Vision artificielle : un œil bionique remboursé par la Sécurité Sociale


L'implant biomédical Argus II offre un nouvel espoir aux personnes atteintes de certaines formes de dégénérescence rétinienne

L'implant biomédical Argus II s'adresse aux personnes atteintes de certaines formes de dégénérescence rétinienne.

Déjà autorisée à la vente sur le marché européen depuis 2011, la prothèse rétinienne Argus II commercialisée par la société californienne Second Sight vient d'obtenir le Forfait Innovation délivré par le Ministère des Affaires Sociales et de la Santé. Cette implant biomédical vise à restaurer partiellement la vision des personnes atteintes de certaines formes de dégénérescence rétinienne. Grâce à ce label, le dispositif pourra être remboursé par la Sécurité Sociale.

CÉCITÉ. "Cela fait plus de cinq ans que nous avons été impliqués dans le processus de développement de ce produit. Cette nouvelle est très importante pour nous et pour les patients français dont la cécité trouve son origine dans des pathologies rétiniennes", indique le Professeur José-Alain Sahel, Professeur en ophtalmologie à l’Université Pierre et Marie Curie de Paris, Chef de Service Ophtalmologie à l’Hôpital des Quinze-Vingts de Paris et Directeur de l’Institut de la Vision. "Ces patients se retrouvent dans une situation difficile car il n’existe aucun traitement pour améliorer leur état."

Fonctionnement de la prothèse Argus II.



DÉGÉNÉRESCENCE

La prothèse s'adresse à des patients ayant perdu la vue suite à une maladie dégénérative de la rétine, comme la rétinite pigmentaire (RP), qui endommage gravement les photorécepteurs de l'œil. Principale cause de cécité héréditaire dans les pays développés,  la RP touche une personne sur 4000. Elle se caractérise par la dégénérescence des cellules rétiniennes (cônes et bâtonnets) chargées de convertir la lumière en impulsions électrochimiques envoyées par le nerf optique au cerveau puis décodées en images. Les premiers stades de la maladie se caractérisent par une perte de vision nocturne puis le rétrécissement du champ de vision. Avec le développement de la pathologie, les patients peuvent perdre complètement la vue. 


Schéma de l'œil.

TECHNOLOGIE. Pour suppléer aux cellules rétiniennes déficientes, l'Argus II utilise des lunettes qui vont capter les images grâce à une caméra vidéo miniature logée dans les lunettes du patient. La vidéo est envoyée à un petit ordinateur porté par le patient qui la traite et la transmet à l'implant par le biais d'une connexion sans  fil.

Les signaux sont ensuite envoyés à un faisceau d'électrodes qui émet de petites impulsions électriques. Ces impulsions contournent les photorécepteurs endommagés et stimulent les cellules restantes de la rétine. Transmises le long du nerf optique, ces informations créent la perception de formes lumineuses que le patient doit ensuite apprendre à réinterpréter. Selon une étude publiée dans le British Journal of Ophtalmology, la plupart des patients aveugles utilisant l’Argus II parviennent à identifier les lettres et les mots grâce à l’implant rétinien.

Détail du dispositif Argus II.

La France rejoint ainsi les autres pays européens qui financent le dispositif Argus II. Au Royaume-Uni, le service de sécurité sociale examine l’hypothèse d’un remboursement. Après avoir lancé son dispositif sur le marché en 2011, Second Sight a annoncé en janvier 2014 la première implantation chez un patient américain suite à l’autorisation accordée par la FDA (2013).



Vidéo d'une opération chirurgicale visant à implanter la prothèse dans l'œil d'un patient. Attention, certaines images peuvent choquer.

Source : sciencesetavenir.fr

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