Mohamed Morsi sera jugé pour conspiration avec l'étranger


Le président déchu Mohamed Morsi, déjà en procès pour incitation à la violence lors de manifestations tenues aux abords du palais présidentiel au Caire, sera jugé pour des accusations de conspiration avec des organisations étrangères en vue de commettre des "actes terroristes", et de divulgation de secrets d'Etat à "une puissance étrangère"

LE CAIRE (Reuters) - Le procureur général d'Egypte a ordonné mercredi que le président déchu Mohamed Morsi et 35 islamistes soient jugés pour des accusations de conspiration avec des organisations étrangères en vue de commettre des "actes terroristes", et de divulgation de secrets d'Etat à "une puissance étrangère".


Dans un communiqué, le procureur affirme que les Frères musulmans, dont est issu Mohamed Morsi, ont commis des actes de violence et de terrorisme en Egypte et préparaient un "projet terroriste" prévoyant une alliance avec le Hamas palestinien et le Hezbollah chiite libanais.

Le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a qualifié ces accusations de "pures inventions" et de "mensonges".

Mohamed Morsi est déjà en procès pour incitation à la violence lors de manifestations tenues aux abords du palais présidentiel voici un an, alors qu'il était encore en fonctions. Il a été déposé par l'armée le 3 juillet à la suite de grandes manifestations contre son pouvoir.

Le procureur général dénonce dans son dossier d'accusation "la plus grande conspiration de l'histoire de l'Egypte".

Il accuse les Frères musulmans d'avoir lancé en 2011 des attaques contre les forces de sécurité dans le nord du Sinaï, en application d'un plan élaboré en 2005 - six ans avant la chute d'Hosni Moubarak - qui prévoyait d'envoyer des éléments suivre un entraînement militaire dans la bande de Gaza auprès du Hezbollah libanais et des Gardiens de la révolution iranienne.

"IDÉE ÉTRANGE"

De retour en Egypte, les Frères musulmans devaient s'allier avec les groupes islamistes actifs dans la péninsule du Sinaï, poursuit le procureur. Si Mohamed Morsi n'avait pas été élu à la présidence, en juin 2012, ils auraient été chargés de constituer un "émirat islamique" dans le Sinaï, ajoute-t-il.

D'après le dossier d'accusation, le conseiller à la sécurité nationale du président déchu, Essam el Haddad, a transmis des dossiers secrets aux Gardiens de la révolution et au Hezbollah en échange de leur collaboration.

"L'idée que le président de la république se serait rendu coupable d'espionnage est pour le moins étrange", juge Nathan Brown, spécialiste de l'Egypte à l'Université George Washington, aux Etats-Unis.

"Tant que la question des Frères musulmans sera traitée sous un angle purement sécuritaire et non politique, l'avenir de l'Egypte restera incertain", a-t-il estimé.

Outre Mohamed Morsi, le procureur a inculpé l'ancien guide suprême de la confrérie Mohamed Badie et deux de ses adjoints, Khaïrat el Chater et Mahmoud Ezzat.

Depuis le coup de force de l'armée le 3 juillet, les nouvelles autorités ont mené une vaste répression contre les Frères musulmans, dont presque tous les dirigeants ont été arrêtés et plus de 1.300 partisans tués, selon les organisations de défense des droits de l'homme.

Quelque 200 membres des forces de sécurité ont également trouvé la mort dans des affrontements ou des attentats, notamment dans le Sinaï.


Eric Faye et Tangi Salaün pour le service français, édité par Gilles Trequesser

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