supporter le choc d’un €ffondrement.

Les rendements du Bund ont été maintenus en survie au-dessus de la barre critique de 0,50 % pendant le reste de l’année 2015 mais lors de la réunion du FOMC du 16 décembre 2015, les gens de la Fed ont considéré que l’économie américaine (celle des Etats-Unis) était alors devenue suffisamment forte pour supporter le choc d’un €ffondrement et en conséquence, les rendements du Bund sont tombés sous cette barre critique de 0,50 % puis sous la suivante à 0,15 % depuis le… 1° avril (!). Sur cette tendance, le zéro devrait être atteint en mai,

Document 3 :


Les rendements des bons bons à 10 ans du Trésor helvète qui n’ont pas bénéficié de telles faveurs de la part des Américains sont tombés en territoire négatif depuis la mi-janvier 2015, rendant intenable l’arrimage du franc suisse à l’euro que la BNS a fait sauter 10 jours plus tard.

L’écart entre les rendements des bons à 10 ans et à 2 ans du Trésor teuton plonge depuis le début de cette année 2016

Document 4 :


… alors que ceux du Trésor des Etats-Unis s’est stabilisé en concordance avec une croissance contenue à cause de l’anticipation de l’€ffondrement,

Document 5 :


D’après ces données et mes analyses, un €ffondrement est très fortement probable à très court terme, en mai, ce qui est en concordance avec les conclusions de notre ami analyste technique Fred Rabeman qui se base surtout sur l’évolution de la parité euro / livre sterling qui a grimpé de plus de 10 points sur plusieurs semaines. Elle est au niveau précédant la crise de 2008.

Il s’attend donc à une crise bancaire quelque part dans le monde, en fait dans la zone euro du fait que les big banks too big to fail ne respectent pas les règles prudentielles d’endettement.

Fred Rabeman rappelle que depuis 25 ans, toute hausse importante de la parité €/£ est suivie d’une crise financière dans une partie du monde et que, si la parité euro / dollar australien dépasse 1,67 nous pourrons nous attendre à un fort dévissage des marchés d’actions.

Il relève par ailleurs que la parité €/US$ est beaucoup trop haute : elle est à un niveau plausible de retournement, ce qui fait que la crise en question pourrait se dénouer d’ici 4 semaines, ce qui est assez classique, le mois de mai étant généralement faible pour les actions.

Lorsque les conclusions de Fred Rabeman et les miennes concordent, il est extrêmement rare que nous nous trompions !

Par ailleurs, Fred Rabeman considère que ce sont les gestionnaires des trésoreries des entreprises qui achètent avec leurs disponibilités (le cash) du Bund (et d’autres bons de Trésors) parce qu’ils ne veulent pas les placer sur leurs comptes bancaires du fait qu’ils n’ont pas confiance dans les banques et dans l’euro (en cas d’€clatement, ils récupéreront des créances en Deutsche Mark et non pas de la monnaie de singe), ce qui accentue la baisse de ces rendements.

Cette interprétation explique les anomalies que l’on observe sur les données de l’agrégat monétaire M3-M2 (qui correspond globalement aux trésoreries des entreprises) qui se situe à un niveau anormalement bas (et le plongeon de cet agrégat après le krach éclair de la Grèce début mai 2010),

Document 6 :


M3-M2 représente 6 % du PIB annuel de la zone euro

Document 7 :

alors qu’il devrait se monter au moins au tiers du PIB en comparaison avec la situation qui prévalait aux Etats-Unis,

Document 8 :


Il y aurait donc près de 3 000 milliards d’euros qui seraient ainsi anormalement portés sur des bons de Trésors de la zone euro au lieu d’être utilisés plus judicieusement pour financer les besoins des entreprises, ce qui explique cette baisse historique hors normes de ces rendements.

€ffondrement, tsunami bancaire, krach… il est difficile de prédire les diverses manifestations possibles de ce qui va se passer mais le plus grand désordre à venir est certain.

Source : http://chevallier.biz

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