MANUEL VALLS : A Evry, les habitants paient encore la gestion de Manuel Valls


Folles dépenses, dette record, pratiques clientélistes… Mais qu’a donc fait Valls dans sa ville ?

Dès qu’il s’agit de faire le beau sur ses terres d’Evry, Manuel Valls ne ménage pas les balais-brosses. En mai 2012, il a fait repeindre à la va-vite des murs du quartier de Bois sauvage. «La veille au soir, des équipes étaient encore en train d’effacer des tags», se souvient une habitante. Il ne s’agissait pas de laisser les caméras donner une mauvaise image de la commune d’un futur président de la République…



Valls Premier ministre : "Cet homme est... par lemondefr




Sacré Manuel Valls ! Depuis qu’il a été parachuté dans cette ville nouvelle de l’Essonne il y a douze ans, celui qui était alors simple chargé de presse au cabinet de Lionel Jospin à Matignon est devenu un vrai professionnel de la politique. Non seulement il a appris à policer son langage et à choisir ses cravates pendant ses dix années de mandat, mais il a réussi à faire d’Evry une ville tremplin pour servir ses desseins. «Quand il est arrivé ici, il ne cachait pas son ambition de s’asseoir un jour dans le fauteuil de l’Elysée», confie un ancien de la mairie. Et il voulait faire de sa cité un laboratoire vivant, témoignant de sa gestion dynamique, moderne et rigoureuse.


Une décennie plus tard, un simple coup d’œil aux finances municipales donne une idée de son bilan : les caisses d’Evry sont vides. «J’ai rarement vu ça, ils n’ont même pas de quoi payer leur dette, s’étonne Claude Jaillet, expert en finances locales. Du coup, ils sont obligés d’emprunter pour rembourser les échéances.» Ce n’est pourtant pas faute d’avoir fait… valser les impôts. 

Entre 2001 et 2012, la pression fiscale sur les ménages de la commune a explosé de 45,7%. Grâce à quoi la facture moyenne des foyers imposables, qui frôle aujourd’hui les 2 100 euros annuels, est l’une des plus élevées de France pour une ville de cette importance. En dépit de ces coups de massue, la municipalité n’a pas réussi à boucler ses budgets, et il lui a fallu emprunter à tour de bras. Depuis 2007, son ardoise s’est envolée de 40%, presque autant que celle de l’Etat.Il faut dire que l’ancien maire (Manuel Valls a cédé son fauteuil en 2012, lorsqu’il est devenu ministre) n’avait pas des oursins dans les poches. 

Pendant ses deux mandats, il a flambé les deniers publics avec une grande constance. Dans une ville de 50 000 habitants comme Evry, par exemple, seul le directeur général des services est censé disposer d’une voiture de fonction. Or la Cour des comptes notait, dès 2006, que la commune en mettait 26 à disposition de ses agents, sans compter les 45 véhicules «de service».

Même prodigalité pour les frais de communication, qui ont bondi de 852,6% entre 2001 et 2003, et ne semblent pas avoir diminué depuis. Pour 2012, le compte administratif donne le détail d’environ 800,000  euros pour ce poste (dont 110 000 dédiés à la seule édition de catalogues, d’imprimés et autres publications). Mais il ne fournit pas la moindre précision sur la ligne «divers» située juste au-dessous, dont la dépense est pourtant énorme (400 000 euros). «Vu l’intitulé, ce sont sans doute aussi des frais de communication, mais ils ont essayé de noyer le poisson pour éviter les questions », assure Claude Jaillet. D’ailleurs, le département communication de la ville, qui n’existait quasiment pas à l’arrivée de Valls, occupe désormais un étage entier d’une des ailes de la mairie.

C’est comme ça dans beaucoup d’autres services, et cela n’a rien d’étonnant. Bien qu’une partie des compétences de la municipalité ait été progressivement transférée à la communauté d’agglomération – que Manuel Valls a lui-même dirigée entre 2008 et 2012 – les effectifs n’y ont en effet pas baissé. Certes, Evry n’est pas la seule commune dans ce cas. Mais elle a la particularité d’avoir recruté des chargés de mission à la pelle au profit du cabinet du maire. «Il y en a eu 49», confie un proche de l’ancien cercle. En observant que, pour essayer de masquer ce déferlement de conseillers, Manuel Valls a longtemps eu recours à une petite astuce : «Au sein de l’organigramme, il faisait passer des chargés de mission pour des standardistes.»

