L'homme interpellé à Trappes conteste la version des policiers


"Tout ce qui a été dit est faux": le mari de la femme intégralement voilée dont le contrôle d'identité jeudi à Trappes (Yvelines) a dégénéré, déclenchant dans la foulée les violences urbaines du week-end, a nié mardi la version policière de son interpellation.


Les policiers nous ont arrêtés, ils ont dit à ma femme: Relevez votre voile. Ma belle-mère est venue voir, un agent de police l'a poussée. Quand ma femme a vu ça, elle leur a demandé pourquoi ils se comportaient de façon agressive. A ce moment-là, ils ont commencé à s'énerver

© afp.
"Je n'ai pas essayé d'étrangler un policier", s'est défendu Mickaël, 21 ans. Après ce contrôle, de nombreux habitants s'étaient massés devant le commissariat vendredi soir et des violences urbaines ont éclaté avant de s'essouffler en début de semaine.

Le jeune homme fluet et barbu, converti à l'islam à 16 ans, a été placé en garde à vue jeudi avant d'être relâché samedi. Il sera jugé en septembre.

Lors d'une conférence de presse samedi, le procureur de la République à Versailles, Vincent Lesclous, avait expliqué que le jeune homme avait tenté d'étrangler un policier et que le fonctionnaire de police présentait des marques d'étranglement au cou, ainsi qu'une trace de coup sur une pommette.

Le jeune homme a, lui, relevé les "provocations" et les "insultes" des policiers, lors d'un entretien accordé à l'AFP, dans les locaux de la chaîne de télévision La Locale.

"A aucun moment, on n'a refusé le contrôle", a assuré Mickaël, expliquant que son épouse, âgée de 20 ans et également convertie à l'islam, qui porte le voile intégral, avait déjà été contrôlée plusieurs fois et que "ça s'était toujours bien passé".

La loi du 11 octobre 2010 interdit de dissimuler son visage dans l'espace public. La violation de cette interdiction est punie d'une amende maximum de 150 euros. "J'ai eu peur pour ma femme


Jeudi, le couple, qui vit en Seine-Saint-Denis, se trouvait à Trappes, près du square Albert-Camus, en compagnie de la belle-mère et de la belle-soeur de Mickaël et de leur bébé de trois mois.

"On aidait ma belle-mère à porter ses courses", raconte le jeune homme en chemisette noire et baskets. "Les policiers nous ont arrêtés, ils ont dit à ma femme: Relevez votre voile. Ma belle-mère est venue voir, un agent de police l'a poussée. Quand ma femme a vu ça, elle leur a demandé pourquoi ils se comportaient de façon agressive. A ce moment-là, ils ont commencé à s'énerver."

Quand son épouse s'est interposée, "le policier lui a dit de se taire, en lui criant dessus. Elle parlait avec les mains, le policier lui a frappé les mains pour les baisser".

"A partir du moment où le policier s'est rapproché de ma femme et a mis sa main vers son visage comme pour la gifler ou la saisir, là j'ai eu peur pour ma femme et je me suis interposé", explique Mickaël, sans préciser de quelle façon il avait agi. Interpellé par les policiers qui, ajoute-t-il, l'ont "insulté" dans la voiture qui le conduisait au commissariat, il a été placé en garde à vue.

"La garde à vue s'est passée correctement dans l'ensemble, à part pour les repas. Ils m'en proposaient pendant la journée mais pas le soir", a déploré ce musulman, qui pratique le ramadan et qui jeûne donc jusqu'à la tombée de la nuit.

Soutenu par l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM 93), qui prend en charge ses frais d'avocat, le jeune homme devra s'expliquer devant le tribunal de Versailles à la rentrée.

Source : 7SUR7.be

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