Des milliers de Tunisiens manifestent pour la chute du gouvernement


Plusieurs milliers de Tunisiens ont manifesté, samedi 7 septembre dans la soirée, pour réclamer la chute du gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda. La foule a défilé jusqu’à la place du Bardo, aux portes de Tunis, devenue théâtre de protestations quasi permanentes depuis la mort de l’opposant Mohamed Brahmi, abattu de 14 balles tirées à bout portant, le 25 juillet.


Manifestations contre le gouvernement islamiste le 7 septembre à Tunis. | Reuters/ANIS MILI
« Le sang a coulé, plus de légitimité pour Ennahda », « Brahmi martyr, sur tes pas nous marcherons », « A bas les oppresseurs du peuple, à bas la bande des Frères », a scandé la foule, faisant référence aux liens entre Ennahda et les Frères musulmans d’Egypte. La famille de M. Brahmi et les proches de Chokri Belaid, un autre opposant de gauche assassiné en février, ont pris la tête de la marche, soigneusement encadrée par la police.

Le meurtre des deux opposants a été attribué par les autorités à des salafistes djihadistes liés à Al-Qaida, qui ne les a toutefois pas revendiqués. Certains de leurs proches accusent Ennahda, qui dément régulièrement toute responsabilité. La veuve de Mohamed Brahmi a fait savoir que les représentants du gouvernement étaient indésirables aux cérémonies commémoratives, et a appelé à sa chute.

DÉMISSION DU GOUVERNEMENT ET DISSOLUTION DE L’ANC
Le Front du salut national (FSN), qui chapeaute le mouvement de protestation, a affirmé que la date symbolique du quarantième jour depuis le décès de Brahmi – qui marque la fin du deuil –, signifiait une « nouvelle étape de mobilisation » pour la chute du cabinet et la dissolution de l’Assemblée nationale constituante (ANC), dont les travaux ont été suspendus après son boycott par plusieurs députés.

Les islamistes ont déjà rejeté ces revendications, proposant à la place d’élargir la coalition au pouvoir et d’organiser des élections à la mi-décembre. Beji Caïd Essebsi, le chef de Nidaa Tounès, principal rival d’Ennahda, a affirmé son engagement avec le FSN « pour sortir la Tunisie de l’ornière » et « dévoiler les commanditaires de l’assassinat de nos martyrs », a-t-il martelé en direction de la foule.

Favorable à la chute du cabinet, mais opposée à la dissolution de l’ANC, la centrale syndicale UGTT, qui a aussi mobilisé pour le rassemblement, tente de son côté une médiation laborieuse entre Ennahda et la coalition d’opposition, allant de l’extrême gauche au centre droit. Le chef du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon a par ailleurs fait le déplacement à Tunis pour rendre un hommage posthume à Mohamed Brahmi.

Source : Le Monde


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