Pas étonnant que les dépenses en personnel du chef-lieu de l’Essonne crèvent le plafond ! L’an dernier, elles ont représenté 791 euros par habitant, 50 de plus que la moyenne pour ce type de ville. Et ce, bien que les «achats et charges externes», autrement dit le recours à des prestataires extérieurs, soient demeurés exorbitants (416 euros par habitant, soit 55% de plus que la moyenne). Plutôt que de donner des leçons de gestion, comme il l’a fait pendant les primaires socialistes, le ministre de l’Intérieur ferait peut-être bien d’en prendre…

D’autant que les gaspillages touchent aussi les investissements de sa cité. Manuel Valls, qui préconise aujourd’hui une mutualisation des services de l’administration, s’est en effet montré incapable de s’entendre avec son homologue de Corbeil-Essonnes – le député avionneur Serge Dassault – pour rationaliser et gérer en commun l’épuration de l’eau. Il a donc dû engager seul de lourds investissements pour sa centrale de traitement des eaux usées. Selon la Cour des comptes, ce chacun pour soi aurait coûté 10 millions d’euros aux contribuables, sans compter le 1,1 million de frais de fonctionnement supplémentaire chaque année. «Aucun intervenant n’a été en mesure de faire prévaloir l’intérêt général», ­dénoncent les magistrats.

Mais la gestion de «Manuel» n’est pas seulement désastreuse, elle est aussi clientéliste. «Il récompense beaucoup les gens en leur offrant des postes», reconnaît l’un de ses proches. Et le recrutement des «fils de» va bon train dans la municipalité. 

Ainsi Florence Bellamy, la directrice de Dynamique Emploi – la structure qui gère la politique de l’emploi local et qui a longtemps été chapeautée par le prétendant à l’Elysée – a-t-elle discrètement recruté son rejeton en ­début d’année parce que, dit-elle, «on avait besoin de quelqu’un comme lui». L’affaire ayant été ébruitée, Francis Chouat, bras droit du ministre et actuel maire d’Evry, lui a toutefois demandé de le faire ­partir. Question népotisme, ce dernier n’est pourtant pas lui-même blanc-bleu : son propre fils officie actuellement dans une filiale de la Semardel, le principal groupe de traitement des déchets de l’Essonne… qu’il préside depuis le 1er février 2012.

Si encore ce socialiste moderne, qui assure «parler autrement aux chefs d’entreprise», avait réussi à développer le tissu économique de sa ville. Mais ses résultats sont plutôt maigres. «Il nous avait promis un plan de développement stratégique avec des moyens pour booster la ville, mais on l’attend toujours», regrette Joseph Nouvellon, un élu UMP d’Evry. De fait, le ministre n’a réussi à attirer dans sa ville aucune nouvelle société d’importance. La crise ne l’a pas aidé, bien sûr. 

Mais les cités voisines de Corbeil-­Essonnes et de Mennecy ont, elles, réussi à développer des zones d’activité. Pire : plusieurs gros employeurs ont récemment fait leurs valises, comme le Centre national d’études spatiales (Cnes) en 2012, et surtout le siège de Carrefour et ses 2 300 employés. Manuel Valls a eu beau marchander en proposant des bureaux plus étendus avec un loyer 30% moins cher, le géant de la distribution a regroupé tous ses sites à Massy, mieux desservi par les transports. «Finalement, Valls a surtout fonctionnarisé sa ville», sourit le maire d’une commune voisine. Un «réformateur moderne», le chouchou de l’opinion ?

Des voyages à Dakar aux frais du contribuable

Officiellement, l’association CDANE, qui finance des projets de coopération de l’agglomération d’Evry Centre ­Essonne avec le Mali et le Sénégal, n’a envoyé personne à ­Dakar cette année. «Il y a bien eu un voyage avec six ou sept personnes de la mairie, mais c’était en 2012 pour une session de formation des fonctionnaires locaux», assure Jean Hartz, l’élu chargé du dossier. Cinq ou six autres séjours sont déjà programmés d’ici la fin 2014 par la CDANE, qui dispose d’un budget annuel de 500 000 euros d’argent public.

