Frais de bouche : juste avant le remaniement, le ministère de l'Économie a dépensé 754 500 euros en boucherie, charcuterie, fromages, etc.


On a d'abord cru à une blague. Mais non. Selon Le Canard enchaîné, l'administration de Bercy a lancé un appel d'offres pour couvrir les frais de bouche des sept ministres de Bercy et de leurs cabinets pendant une année sous la douce appellation de "Fourniture et livraison de denrées alimentaires pour les services d'intendance de l'hôtel des ministres et du cercle des directeurs des ministères économiques et financiers". Rien d'anormal, il faut bien nourrir les cabinets et les ministres.


Sauf que cet avis a été publié au "Bulletin officiel des annonces des marchés publics" le 28 mars. C'est-à-dire entre les deux tours des municipales, juste avant le remaniement et la nomination d'un gouvernement "resserré". Or, depuis, Bercy a fondu : de quatre ministres de plein exercice (avec des cabinets pléthoriques) et trois ministres délégués, le ministère de l'Économie est passé à seulement deux ministres et trois secrétaires d'Etat. Bercy compte donc deux membres du gouvernement en moins et des cabinets ministériels plus réduits (puisqu'un ministre de plein exercice dispose de davantage de conseillers qu'un secrétariat d'État).

La liste des courses


Trop tard pour réduire la facture du ravitaillement ? L'hebdomadaire ne précise pas si cet appel d'offres de 754 500 euros peut être remis en cause. En tout cas, la liste des courses fournie par Le Canard donne le tournis : "La boucherie au sommet de l'État (viande bovine, ovine, porcine, veau et produits tripiers), c'est 95 000 euros ; la volaille, 24 000 euros ; la charcuterie, 14 500 euros ; les fromages et crémeries, 43 000 euros ; la boulangerie, 19 000 euros". Mieux : "pour les produits de la mer, le ministère évalue les besoins de ses patrons pour leurs réceptions à 152 000 euros pour un an". Pour les fruits et légumes, la facture est de 156 000 euros. Quant aux produits frais et surgelés, c'est 143 000 euros. En revanche, pour les "mignardises, les macarons, chocolats fins et pièces salées apéritives", il faudra se serrer la ceinture : la facture n'est "que" de 14 000 euros.

Reste une question : alors que la presse évoquait depuis des semaines un futur remaniement, pourquoi l'administration de Bercy n'a-t-elle pas attendu ce fameux remaniement afin de connaître le nombre exact de ministres et de conseillers pour faire ses courses ? Mystère. Conclusion du Canard : "Les caisses de l'État sont vides, mais les frigos sont pleins".


Source : http://www.politique.net     Le Canard enchaîné n°4876, 09.04.2014

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