Procureur général de Paris : "scandale d'Etat" ou entretien classique ?


La Chancellerie se défend d'avoir exigé la mutation de François Falletti © Maxppp
Y a-t-il eu ingérence de l'exécutif sur le judiciaire ? En d'autres termes, le ministère de la Justice a-t-il voulu la peau du procureur général de Paris, François Falletti, parce que nommé sous Sarkozy ? L'UMP parle de "scandale d'Etat", la Chancellerie s'en défend. Pour elle, l'entretien auquel le procureur a été convoqué était "tout à fait classique" : touché par la limite d'âge, il lui a été proposé un poste plus honorifique.
C'est le Canard enchaîné qui a mis le feu aux poudres. Dans sa livraison du jour, l'hebdomadaire révélait que la Chancellerie avait demandé au procureur général de Paris, François Falletti, d'accepter sa mutation au poste d'avocat général à la Cour de cassation - un poste qu'il a refusé.
Nommé en janvier 2010, sous Sarkozy, Falletti aurait eu le malheur de déplaire. La Chancellerie s'en défend : "il n'y a pas eu d'instruction de la Garde des sceaux".

N'empêche, le mal était fait. "Une nouvelle marque de mépris pour l'indépendance de la magistrature", s'indignait très vite l'Union syndicale des magistrats, le syndicat majoritaire.
L'opposition s'en mêle

Et l'opposition de hurler au "scandale d'Etat", pour reprendre l'expression du président de l'UMP, Jean-François Copé. "Voilà que la gauche, qui nous a donné tellement de leçons de morale, est en train de mettre en oeuvre des pratiques que jamais je n'aurais imaginé qu'on puisse voir (...) Voilà que la Chancellerie, pour des raisons politiques, est en train d'engager la mutation d'un des plus hauts magistrats (...) connu pour son intégrité remarquable".

Le président de l'UMP, Jean-François Copé, parle d'un "scandale d'Etat"  
 

Le président de l'UMP, Jean-François Copé, parle d'un "scandale d'Etat"  
Lecture
Partager


Avant lui, le chef de file des députés UMP à l'Assemblée, Christian Jacob, avait employé le même terme : "scandaleux, absolument scandal




La séance des questions au gouvernement a donc été particulièrement agitée, ce mercredi après-midi. Sommée par l'UMP Georges Fenech de s'expliquer, Christiane Taubira s'est justifiée ainsi : "Il a été invité à cet entretien, qui est tout à fait classique, par la direction de mon cabinet". Et Christiane Taubira de détailler le calendrier : contacté le 23 janvier, François Falletti a été reçu le 27. Il a mis huit jours pour faire part à la ministre, dans un courrier, de la "tentative d'éviction" dont il s'estimait victime.

Réponse de Christiane Taubira : la procédure était "tout à fait normale"  


Réponse de Christiane Taubira : la procédure était "tout à fait normale"  
Lecture
Partager

Précision pas forcément inutile : François Falletti a aujourd'hui 64 ans ; il aurait dû partir à la retraite dans un an et demi. C'est pour cela qu'il a été reçu à la Chancellerie, pour lui proposer un poste plus honorifique et prestigieux, qui lui aurait, de surcroît, permis de rester plus longtemps en fonction.

François Falletti a refusé. Fin de l'histoire, pensait mardi soir le ministère. C'était sans compter la politique... L'exploitation de "l'affaire", toute "politicienne", est "extrêmement choquante", avait résumé la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, à l'issue du conseil des ministres.

Source : www.franceinfo.fr

Commentaires