Le cours du baril de pétrole pourrait baisser de 30% sur les 5 prochaines années




La Russie utilise ses vastes réserves de pétrole et de gaz pour maintenir sa domination mondiale et en jouer. Certains ont suggéré que les Etats-Unis augmentent leurs exportations de pétrole et de gaz pour saper cette domination. Mais quelques analystes affirment que c’est inutile, parce que les tendances du marché posent déjà une menace pour les ambitions du président russe Vladimir Poutine. Actuellement, le cours du Brent a atteint 108 dollars le baril, en raison du risque perçu sur les exportations de pétrole russes.

La Russie assure une part importante des exportations mondiales. En février, le pays a pompé 10,5 millions de barils par jour, dont environ 7 millions d'unités ont été exportées sous forme de brut.
Mais un article du magazine financier Barron, intitulé « Voici le pétrole à 75 dollars », a prédit que le cours du pétrole devrait bientôt chuter à 75 dollars. Le magazine impute cette baisse de cours à l’entrée sur le marché d’une nouvelle offre en provenance des États-Unis, de l’Irak et d’autres pays, qui se combinera à une baisse de la demande, une meilleure efficacité énergétique, et l’entrée en scène de carburants de substitution. En conséquence, les cours du pétrole devraient s’effondrer de près de 30% sur les cinq prochaines années, affirme-t-il.

Si cela se vérifie, cela signifie qu’un grand nombre de pays producteurs de pétrole sont menacés, à commencer par la Russie. Les exportations de pétrole et de gaz comptent pour la moitié des revenus de l’Etat russe, et les trois quarts des exportations du pays. Selon des estimations, la Russie doit vendre son pétrole au cours de 107 dollars le baril pour assurer l’équilibre budgétaire de l’Etat russe. Les prévisions de Barron suscitent un questionnement. Sommes-nous entrés dans une ère d’abondance énergétique et de pétrole moins cher ? Pour beaucoup, il ne s’agit que d'un phénomène temporaire auquel succédera une période de hausses continues des cours.

Le consultant Bernstein Research a constaté que les investisseurs qu’il suit supposent que les prix du pétrole vont demeurer relativement stables au cours des trois prochaines années. Au début du mois de mars, John Watson, le CEO de Chevron, a indiqué que sa firme prévoyait un cours moyen sur le long terme d'environ 110 dollars. Derrière cette prévision, on trouve le raisonnement selon lequel les cours du pétrole obéissent à un cycle : la chute des cours du pétrole va forcer les producteurs à réduire leur offre pour tenter d’enrayer cette baisse des prix, ce qui conduira à une hausse des cours du pétrole.

Cependant, pour de plus en plus d’experts, quelque chose a changé, et ils s’attendent à des cours beaucoup plus bas pour l’avenir. Ed Morse, un analyste de Citigroup, est de ceux-ci. Il croit qu’en cas de baisse des cours, un certain nombre d'entreprises d'Etat, dont la motivation principale n’est pas forcément la recherche de profit, continueront de produire, même si cela précipite les cours du pétrole à un niveau encore plus bas. Il s’attend à ce que les cours de l’énergie restent durablement bas sur les 50 prochaines années. Neil Atkinson, un analyste de Lloyd’s List Intelligence, affirme que les fondamentaux pointent déjà vers une baisse des cours, compte tenu que la demande de pétrole cette année va augmenter moins rapidement que la production.

Ces analystes s’appuient aussi sur le phénomène de la production du pétrole de schiste aux États-Unis. Dans l'Oklahoma, le Dakota du Nord, et au sud du Texas, pas moins de 1.487 puits de pétrole sont actifs. Au cours de la seconde quinzaine du mois de février, les États-Unis ont produit 8,2 millions de barils par jour, un record en 26 ans.
Enfin, le mois dernier, l’Irak a produit environ 3,6 millions de barils par jour, atteignant ainsi son plus haut niveau de production depuis 35 ans. Et au cours de la prochaine décennie, le Mexique pourrait aussi augmenter drastiquement ses capacités de production.

Source : express.be

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