Franc-maçonnerie, paganisme et magie sexuelle


Les rites de la franc-maçonnerie marginale dite « égyptienne », aussi connue sous le nom de Memphis-Misraïm, inventée par Cagliostro (Giuseppe Balsamo 1743-1795 ?) au XVIIIe siècle, sont fortement imprégnés de références aux cultes égyptiens. L’histoire de cette tendance de la franc-maçonnerie constitue l’un des chapitres les plus embrouillés des rites maçonniques marginaux et il est donc impossible de retracer synthétiquement son histoire (Pour plus de détails sur la franc-maçonnerie égyptienne nous renvoyons le lecteur vers l’étude de G. Galtier, Maçonnerie égyptienne, Rose-croix et néo-chevalerie, Editions du Rocher, 198).

La survivance du paganisme dans les élites

Persistance du paganisme au sein de la franc-maçonnerie ?
Selon Gérard Galtier ( « L’époque révolutionnaire et le retour aux mystères antiques : la naissance des rites égyptiens de la maçonnerie », 1989)   , les cultes égyptiens ont joué un rôle important dans l’élaboration- lui parle de renouvellement- des rites maçonniques. Au XVIIIe siècle, l’égyptomanie importante rencontra une autre mode, la franc-maçonnerie, l’influençant. De cette rencontre sont nés un nombre impressionnant de rites, de grades et de systèmes maçonniques « irréguliers », donnant naissance aux franc-maçonneries de marge ainsi qu’à un monde paramaçonnique occultiste très vivant, l’Egypte attirant les occultistes. En effet, il y a au XIXe siècle et au début du XXe siècle une forte proportion de francs-maçons de marge membres de sociétés occultistes, « magiques » pour reprendre l’expression de Massimo Introvigne.

La première tentative de franc-maçonnerie égyptienne eut lieu à Berlin en 1767. Il s’agit de l’Ordre des Architectes Africains fondé par un officier de l’armée prussienne, Friedrich von Köppen ( G. Galtier, « L’époque révolutionnaire et le retour aux mystères antiques », art. cit., p. 123) . En 1784, Cagliostro créa le Rite de la haute magie égyptienne, sous le Premier Empire apparurent les rites maçonnique de Memphis et de Misraïm, plus tard à Naples naquit l’Ordre égyptien. « Toutes ces loges et obédiences, écrit Christian Bouchet, n’étaient pas ostensiblement païennes mais contribuaient à créer une atmosphère, une ambiance. On y mélangeait la Bible et les enseignement de Pythagore, la kabbale et les dieux égyptiens... Dans certaines loges maçonniques, ce n’était plus l’Evangile de Saint Jean qui figurait sur l’autel mais un exemplaire du Livre des morts égyptiens, et le mythe d’Hiram était remplacé par celui d’Osiris... » (C. Bouchet, Néo-paganisme, op. cit., p. 4)

Arturo Reghini affirmait clairement l’aspect païen de la franc-maçonnerie en particulier ce qui concerne son aspect méditerranéen, égyptien et pythogoricien ( A. Reghini, Tous les écrits de UR & KRUR [1927-1928-1929], trad. P. Baillet et Y. Tortat, Milan, Archè, 1986) . Nous avons vu aussi précédemment les liens filiaux supposés entre la franc-maçonnerie et le druidisme et notamment la « franc-maçonnerie du bois » (Pour plus de détails sur cette forme de franc-maçonnerie, nous renvoyons le lecteur vers l’étude du professeur J. Brengues, La Franc-maçonnerie du bois. Protectrice de la forêt, op. cit.)  dont les rites, connus sous le nom de « rites forestiers », seraient apparus vers 1745.

Selon Christopher Gérard, il existerait une frange de la franc-maçonnerie utilisant des rites païens, même si ces loges ne sont pas réellement païennes. Or ces pratiques ne resteraient pas confinées dans les franc-maçonneries de marge selon son témoignage : « Des maçons, du Grand Orient de Belgique, s’intéressent aussi au Paganisme (je connais un cas de haut responsable qui s’est déclaré païen), d’autres, en retard d’une guerre, sont hostiles à notre démarche, qualifiée de ‘‘dangereuse’’ ou plus subtile, tentent d’occuper le terrain pour neutraliser un courant qui leur fait peur. » (C. Gérard, Parcours païen, op. cit., p. 44.) Il a, par ailleurs, eu un entretien avec ces maçons païens qui se font appeler les « phratriarques ». Contrairement aux autres groupes païens cités dans cette étude, ce groupe ne se revendique d’aucune tendance politique, d’aucune religion ni d’aucune école initiatique et/ou ésotérique . (« Entretien avec un phratriarque », Antaïos, n°12, hiver 1997, p. 140.) Ce groupe revendiquerait une recherche de la Tradition antique qui aurait été abandonnée par la franc-maçonnerie sous la pression du christianisme . (Ibid., p. 141)

Ce thème de la christianisation forcée de la franc-maçonnerie revient souvent chez certains maçons hétérodoxes et notamment chez ceux qui se réclament de la tradition celtique (de la franc-maçonnerie du bois) ou de la tradition italique (A. Reghini, Tous les écrits de UR & KRUR, op. cit.). Ainsi Régis Blanchet, qui n’est pas néo-droitier, soutient même l’idée de collusions entre le christianisme et la franc-maçonnerie moderne : « La maçonnerie contemporaine –et en cela elle a bien fait le jeu des Eglises constituées- a absolument éradiqué de ses bandes mémorielles cet apport celtique de ses premières années .» (« Le chaînon manquant », Le jardin des dragons, n°13, « Les collèges d’Oxford au XVIIe siècle », t. 2, Rouvray, Les Editions du Prieuré, 1994, p. 109.) Cette franc-maçonnerie païenne de tendance celtique a été réactivée en 1993 sous l’impulsion de Régis Blanchet et de Gwenc’hlan Le Scouëzec, un néo-druide, garant de la filiation avec le druidisme et le celtisme. Cette loge regroupe des maçons de toutes obédiences. En outre, Rémi Boyer, un franc-maçon proche des rites marginaux, a reconnu, dans un article publié dans L’Originel, le caractère païen de certains rites maçonniques .

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