Pour la BBC, il ne faut pas qualifier de "terroristes" les tueurs de "Charlie Hebdo"


Le responsable du service arabophone de la BBC refuse que les journalistes de la radio utilisent le terme de "terrorisme" pour parler des tueurs de Charlie Hebdo. C'est un terme trop connoté politiquement, a-t-il expliqué hier à The Independent.

Non, les frères Kouachi ne sont pas des terroristes. Du moins pas aux yeux des journalistes du service arabophone de la BBC, le plus important service hors langue anglaise de la radio publique britannique, suivi chaque semaine par près de 36 millions d'auditeurs. Son responsable, Tarik Kafala, s'en est expliqué le 26 janvier dans une interview au quotidien The Independent : "Nous tentons d'éviter de décrire quelqu'un comme un terroriste, ou un geste comme étant terroriste."

La raison ? La notion de "terrorisme" est politiquement trop connotée, note Tarik Kafala, qui explique que sa chaîne évite d'employer le terme "terroriste". Dans le cas des attentats de Paris, on a immédiatement entendu parler d'"attaques terroristes" et du déploiement de la "police anti-terroriste" dans les rues de la capitale française. "Clairement, tous les officiels et les commentateurs utilisent ce mot pour qu'il soit repris par tous les médias", ajoute le journaliste. 

Aucune définition internationale claire

D'une manière générale, la BBC a des règles éditoriales spécifiques concernant le terme "terrorisme", rappelle The Independent. Sans interdire l'utilisation de ce terme, la chaîne demande à ses journalistes d'être "très attentifs" lorsqu'ils évoquent des actes considérés comme des actes de terreur, expliquant qu'il y a des termes plus précis pour les expliquer que le mot "terrorisme". En anglais, le mot "terroriste" n'a pas non plus été utilisé par la BBC pour désigner les frères Kouachi.   


Même s'il est sans doute l'un des plus utilisés aujourd'hui dans le monde, le terme "terrorisme" ne fait l'objet d'aucune définition internationale claire, rappelle enfin Tarik Kafala : "Les Nations unies ont tenté pendant une décennie de définir ce mot, sans y parvenir. C'est très délicat. Nous savons ce qu'est la violence politique, nous savons ce que sont les meurtres, les attentats et les fusillades et nous pouvons les décrire. Et cela explique bien plus de choses, à nos yeux, qu'utiliser le mot 'terrorisme'."

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