Par MK-Polis
Une fois n'est pas coutume, voici un billet abordant la démonologie.
Vous trouverez ci-dessous tout d'abord une interview de l'Abbé Forestier, vicaire de la paroisse de Carnoules (Var) et exorciste du diocèse de Fréjus-Toulon. Puis un article du Père Jean-Régis Fropo, et enfin un audio de l'Abbé Marchiset ainsi que le PDF "Confessions" de l'exorciste Don Gabriele Amorth.
Mais pour commencer, voici une citation de Fritz Springmeier qui fait une analogie intéressante entre démonologie et microbiologie :
La
plupart des gens n'ont jamais vu un démon tout comme ils n'ont jamais
vu un virus. Pourtant ils nient l'existence de l'un et prennent des
antiviraux pour se prémunir contre l'autre. Il y aura toujours des
divergences d'opinions sur la démonologie, mais tout comme il a été
utile à la santé de nombreux malades de traiter les virus, des
victimes d'abus rituels et de contrôle mental ont eu l'utilité de
traiter les démons, c'est à dire le côté spirituel de leurs troubles
psychiques.
Abbé Forestier : "Si les gens pouvaient voir ce que je vois, ils comprendraient d'un coup que le diable existe vraiment."
L’abbé Henri Forestier est vicaire de la paroisse de Carnoules (Var) et exorciste du diocèse de Fréjus-Toulon.
Il a bien voulu répondre aux questions du Rouge & Le Noir.
R&N : Depuis combien de temps exercez-vous cette charge d’exorciste ? Comment cela a-t-il changé votre vie de prêtre ?
Abbé Henri Forestier : Cela fait trois ans et demi que j’exerce cette mission d’exorciste dans le diocèse de Fréjus-Toulon.
Je ne dirai pas que ma vie de prêtre à
été changée car j’ai toujours cru à l’existence du diable, mais ma vie a
été vraiment marquée par ce ministère. Je crois que c’est facile à
comprendre ! Entre croire à l’existence du diable et le voir de ses yeux
se manifester devant soi, il y a une vraie différence. On prend alors
conscience du combat terrible qui se joue dans ce monde, et de
l’aveuglement de tant d’hommes, y compris de chrétiens, qui oublient
cela.
R&N : Si
le surnaturel est très présent dans les films, peu de gens semblent y
croire. La stratégie du démon est-elle de nous faire croire qu’il
n’existe pas ?
Abbé Henri Forestier :
Oui les gens que je rencontre tous les jours - comme vous-même, je
pense - ne croient pas vraiment au diable ou y croient "un peu" sans
avoir d’idée claire sur la question. Et je crois bien que c’est le
résultat d’une tactique du diable qui essaye de se faire oublier pour
que les gens restent dans l’illusion et le divertissement.
Le relativisme ambiant qui fait penser à
nos contemporains qu’il est bien d’avoir n’importe quelle idée ou choix
personnel selon ses envies, permet de ranger l’existence du diable au
rayon des croyances personnelles sans voir qu’il s’agit d’une réalité
malheureusement agissante et dangereuse.
Si les gens pouvaient voir ce que je
vois, ils comprendraient d’un coup que le diable existe vraiment (le bon
Dieu d’ailleurs aussi au passage...) et qu’il est urgent d’orienter sa
vie selon ces réalités...
Je remarque aussi que les gens qui
viennent me voir, et qui sont attaqués par cet Esprit mauvais, vivent
souvent mal l’incompréhension habituelle de la part de leurs proches.
R&N : Même
chez les croyants, l’on entend régulièrement que le diable ne peut
avoir d’emprise physique et que les cas de possessions sont en réalité
des cas de maladies mentales. Comment distinguez-vous les cas de
maladies de réels cas de possessions ?
Abbé Henri Forestier :
Dire cela, c’est se moquer des récits précis de l’Évangile qui
racontent bien des persécutions physiques ! C’est aussi se moquer de
l’enseignement de l’Église, très clair sur cette question, c’est enfin
se moquer du ministère d’exorcisme qui essaye de soulager les personnes
gravement attaquées, y compris dans leur corps.
En revanche, et c’est le conseil de
l’Église aux prêtres exorcistes, on doit faire un dossier précis sur
chaque cas qui nous consulte, pour établir si justement nous avons
affaire à un cas de persécution diabolique ou à une maladie physique ou
psychique. Cela nous amène à travailler parfois de concert avec des
spécialistes, psychiatres, psychologues et médecins qui apportent leur
éclairage. Mais en dehors des cas exceptionnels, quelques critères
précis, et l’expérience de ce ministère permettront facilement de ne pas
confondre et d’aider au mieux les personnes qui viennent nous voir.
