Vol MH17 : doutes à la CIA…


Mardi 29 juillet, un groupe d’anciens responsables du renseignement américain a décidé de publier un mémorandum [adressé à Barack Obama, NDLR] questionnant la désinformation systématique à laquelle procède le gouvernement des États-Unis sur la catastrophe du vol MH17 de la Malaysia Airlines.

On trouve parmi les signataires des anciens responsables de la CIA, du FBI et du Département d’État. J’en ai connu deux dans les années 1990 et je puis témoigner de leur sérieux et de leur engagement au service de leur pays.

Cette initiative est extrêmement importante, alors que le gouvernement américain mais aussi ceux des pays de l’Union européenne font tout pour faire monter la tension. Elle prouve que des doutes sérieux et justifiés existent aux yeux de ces anciens responsables. Ces personnes soulignent l’extrême importance de maintenir une forte crédibilité pour le bien d’une diplomatie ouverte. Ils ajoutent :

« Nous recevons des informations de certains de nos anciens collègues selon lesquelles ce que le secrétaire d’Etat Kerry colporte ne cadre pas avec le renseignement réel. C’était déjà le cas en août dernier (2013), quand Kerry a créé un nouveau support de décision, qu’il a appelé une “évaluation du gouvernement” (et non du renseignement), qui accusait sans aucune preuve Bachar al-Assad des attaques chimiques près de Damas, cela quand les analystes du renseignement ont refusé de le suivre et se sont pincé le nez [1]. »

Ceci tend à démontrer que l’administration Obama n’en est pas à ses débuts sur cette question.
Ils ajoutent alors :

« Le 17 juillet, vous vous êtes joint aux dirigeants allemand, français et russe pour appeler à un cessez-le-feu. Des observateurs bien informés croient qu’il est en votre pouvoir d’obtenir l’accord des dirigeants ukrainiens. Plus longtemps Kiev continuera son offensive contre les séparatistes dans l’est de l’Ukraine, plus de telles déclarations des États-Unis apparaîtront comme hypocrites.

Nous réitérons nos recommandations du 4 mai, à savoir que vous détruisiez les germes de cette confrontation en désavouant publiquement toute demande d’incorporation de l’Ukraine dans l’OTAN, et que vous rendiez clair que vous êtes prêt à rencontrer personnellement le président Poutine, sans délai, afin de discuter des moyens de désamorcer la crise et de reconnaître les intérêts légitimes des différentes parties. La suggestion d’un sommet avancé a reçu un extraordinaire écho dans les médias russes sous contrôle et indépendants. Pas autant dans les médias “mainstream” aux États-Unis. Nous n’avons pas non plus reçu de réponse de votre part [2]. »

Nous conseillons donc à tous les journalistes et à tous ceux qui n’hésitent pas à jouer les va-t-en guerre sur la question de l’Ukraine de prendre note de ce mémorandum et de le lire avec la plus grande attention.

Notes
[1] Traduction E&R. Texte original : « We are hearing indirectly from some of our former colleagues that what Secretary Kerry is peddling does not square with the real intelligence. Such was the case late last August (2013), when Kerry created a unique vehicle he called a “Government (not Intelligence) Assessment” blaming, with no verifiable evidence, Bashar al-Assad for the chemical attacks near Damascus, as honest intelligence analysts refused to go along and, instead, held their noses. »
[2] Traduction E&R. Texte original : « On July 17, you joined the top leaders of Germany, France, and Russia in calling for a ceasefire. Most informed observers believe you have it in your power to get Ukrainian leaders to agree. The longer Kiev continues its offensive against separatists in eastern Ukraine, the more such U.S. statements appear hypocritical.

We reiterate our recommendations of May 4, that you remove the seeds of this confrontation by publicly disavowing any wish to incorporate Ukraine into NATO and that you make it clear that you are prepared to meet personally with Russian President Putin without delay to discuss ways to defuse the crisis and recognize the legitimate interests of the various parties. The suggestion of an early summit got extraordinary resonance in controlled and independent Russian media. Not so in “mainstream” media in the U.S. Nor did we hear back from you. »

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