EURO-Le soutien en faveur des Etats-Unis d'Europe est en train de s'évanouir




Le soutien en faveur des Etats-Unis d'Europe est en train de s'évanouir

Au sein de l’UE, la volonté de mettre en place une union politique est en train de s’évanouir, rapporte le Wall Street Journal

Le sommet Européen qui a débuté ce jeudi, et au cours duquel devaient être débattues des questions de coordination de politiques économiques, ne sera finalement pas aussi ambitieux. Plusieurs eurocrates d’Etats-membres différents affirment qu’ils ne croient plus que les éléments pour construire un gouvernement unifié pour les dix-sept pays de la zone euro, comprenant  la base d’un budget unifié, et un système bancaire unifié, pourront être définis d'ici 2014.

C’est l'Allemagne qui mène cette fronde contre la construction de cette Europe politique, sous la houlette de son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble. Le mois dernier, il s’est farouchement opposé à une proposition qui aurait conféré aux Eurocrates le pouvoir de trancher le sort d’une banque (la sauver ou la laisser couler) en cas de difficultés, et qui faisait partie du projet d’union bancaire. Mais l’Allemagne y a vu une mesure qui permettrait d’utiliser l’argent des contribuables allemands pour sauver des banques espagnoles ou italiennes. Schäuble a donc rallié derrière lui des Etats-membres tels que le Royaume Uni, qui ne font pas partie de la zone euro, et qui ne souhaitent pas attribuer plus de pouvoirs à Bruxelles, pour s’y opposer.


Le besoin d’une union plus étroite s’était intensifié l’année dernière, au moment où la panique sur les marchés financiers européens était telle qu’il semblait que l’euro allait se disloquer. La crise a révélé qu'une monnaie commune associée à des politiques différentes ne garantissait pas la stabilité. Les marchés financiers se sont calmés depuis, mais les problèmes de fond du chômage, de la dette et de la fragilité du système bancaire européen demeurent, suggérant que la crise peut revenir à tout moment.

Les responsables européens ont déjà pris des mesures pour renforcer l’union monétaire, comme la mise au point d’un fonds de secours permanent, de nouvelles règles pour éviter les dépenses excessives, et le renforcement des pouvoirs de la Banque Centrale Européenne (BCE), pour lui permettre de stabiliser les marchés d’obligations souveraines, et de superviser le système bancaire européen.

C’est Herman Van Rompuy qui a mené les initiatives pour la construction d’une union financière et politique plus intense, à partir de mai 2012, alors que les fuites de capitaux s’échappant d’Espagne et d’Italie étaient à leurs sommets, menaçant l’intégrité de l’euro. La crainte de la désintégration de l'Union européenne a fait rêver d’une  Europe fédérale basée sur l'exemple américain.

Mais en septembre, la promesse de Mario Draghi, le patron de la BCE, de faire tout ce qu’il faudrait pour sauver l’euro, en calmant les marchés financiers, a également dissuadé de prendre des décisions politiquement impopulaires, et les Etats-membres se sont mis à procrastiner en matière de construction européenne.

Schäuble s’est évertué à tuer dans l’œuf le projet d’union bancaire auquel la chancelière Angela Merkel avait pourtant donné son aval en juin sous la pression de la France, de l’Italie et de l’Espagne. Le ministre des Finances allemands a rencontré ses homologues hollandais et finlandais dan la banlieue d’Helsinki en septembre 2012, et au terme de cette entrevue, ils ont décrété que « Les actifs hérités du passé devaient être placés sous la responsabilité des autorités nationales », l’acte de décès d’une union bancaire.

En décembre, Merkel a rejeté le projet de budget pour la zone euro de Van Rompuy, comprenant une assurance-chômage commune et une politique commune de relance avec des stimuli économiques, estimant que l’Allemagne avait déjà fait montre d’une générosité suffisante. Lorsque Van Rompuy s’est  tourné vers la France pour tenter d’obtenir du soutien, il n’a recueilli que le silence du président François Hollande.

Cette année, Merkel a soutenu les mesures en faveur d’un plus grand contrôle des politiques économiques pour améliorer la compétitivité des Etats-membres, mais elle s’est opposée à un changement majeur dans les traités.

Selon Guntram Wolff, qui dirige le think tank Bruegel à Bruxelles, l’Allemagne est de plus en plus favorable à un modèle où les pays sont responsables chacun pour eux. Exit donc, les projets d’union bancaire et politique : « Nous n’aurons qu’un euro qui survivra, et non pas un qui fonctionne bien », déplore-t-il. 

Source :Express.be

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