Abbé Henri Forestier :
Concrètement on parle de possession quand le diable arrive à prendre
pouvoir sur le corps de quelqu’un au delà de sa volonté propre. Cela
pourra se faire, par exemple, en lui parlant intérieurement, en le
faisant bouger lui ou des parties de son corps, ou encore en
l’assaillant de suggestions mauvaises, de douleurs ou d’abattements.
Dans les cas de moindre attaque du diable on parle d’infestation plutôt
que de possession.
Le cinéma, quand il parle de
l’exorcisme, aime à montrer des scènes extravagantes et exagère souvent
les possibilités d’action diabolique. Il y a effectivement des cas
impressionnants, mais la persécution diabolique se fait souvent plus
intérieure qu’extérieure, et ne peut toucher que le corps, les images,
pensées et sentiments intérieurs sans pouvoir toucher l’âme elle-même et
sa liberté propre.
Quant à savoir ce qu’est un démon, il
suffit d’ouvrir le catéchisme ! C’est un pur esprit créé par Dieu à
l’origine qui s’est révolté contre Lui et qui cherche, encore maintenant
à la combattre de toutes les manières. Le diable essaye de faire tout
le mal qu’il peut. Il agit principalement dans les suggestions mauvaises
pour faire pêcher les hommes, et, exceptionnellement sa persécution
s’étend sur la personne qu’il essaye de supprimer autant qu’il le peut
par haine de la création de Dieu.
R&N : Comment se déroule un exorcisme. L’Église encadre-t-elle ce rituel ? Avec des textes précis ?
Abbé Henri Forestier :
L’exorcisme est très codifié dans un livre que nous appelons le rituel.
Le prêtre exorciste qui a repéré un cas de persécution diabolique doit
prier, et se préparer, puis réciter les prières d’exorcisme telles
qu’elles sont indiquées dans son rituel.
Il a à sa disposition, dans l’Église
d’Occident, deux formules d’exorcisme : le “grand exorcisme” ou
“exorcisme majeur” qui dure environ 20 minutes et aussi le “petit
exorcisme” souvent appelé “exorcisme de Léon XIII” qui dure un peu plus
de 5 minutes.
Ces prières, très largement inspirées de
la Bible, sont une suite de demandes de libération adressées à Dieu, et
des commandements vigoureux au diable de partir.
Si tout chrétien est appelé à prier pour
être libéré du mal (on demande cela tous les jours dans le "notre
Père"...), les prières d’exorcisme mentionnées ci-dessus sont, dans la
discipline de l’Église d’Occident, réservées à un prêtre qui en a reçu
la mission par son évêque.
R&N : En
2006, l’Église catholique a promulgué la version française du rituel
d’exorcisme réformé en 1999 par Rome. Quels sont les changements par
rapport au rituel précédent ?
Abbé Henri Forestier :
On a voulu “moderniser” ce rituel qui datait de 1614, et même de bien
plus loin que cela pour les prières d’exorcisme (elles auraient été
rassemblées au temps de Charlemagne).
Le nouveau rituel - qui peut se dire
maintenant en français, autrefois c’était exclusivement en latin - a
repris bien des prières du rituel ancien, mais les a simplifiées
notamment sur les commandements forts et directs qui étaient faits au
diable au cours de l’exorcisme.
Cela a amené plusieurs exorcistes, comme
dom Amorth, à mettre en cause la valeur de ce changement. Reste que
chaque exorciste peut, aujourd’hui, d’après les meilleurs avis, utiliser
le rituel ancien.
R&N : Au
delà du diable, c’est tout le surnaturel qui est nié par le monde
matérialiste. Quelle place donner aux anges, et particulièrement à nos
anges gardiens dans notre vie de chrétiens ?
Abbé Henri Forestier :
Dieu a créé les anges pour chanter sa gloire et accomplir ses volontés
dans le monde. Ils sont pour nous objets de contemplation en pensant à
leur fidélité sans faille à Dieu et leur beauté propre.
Les anges influencent notre vie par des
inspirations et des protections. Dieu a notamment voulu que chaque homme
ait l’assistance d’un ange particulier appelé l’ange gardien. Il serait
dommage d’ignorer ce compagnon de notre vie et ne pas utiliser
l’existence de ces anges pour nous entraîner sur le chemin de la vie
éternelle !

