Les grecs retirent leur argent


Les grecs retirent leur argent après la réouverture des banques chypriotes


«J’ai réussi à retirer la plupart de mon argent» dit Nikos Drilis, un Grec qui a confié ses économies à une banque chypriote et qui ne cache pas son énervement en sortant de son agence à Athènes, qui a rouvert mercredi après onze jours de fermeture et de crise bancaire à Chypre.

«Je considérais la Bank of Cyprus comme fiable. Maintenant, le climat est très inquiétant et s’aggrave, les gens à l’intérieur sont agacés», souligne ce fonctionnaire, père de famille de 47 ans, qui perçoit depuis quinze ans son salaire dans cette banque.


Comme une quarantaine d’autres personnes qui attendent en file devant la porte dans le centre d’Athènes, il est arrivé très tôt, avant la réouverture des guichets.

A l’intérieur, un haut responsable estime «logique» l’angoisse des clients après la restructuration bancaire chypriote négociée au forceps entre Chypre, la zone euro et le FMI au cours du week-end, qui fragilise l’ensemble de la zone euro. «On tente de calmer nos clients», explique-t-il à l’AFP.

«Lors du début de la crise en Grèce en 2010 et par peur alors de la sortie de la Grèce de l’euro et du retour à la drachme, j’ai transféré mes économies à la Bank of Cyprus à Chypre», confie Vassiliki Zarani, une retraitée sexagénaire.

«Maintenant, je suis bloquée, je ne peux pas les retirer de Grèce car les banques à Chypre sont fermées et on ne sait pas encore quand et selon quelles conditions on peut faire des retraits».
Elle regrette de ne pas avoir transféré son argent en France où vit sa fille. Elle s’inquiète aussi de la situation générale en Europe.

«Si les banques en France tombent également, c’est l’Allemagne qui va commencer à avoir peur», murmure-t-elle.

A côté, Gerassimos Ladakakos sort exaspéré: «Tous des salauds», lâche-t-il.
«Oui, j’ai tout retiré et je ne vais plus déposer d’argent en banque. Ils considèrent les déposants comme des investisseurs».

Il accumule les déboires. En tant que petit porteur d’obligations souveraines grecques, M. Ladakakos a déjà subi de lourdes pertes l’an dernier, lors de la restructuration de la dette de son pays imposée aussi par la zone euro et le FMI.

Devant les deux autres agences chypriotes à Athènes, Popular Bank (Laïki) et Hellenic Bank, également passées sous la protection de la Banque du Pirée, la file d’attente ne dépasse pas six personnes.
«Je suis venue pour voir si tous mes comptes fonctionnent bien», dit Arlette Manoli, gestionnaire de comptes pour des déposants français à la filiale de Popular Bank (Laïki) à Athènes, dont la maison mère au bord de la faillite, va être absorbée par Bank of Cyprus.

«On était très inquiet, il y avait la peur de la faillite. La Laïki va fermer, mais je suis rassurée (par la situation en Grèce, NDR), puisque «la Banque du Pirée va la reprendre», note-t-elle.

Jusqu’à présent troisième banque du pays, la banque du Pirée passera en deuxième position après avoir absorbé les trois filiales chypriotes qui bénéficieront d’une partie de la manne prêtée par Bruxelles et le FMI pour recapitaliser les banques grecques.

La bourse d’Athènes qui avait clôturé mardi soir en chute de 4,9%, a continué sa dégringolade mercredi, perdant près de 7% en mi-séance et 3,03% en début d’après-midi.

«Un coup important a été porté à la confiance dans le système bancaire», résume Thémis Pétrou, 55 ans, peintre d’icônes, qui attend devant Hellenic Bank en estimant que Chypre est «économiquement détruite», après à l’accord de sauvetage de Chypre, qu’il juge «catastrophique».

Source : Liberation

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