François Hollande s'amuse: Manuel Valls revient d'Algérie "sain et sauf, c'est déjà beaucoup"



VIDÉO. François Hollande s'amuse: Manuel Valls revient d'Algérie "sain et sauf, c'est déjà beaucoup"

POLITIQUE - Lundi 16 décembre, en entamant son discours à l'occasion du 70ème anniversaire du Conseil Représentatif des Institutions juives de France (CRIF), François Hollande a eu une petite phrase remarquée par les internautes et médias algériens.
S'adressant d'abord à Christiane Taubira, "qui ne m’a pas quitté depuis au moins huit jours, et que je retrouve avec bonheur ce soir, de retour de Guyane", le président évoque ensuite Manuel Valls, de retour d'un déplacement en Algérie avec Jean-Marc Ayrault.

"Monsieur de ministre de l'Intérieur, qui va nous quitter peut-être pour aller en Algérie ?", dit d'abord le président de la République, avant de se reprendre, visiblement corrigé hors caméra (regardez la vidéo ci-dessous): "il en revient". Puis ajoute, visiblement amusé: "sain et sauf, c'est déjà beaucoup".
Une improvisation qui ne figure pas sur le verbatim du discours mis en ligne sur le site de l'Élysée, mais que l'on peut entendre dans cette vidéo:



Gaffe de Hollande sur la visite de Valls en Algérie00:25

Blague très maladroite ou référence à une actualité franco-algérienne qui échappe aux observateurs les plus avertis? Les médias et internautes algériens se sont quoi qu'il en soit émus de la phrase du président.

"La phrase était passée inaperçue avant de faire le tour des réseaux sociaux ce vendredi, écrit notamment le site web Tout sur l'Algérie, évoquant "l'incroyable plaisanterie de Hollande" qui "a beaucoup indigné les facebookers et twittos algériens".

"Revenir de l’Algérie 'Saint et Sauf', une telle affirmation de la part d’un Chef d’Etat donne à l’Algérie l’image d’un pays violent, habité par une population belliqueuse, agressive et peu accueillante. Est-ce le cas ? Certainement pas puisque les dirigeants français qui ont accompgné Jean-Marc Ayrault ont été accueillis chaleureusement et aucun manquement au protocole ni une quelconque violation d’une régle de la bienséance n’ont été signalés ou déplorés", écrit quant à lui le site Algérie-Focus.

"Rien d'autre que de l'humour", nous précise-t-on à l'Elysée.

L'Algérie goûte peu la boutade de Hollande

Le ministre des Affaires étrangères algérien Ramtane Lamamra a estimé samedi soir à Alger que la boutade du président français sur la sécurité en Algérie était un "incident regrettable" et une "moins-value" pour les liens entre les deux pays. "Il est clair qu'il s'agit d'une moins-value par rapport à l'esprit qui enveloppe nos relations et à la réalité de ce que les délégations françaises, et même autres, peuvent constater de la situation sécuritaire en Algérie", a déclaré Ramtane Lamamra lors d'une conférence de presse avec son homologue chinois, Wang Yi.

"Nous avions terminé l'année 2012 sur le succès éclatant de la visite d'Etat de M. François Hollande en Algérie. L'année 2013 n'est pas encore terminée, nous ne souhaitons pas la terminer sur une mauvaise note, et nous souhaitons donc que nous puissions trouver dans les jours qui nous séparent de la fin de l'année un moyen de tourner la page de cet incident regrettable", a-t-il également dit.

La presse algérienne a par ailleurs vivement critiqué la déclaration de François Hollande. Samedi encore, elle faisait la une des journaux arabophones El-Khabar, Echorouk et Ennahar. "Hollande se moque de l'Algérie devant les juifs", pouvait-on lire en première page. Et tant sur les sites d'information en ligne que sur les réseaux sociaux, nombre de lecteurs algériens se sont déchaînés contre le président français, pourtant jusqu'à présent très populaire dans le pays.

Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH, gouvernementale), Farouk Ksentini, a lui appelé François Hollande à présenter des excuses pour ses propos "provocateurs à l'encontre de l'Algérie".


Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamiste), Abderezzak Mokri, a de son côté appelé les autorités algériennes à réagir à ces propos qui constituent, a-t-il dit, "une atteinte flagrante à l'Algérie".

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