Scandale : Jérôme Kerviel révèle que la Société Générale aurait effectué des gains records grâce au 11 Septembre


Tabou. En 2009, l'ex-trader aujourd'hui incarcéré avait dévoilé une étrange information qui demeure ignorée par la presse traditionnelle. Décryptage.

« Les meilleures affaires de l’histoire de la Société Générale ont été réalisées le 11 septembre 2001. 

C’est ce que m’a dit l’un de mes managers. 

Il semble que, ce jour-là, les profits réalisés aient été colossaux ». 


Ce propos énigmatique a été formulé en 2009 par Jérôme Kerviel. En off, l’ancien trader de la Société générale avait ainsi fait savoir à Elisabeth Fleury, journaliste au Parisien, que son ancienne banque aurait effectué un gain record sur le marché boursier grâce aux retombées d'un acte terroriste. 


Le contexte: sept jours après les évènements survenus à New York et au Pentagone, les observateurs de la vie financière avaient constaté que des mystérieux spéculateurs avaient réalisé, à travers le monde, d’importants profits en ayant misé, fin août-début septembre, sur les actions des compagnies qui seraient impactées par les attentats. Il s’agissait là du premier indice de l’accomplissement d’un vaste délit d’initiés réalisé à l’échelle mondiale et notamment sur plusieurs places boursières spécifiques: Chicago, Londres, Francfort, Milan, Tokyo, Singapoure et Paris. 

En France, Laurent Fabius, alors ministre des Finances du gouvernement Jospin, avait suggéré un lien entre ces mouvements financiers et les terroristes : « Il n'est pas du tout impossible que les commanditaires des attentats du 11-Septembre soient les auteurs de cette spéculation ». 

« Nos systèmes informatiques ont repéré une certaine liste d'anomalies sur laquelle nous travaillons d'arrache-pied, compte tenu de la coïncidence avec les attentats », avait déclaré sur RMC le directeur général de la Commission des opérations boursières (COB), Gérard Rameix. 

Un proche du dossier, interrogé par la journaliste Martine Orange du Monde, reconnaissait, à l’instar de nombreux experts des transactions boursières, sa stupéfaction: « On ne peut s'empêcher d'être frappé par l'importance des volumes échangés et les secteurs choisis ». 

Quelques jours plus tard, changement de discours: la plupart des autorités occidentales indiquèrent laconiquement que les enquêtes menées n’avaient pas abouti à établir un lien entre ces spéculateurs avisés et Al-Qaïda, le groupe auquel fut rapidement imputé la responsabilité du 11-Septembre. En un mot: ce fut l’enterrement manu militari d’une affaire pouvant conduire à identifier les hommes et les femmes -vivant parmi nous et non dans les grottes de Tora Bora- qui disposaient antérieurement d'informations détaillées sur les attentats et qui ont choisi d’en tirer profit. 

En 2010, débutant une enquête en ligne sur ce sujet visiblement complexe et sensible, j’avais voulu en savoir plus auprès de Jérôme Kerviel. Qui était ce manager? Quelle était sa source d’information pour réaliser de tels profits? Et pour quel montant? 

J’avais contacté Olivier Metzner, alors en charge de la défense judiciaire de Jérôme Kerviel. Après plusieurs échanges par téléphone, l’avocat -aujourd’hui décédé après s’être donné la mort- m’avait finalement indiqué que son client ne souhaitait faire aucun commentaire sur son propos tant que son procès houleux avec la Société générale ne serait pas complètement terminé. 

Aujourd’hui, Jérôme Kerviel a été incarcéré à la maison d’arrêt de Nice et doit encore purger une peine de trois ans de prison. S’il reconnaît sa culpabilité, l’homme se plaint que l’enquête judiciaire à son endroit ait subi de nombreuses pressions occultes exercées par la Société générale. 

En dira-t-il plus, maintenant qu’il est en prison, sur sa déclaration relative aux profits récoltés le 11 septembre 2001 par une prestigieuse institution financière qui l’embaucha en août 2000? En temps normal, un tel propos aurait suscité l’intérêt journalistique: quelques semaines après les attentats, de nombreux médias, en France comme à l’étranger, s’étaient intéressés au profil des spéculateurs avant de déclarer forfait face à l’opacité des autorités boursières. Or, dans le cas présent, l’information de Kerviel -selon laquelle sa banque avait largement bénéficié des transactions opérées en son sein et en amont du 11-Septembre- n’a provoqué aucune enquête chez Mediapart et consorts. 


Commentaires

  1. Anonyme20.5.14

    lamentable, triste, consternant dans quel monde évoluons nous ?

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