Qu'a fait Alexandre Benalla depuis son éviction de l'Elysée ?


Depuis qu'il a été limogé de son poste, le jeune homme de 27 ans s'est reconverti dans les affaires et s'illustre par sa proximité avec le milieu des marchands d'armes sur le continent africain.


Alexandre Benalla continue d'embarrasser l'Elysée. L'ancien adjoint au cabinet d'Emmanuel Macron refait les gros titres de la presse depuis la révélation par Le Monde, lundi 24 décembre, d'un déplacement au Tchad. Un voyage organisé au début du mois, quelques semaines avant qu'Emmanuel Macron se rende à son tour dans ce pays d'Afrique centrale. Ce séjour, lors duquel il a rencontré le président Idriss Déby, a mis en lumière les activités d'Alexandre Benalla, mis en examen pour "violences volontaires" après sa participation à une interpellation musclée le 1er mai 2018. Depuis qu'il a été limogé avec perte et fracas de l'Elysée, l'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron s'est reconverti dans les affaires et s'illustre par sa proximité avec le milieu des marchands d'armes. Franceinfo revient sur son emploi du temps des derniers mois.

Il a déjeuné avec des investisseurs chinois

Au mois d'octobre, Alexandre Benalla a été aperçu au déjeuner du Chinese Business Club, un évènement très chic qui met en relations entreprises françaises et investisseurs chinois. C'est Pierre-Henri de Menthon, le directeur délégué du magazine Challenges, qui l'a reconnu et qui l'a photographié, avant de publier le cliché sur Twitter.



"Il était là à mon invitation", avait à l'époque expliqué à franceinfo Harold Parisot, créateur du Chinese Business Club, qui parle de l'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron comme d'un "ami". A l'instar des autres invités, Alexandre Benalla serait venu à ce rendez-vous pour "faire du business et réseauter". "Il n'a pas besoin de moi pour faire du business, précisait Harold Parisot. Il a un très bon carnet d'adresses."

Il a rencontré un proche de Nicolas Sarkozy

Alexandre Djouhri et Alexandre Benalla n'ont pas qu'un prénom en commun : les deux hommes ont évolué avec discrétion dans les cercles politiques et sont désormais dans le viseur de la justice. En octobre, Libération révélait qu'Alexandre Benalla avait rencontré Alexandre Djouhri, un homme de l'ombre de la droite française soupçonné d'avoir mis en place des montages financiers dans l'affaire du financement libyen de la compagne de Nicolas Sarkozy. Les deux hommes ont d'abord nié les faits, avant de les reconnaître auprès de Mediapart, le 19 décembre.

J'ai rencontré Alexandre Djouhri, oui, plusieurs fois, et je suis très content de l'avoir fait.Alexandre Benallaà Mediapart

Ces rendez-vous ont eu lieu à Londres, où Alexandre Djourhi a été arrêté en janvier pour avoir refusé de répondre aux convocations de la justice française. Il a depuis été libéré contre une caution d'un million de livres (1,11 million d'euros) et attend son extradition vers la France. L'une de ces rencontres aurait été arrangée par une connaissance commune, un certain Lucas P., fiché S pour ses connexions avec un marchand d'armes nigérien, raconte Libération. Alexandre Djouhri est connu pour avoir tissé un solide réseau politique et industriel dans de nombreux pays d'Afrique, de l'Algérie à la République du Congo.

Il est allé au Tchad juste avant Macron

Alexandre Benalla s'est rendu à N'Djamena, la capitale du pays, au début du mois de décembre. D'après les informations du Monde, l'ancien proche d'Emmanuel Macron aurait rencontré le président Idriss Déby, ainsi que son jeune frère Oumar, qui pilote la Direction générale de la réserve stratégique (DGRS) et donc les commandes d'équipements militaires du pays.

Pendant son séjour, Alexandre Benalla a logé au luxueux hôtel Hilton et était accompagné de quatre Turcs et de l'homme d'affaires franco-israélien Philippe Hababou Solomon, qui a réglé les nuitées dans le palace. Ce dernier, qui a été conseiller spécial de l'ancien président sud-africain Jacob Zuma, est désormais connu pour ses activités dans la diplomatie privée en Afrique pour le compte de gouvernements. Il explique au Monde avoir pris Alexandre Benalla sous son aile.

Une connaissance commune m'a contacté après le scandale. Je ne l'ai rencontré qu'en novembre. Je cherche à préparer une coopération privée franco-turque en Afrique. Je l'ai pris en apprentissage non pas parce que c'est Benalla, mais parce qu'il est brillant. Il peut m'être d'une grande aide car il connaît les rouages d'un Etat.Philippe Hababou Solomonau "Monde"

Ce voyage d'Alexandre Benalla au Tchad, qui conserve encore de nombreuses zones d'ombre, embarrasse l'Elysée. Emmanuel Macron s'est rendu à N'Djamena le 22 décembre, soit un peu plus de deux semaines après le séjour de son ancien chargé de sécurité. "Emmanuel Macron a tenu à faire savoir samedi à Idriss Déby que cette personne n'était en aucun cas un intermédiaire officieux ou officiel, a affirmé la présidence au Monde, ainsi qu'à plusieurs médias. Seuls le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, le conseiller diplomatique du président, Philippe Etienne, et Franck Paris, son conseiller Afrique, peuvent se prévaloir du chef de l'Etat."
Il s'est reconverti dans la diplomatie privée

Ce voyage au Tchad semble s'inscrire dans une activité plus large d'Alexandre Benalla auprès de gouvernements africains. En octobre, l'ancien adjoint au cabinet d'Emmanuel Macron s'était déjà rendu avec Philippe Hababou Solomon en République du Congo, sans visa, toujours d'après Le Monde. Les deux hommes auraient séjourné dans la résidence présidentielle réservée aux hôtes de marque et dîné avec Denis Sassou-Nguesso, le président qui règne d'une main de fer sur le pays depuis vingt ans. Si Alexandre Benalla refuse de confirmer cette rencontre, il a expliqué au Monde s'être reconverti dans des activités de "consulting".

J'ai fait une dizaine de pays en Afrique.Alexandre Benallaau "Monde"

Le quotidien du soir cite notamment un voyage au Cameroun où il a rencontré – toujours avec Philippe Hababou Solomon – le chef d'état-major et le directeur du cabinet de Paul Biya, à la tête de ce pays d'Afrique francophone depuis 36 ans.

Que font les deux hommes auprès de ces dirigeants africains ? Au Tchad comme au Cameroun, ils auraient représenté une société soudanaise de textile et une joint-venture (une filiale commune) entre le Qatar et la Turquie pour "négocier la vente d'uniformes pour les forces de sécurité camerounaises et tchadiennes", selon les informations du Monde.

Source : https://www.francetvinfo.fr

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