Les produits ménagers rendent-ils nos enfants obèses ?


Les produits ménagers, du moins les plus classiques d'entre eux, polluent notre intérieur. Des chercheurs suggèrent aussi qu'en influant sur les microbiotes intestinaux, ils pourraient être responsables de l'obésité de nos enfants.

Ces derniers mois, les chercheurs et la presse nous ont mis en garde contre les effets insoupçonnés de certains produits ménagers. Loin de purifier notre environnement de vie, ils constitueraient ainsi une source majeure de pollution dans nos intérieurs. Aujourd'hui, une étude canadienne avance même qu'ils pourraient être en partie responsables de l'obésité de nos enfants. Comment ? En agissant sur leur microbiote intestinal !

« Lorsque vous mangez, vous pensez vous nourrir. En réalité, vous nourrissez essentiellement les micro-organismes qui vivent dans vos intestins », explique James Scott, chercheur à l'université de Toronto (Canada). « Et ce que ces micro-organismes font de ces aliments influe sur la façon dont vous stockez le gras ou sur la façon dont fonctionne votre métabolisme. »

Des facteurs environnementaux semblent capables d'influer sur la composition des microbiotes, plus encore chez les bébés et les enfants jusqu'à l'âge de 5 ans. C'est pour cette raison que les chercheurs canadiens se sont intéressés à l'effet que les produits ménagers — dont la caractéristique principale est d'être antibactériens — peuvent avoir sur la flore intestinale des plus jeunes.

Des microbiotes modifiés par les produits ménagers

L'étude a porté sur une cohorte de 757 enfants. Leur microbiote a été analysé alors qu'ils n'avaient que 3 ou 4 mois, puis à l'âge de 1 et 3 ans. Leur poids a également été calculé. Le tout en lien avec leur exposition à des désinfectants, des détergents et des produits écologiques utilisés dans les maisons. Résultat : les nourrissons ayant été exposés au moins une fois par semaine à des produits antibactériens présentent des indices de masse corporelle supérieurs aux autres à l'âge de 3 ans.

Du côté du microbiote, ils présentent des niveaux plus faibles de bactéries Haemophilus et Clostridium et plus élevés de Lachnospiraceae. Ces dernières bactéries sont associées chez l'animal à des taux plus élevés de graisse corporelle et de résistance à l'insuline. Les bébés ayant été exposés à des produits ménagers écologiques présentent, quant à eux, moins d'entérobactéries.

Mais les chercheurs eux-mêmes le reconnaissent : ces résultats sont à considérer avec prudence. « Notre étude montre un lien significatif entre usage de produits ménagers et composition de la flore intestinale. Toutefois, elle ne nous permet pas de conclure quant à la nature de ce lien », tempère James Scott. « Nos résultats nous donnent une petite idée de ce qu'il se passe. Ils soulèvent surtout beaucoup de questions. Reste à présent à démêler les mécanismes en jeu. »

Source : https://www.futura-sciences.com

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