La curieuse disparition du propriétaire chinois de l'aéroport de Toulouse-Blagnac



La disparition de Mike Poon, le président de Symbiose, le nouveau propriétaire chinois de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, pourrait être liée à une affaire de corruption. 

L’histoire a tout d’un scénario de polar. La France est en train de découvrir la dimension occulte de certains milliardaires chinois. Explications.

Mike Poon, le nouveau propriétaire de l’aéroport de Toulouse-Blagnac est soupçonné de corruption en Chine et semble avoir disparu depuis le mois de mai. En avril dernier, l’Etat officialisait la vente de 49,9% de la société de gestion de l’aéroport de Toulouse-Blagnac à Symbiose, un consortium chinois. Montant de la cession : 308 millions d’euros. Jusqu'ici, une simple privatisation. Symbiose est un animal économique étrange composé de deux entités, Shandong Hi-Speed Group, un groupe public chinois et Friedmann Pacific Asset Management, un fonds d’investissement privé de Hong Kong. Ce dernier possède à son tour une filiale de location d’avions (China Aircraft Leasing Group) à la tête d’une flotte d’une cinquantaine d’avions avec 143 commandes d’Airbus. Son but était plus ou moins de faire de Toulouse un hub européen pour les touristes chinois volant en transit pour le reste de l’Europe. Il annonçait un objectif de 18 millions de passagers d’ici 2046 contre 7,5 millions en 2014.

Disparition soudaine

Mais à la mi-mai, Mike Poon disparait soudainement. Officiellement, il est en "congé annuel" depuis le 18 mai, ce qui est inhabituel pour le dirigeant d’une multinationale. La justice chinoise le soupçonne d’être impliqué dans une affaire de corruption par l’intermédiaire d’un de ses clients, China Southern Airlines, une compagnie aérienne publique installée notamment à Shandong. 

L’affaire est très vite remontée à Pékin car la China Southern Airlines est la plus grosse compagnie chinoise et la sixième compagnie du monde en nombre de passagers transportés et en taille de flotte.
Les autorités de la province de Shandong ont pris quelques mesures. Discrètement, le nom et la photo de Yan Shiyuan, le chef de bureau du gouverneur, a été retiré du site officiel de la province et remplacé par la photo de Madame Xu Culyun, ancienne maire de Dezhou. Officiellement, aucun lien entre les deux affaires. Mais la coïncidence est troublante.

Le gouverneur de la province et le secrétaire provincial du Parti communiste de Shandong (les deux personnes les plus importantes de la province) ne sont apparemment pas impliqués.

Une opération anti-corruption à travers tout le pays

Selon un observateur local, les cas de corruption sont très nombreux en Chine et il est légitime de s’interroger sur les raisons qui font qu’une affaire sort au grand jour quand d’autres sont ignorées. Les accusations de corruption pourraient être utilisées à des fins politiques. Apparemment, ce ne serait pas le cas pour Mike Poon.


Le cas sera sûrement évoqué par Li Keqiang, le premier ministre chinois, qui viendra inaugurer le colloque franco-chinois de Toulouse la semaine prochaine en compagnie de Manuel Valls

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