Les policiers du futur s'appellent Apple, Facebook, Google, ou Uber


Dans un stade de 80.000 personnes, on peut trouver 190 hommes qui battent leurs femmes, 85 fraudeurs fiscaux, 35 cambrioleurs et 5 islamistes radicalisés. Mais demain, ils pourront être quasiment instantanément identifiés, non pas avec des outils policiers, mais grâce aux bases de données biométriques et aux outils de géolocalisation des grandes firmes de l’internet, rapporte le magazine Capital.

Google et Facebook sont déjà à même de livrer des masses d’informations à d’autres sociétés pour répondre à leurs besoins marketing, grâce à des algorithmes qui permettent la reconnaissance faciale, décryptent nos emails et nos photos, et suivent tous nos déplacements. Facebook bat déjà la police nationale française, avec son logiciel de reconnaissance faciale, DeepFace. Depuis 2012, DeepFace a scanné 250 milliards de photos postées sur le réseau social, avec un taux de réussite de 97,25%, contre 85% pour les meilleurs outils du ministère de l’Intérieur français. (Le logiciel de reconnaissance de Google, FaceNet, aurait même obtenu un score de 99,96% dans un test réalisé avec 13.000 visages).

La coopération entre les géants de l'Internet et les forces de sécurité est déjà un fait, comme l’a prouvé l’affaire « Edward Snowden », et cette coopération ne pourra que s’intensifier dans l'avenir, écrit Capital. « Miné par la crise et les restrictions budgétaires, l'Etat est à bout de souffle. Plutôt que de s'épuiser à les chercher lui-même, il sera sans doute tenté, lui aussi, de leur acheter leurs informations », affirme Jean- Michel Ganascia, expert en intelligence artificielle et professeur à l'université Paris VI. Or, le suivi d’un seul suspect nécessite la mobilisation d’une vingtaine de policiers 24 heures sur 24. Google ou Apple peuvent faire la même chose en utilisant leurs logiciels de géolocalisation installés dans les smartphones qu’ils commercialisent, avec l’intervention d’une seule personne. Quant à Uber, il a la possibilité de retracer tous les mouvements d'un suspect au cours des six derniers mois. Et bien entendu, ces technologies se perfectionneront encore davantage pour fournir davantage de détails, avec une plus grande précision.

Cette collaboration existe déjà, même si elle est illégale, indique le magazine, qui rappelle que le chanteur français Jean-Luc Lahaye a récemment été accusé de corruption de mineure après avoir été dénoncé par Facebook. L’un des logiciels du réseau social traque en effet les tentatives de pédophiles d’entrer en contact avec des mineurs en analysant les messages et les échanges de photos sur sa plateforme. Facebook s’est ainsi équipé en 2012 pour répondre à une obligation légale américaine.
Ces pratiques sont encore illégales en théorie aujourd’hui, parce qu'elles nuisent à la vie privée. 

Ainsi, en France, l’article L241-1 du Code de la sécurité intérieure stipule que les correspondances émises par la voie des communications électroniques sont inviolables. Mais l'affaire Snowden nous a appris que la fin justifie les moyens, conclut le magazine. Ainsi, Jean-Luc Lahaye n’a guère été protégé par cet article.


Déjà en 2011, la police de la ville canadienne de Vancouver avait pu identifier des dizaines de suspects qui avaient mis la ville à sac après que l'équipe de hockey sur glace local des Canucks avait perdu lors de la finale de la Coupe Stanley. Le logiciel de reconnaissance permettait déjà alors de zoomer sur une foule composée de milliers de personnes, et de repérer les coupables. On peut donc déjà imaginer la précision que ces outils atteindront en 2025…

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