Une prise de sang pour prédire la mort, possible ?


Une équipe de chercheurs a découvert un lien entre le profil moléculaire et le taux de mortalité. Explications.

 Une analyse sanguine peut révéler beaucoup sur notre état de santé mais les chercheurs de cette étude ont établi un lien entre la présence de certains biomarqueurs et... la durée de vie restante.


Qu’est-ce qu'un biomarqueur ? 

Selon une définition reconnue, un biomarqueur est “une caractéristique biologique mesurée de façon objective et évaluée comme un indicateur soit de processus biologiques normaux ou pathologiques, soit de réponses pharmacologiques résultant d’une intervention thérapeutique” (source: NIH). Autrement dit, un biomarqueur est un paramètre physiologique, biochimique ou moléculaire qui peut être détecté dans un tissu ou un fluide biologique (sang, urine...) et qui peut aider au diagnostic d’une pathologie.

Certains biomarqueurs d’inflammation et d’hyperglycémie sont déjà identifiés aujourd’hui comme étant associés à des cancers, des maladies respiratoires, des infections ou des maladies cardio-vasculaires (le taux de cholestérol permet, par exemple, de prédire le risque d'avoir une maladie cardiovasculaire). Dans cette étude les chercheurs ont tenté d’identifier plusieurs biomarqueurs qui pourraient prédire une mort à court terme.

Le sang a été analysé par spectrométrie de masse
Le sang d’un groupe de 9842 personnes âgées entre 18 et 103 ans a été analysé. Parmi ces individus qui ont tous été suivis pendant 5 ans, 508 sont décédés. L'objectif était d'identifier précisément les molécules présentes dans ces échantillons de sang et par des méthodes statistiques d'établir des liens entre ces profils moléculaires et les décès. La même analyse a été faite sur les personnes restées en vie. 


Ce type de graphique s'obtient pour des études sur des populations à grande échelle. On observe ici les liens entre l'âge et les paramètres concernant les biomarqueurs chez les hommes et les femmes. Les individus décédés au cours des 5 ans sont figurés par les points rouges et les autres par les cercles gris.
4 biomarqueurs pourraient prédire une mort prochaine...

Les candidats-biomarqueurs étaient au nombre de 106. Leur présence dans les échantillons sanguins a été mesurée grâce à une spectroscopie par résonance magnétique nucléaire qui permet de quantifier avec précision les molécules contenues dans le sang. Ces candidats-biomarqueurs incluaient des lipides, des protéines et des métabolites à faible poids moléculaire comme les acides aminés.

Sur les 106 candidats, 4 biomarqueurs ont été identifiés comme prédictifs d’une mort à court terme toute cause confondue : l’alpha-1-glycoprotéine acide, le citrate, l’albumine, le VLDL (very low density lipoprotein).

Après un travail statistique, ces quatre biomarqueurs ont été associés à un fort taux prédictif du risque de mortalité toutes causes confondues (cardiovasculaire, non cardiovasculaire et cancer). Ces résultats ont été reproduits et confirmés sur une autre cohorte de la même étude.

Des stratégies de prévention ciblées

Les implications cliniques de ces résultats ne sont pas encore très claires mais ce type d’étude démontre l’utilité d'établir des profils moléculaires à grande échelle pour la découverte de nouveaux biomarqueurs impliqués dans certaines pathologies. 


Le test qui nous dira, après une simple prise de sang, si nous risquons de mourir dans les 5 ans n’est pas encore d’actualité. Rappelons que ces résultats ne sont produits qu’après des analyses statistiques poussées sur des populations de grande taille. D’autres études sont encore nécessaires pour clarifier le rôle de ces biomarqueurs circulants, l’objectif étant de mettre en place des stratégies de prévention ciblées à partir de l’identité moléculaire et ceci à l’échelle individuelle.

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