Il faut croire que Jean Hartz a des trous de mémoire car, comme l’atteste cette facture d’un grand hôtel de Dakar, un déplacement a aussi été organisé en avril dernier. «Il y avait neuf personnes de la ville», confirme Ibrahima Diawadoh, chargé de mission à la mairie et conseiller «intégration» de Manuel Valls. Détail troublant : bien que son nom figure sur la facture, ce Mauritanien d’origine n’a rien à voir avec la CDANE. «Comme j’y suis allé une semaine avant pour préparer le voyage, c’était plus simple pour la facture», se justifie-t‑il. Les contribuables d’Evry seront sans doute ravis d’apprendre que leurs impôts servent à financer ce genre de petites virées. Et la formation des agents publics maliens.

Source : capital.fr
Manuel Valls accusé de conflit d’intérêts par Mediapart

Selon le site d’informations, le ministre de l’Intérieur aurait attribué, en avril 2011, un marché public de l’agglomération d’Évry à une urbaniste qui n’est autre que son ex-compagne.
Enquête

Mediapart accuse Manuel Valls de conflit d'intérêts

Voilà une information qui, à l’époque, n’avait pas été relevée. Et pourtant, elle aurait dû. En effet, Mediapart révèle que Manuel Valls, maire d'Évry à l'époque, a attribué, en avril 2011, un marché public de l'agglomération d'Évry à... son ex-compagne Sybil Cosnard. "En avril 2011, le député et maire d’Évry a attribué, en sa qualité de président de la communauté d’agglomération Évry Centre Essonne (CAECE), le marché "d’élaboration du projet de territoire" à son ex-compagne, Sybil Cosnard, urbaniste et ancienne directrice générale de l’urbanisme de la ville d’Évry", peut-on ainsi lire sur le site d’informations.

A cette même période, Sybil Cosnard a bel et bien créé (quelques mois plus tôt seulement), une société unipersonnelle, City Linked, pour répondre à l’appel d’offres lancé 2010. Pour cela, elle s’était associée avec l'architecte Roland Castro. Troublant. Mais pourquoi cette histoire ne ressort qu’aujourd’hui ? Tout simplement car l’un des candidats non retenus, à savoir Michel Cantal-Dupart, s'étonne désormais de certaines modalités de l’appel d’offres.

En effet, toujours selon Mediapart, huit jours après la commission, le 13 avril 2011, l’agglomération d’Évry Centre Essonne informe Michel Cantal-Dupart qu’il n’est arrivé que troisième. Ce qui le surprend le plus c’est qu’il n'y a pas d'entretien pour exposer les arguments des trois premiers candidats. "Normalement, nous aurions dû être dans une short list et être reçus pour exposer ce que l’on avait envie de faire. Ce n’est pas normal. Cela voulait dire que c’était ciblé, et qu’ils avaient déjà quelqu’un en tête", explique Michel Cantal-Dupart à Mediapart.

Mais le plus curieux et qui interpelle quelque peu Michel Cantal-Dupart c’est la différence de prix qui existe entre les deux projets. Celui de l’ex-compagne de Manuel Valls par le biais de la société City Linked est estimé à 450 300 euros alors que lui facturait le sien 243 700 euros. "Je ne suis pas pour le moins-disant systématique, mais 200 000 euros de plus ça se discute", note l'architecte non retenu. Etrange. D’autant plus que selon Mediapart, le compte-rendu de la commission signale que "l'offre économiquement la plus avantageuse" a été choisie, suivant un critère de pondération prenant en compte la "valeur technique".

Face à ces accusations de conflit d’intérêts, Manuel Valls et Sybil Cosnard démentent. "Il n’y avait pas de conflit d’intérêts à partir du moment où l’on est entré dans un système d’appel d’offres public, a répondu Mme Cosnard à Mediapart. De son côté le ministre de l’Intérieur répond qu'il n'a "jamais présidé aucune commission d’appel d’offres". Et d’ajouter : "Le fait de connaître tel ou tel dirigeant, de l’une ou l’autre de ces sociétés, ne peut être constitutif d’un délit de prise illégale d’intérêts".

Source : atlantico.fr


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