Source : https://www.lerougeetlenoir.org/opinions/les-inquisitoriales/abbe-forestier-si-les-gens-pouvaient-voir-ce-que-je-vois-ils-comprendraient-d-un-coup-que-le-diable-existe-vraiment
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Nouveau Rituel du baptême : le cri d’alarme d’un exorciste
5 novembre 2016
Dans son ministère de prêtre
exorciste le Père Jean-Régis Fropo a fait un double constat : le Rituel
du baptême des petits enfants de 1970 a été tant expurgé qu’il ne combat
pas l’influence démoniaque pouvant opérer dès la naissance et même dans
la vie intra-utérine, comme les sept exemples qu’il donne le montrent.
J’ai été prêtre exorciste dans le diocèse de Fréjus-Toulon (Mgr
Dominique Rey) de 2005 à 2014 et j’ai reçu des centaines de personnes en
souffrances diverses et pour des causes souvent mélangées,
psychologiques et maléfiques. Plusieurs cas rencontrés dans mon
ministère en France et à l’étranger m’ont alerté sur la question du
Rituel utilisé lors du baptême des petits enfants. Ces cas sont les
suivants.1. Cas de Michel
J’ai rencontré Michel pendant une
session de l’Emmanuel à Paray-le-Monial, l’été 2006. Il s’était présenté
au service « écoute » pour demander une prière de délivrance. Très
rapidement, les responsables de ce service se sont rendu compte que
c’était un cas sérieux. Un entretien avec lui m’a montré qu’il souffrait
de différents troubles depuis longtemps et cela sans explication
d’ordre médical. Dès que j’ai commencé à prier pour lui, des
manifestations se sont produites (gesticulations, cris…).
J’ai demandé à Mgr Benoît Rivière,
évêque d’Autun, la permission de pratiquer une prière d’exorcisme. Trois
temps de prière ont été pratiqués avec un autre prêtre et trois laïcs
expérimentés. Ils ont été très mouvementés et éprouvants. Il semble
qu’ils aient abouti à une délivrance au moins partielle. L’origine de
ces troubles semble avoir été une forme de « consécration » faite sur
lui au moment de sa naissance : il a été difficile d’en savoir plus… car
ces rites (vécus aux Antilles) doivent rester secrets. On peut craindre
qu’il s’y mêle des pratiques relevant de la sorcellerie.
Michel est né aux Antilles en 1969, il
est de race noire. Engagé dans l’armée, il s’est marié en 1995 et il a
deux enfants. Il a été baptisé en 1970 à la Martinique probablement
selon le nouveau Rituel entré en vigueur en 1969.
Comment se fait-il que cette « consécration » maléfique n’ait pas été neutralisée lors de son baptême ?
2. Cas de Christine
Elle est née en 1971 et a été baptisée
en 1972, selon le nouveau Rituel. Son milieu familial était très pauvre à
tous points de vue ; elle était le fruit d’un adultère de sa mère. Sa
vie a été perturbée dès son enfance et elle a eu un parcours personnel
désordonné. Je l’ai rencontrée la première fois en juillet 2006 ; lors
des exorcismes, les manifestations du démon ont été très violentes. Lors
du vingt-neuvième exorcisme, en février 2007, le démon a dit : « Je suis venu en elle dès sa naissance, parce que sa mère la haïssait… elle n’était pas de son mari. »
Une sœur présente à la prière a confirmé par charisme qu’un esprit de
haine l’avait possédée dès sa naissance ; elle était donc victime de
cette possession depuis ce moment-là.
Comment se fait-il que Christine n’ait pas été libérée de cet esprit de haine lors de son baptême ?
3. Cas d’Albert
Ce jeune garçon âgé de 13 ans en février
2008, a été baptisé et élevé dans une famille catholique pratiquante ;
il a commencé le catéchisme en 2005 mais, rapidement, a refusé de
continuer ainsi que d’accompagner sa famille à la messe du dimanche. Son
milieu familial est tout à fait normal et paisible. Albert a une sœur
plus âgée et un frère plus jeune. Le comportement de cet enfant a
toujours posé problème pour ses parents : accouchement très difficile
(trois tours de cordon autour du cou), bébé criant souvent, mauvais
sommeil. Très jeune, il avait de fortes impulsions de violence, prenait
facilement un couteau pour menacer ses proches. On l’a surpris prenant
en cachette un chiot pour le martyriser. Le problème s’est aggravé quand
il a été surpris à l’école se livrant à des attouchements sur ses
camarades ; plus grave, il a sollicité un jeune cousin pour une
tentative de fellation. Ses parents ont été très déconcertés, car ce
genre de gestes ne pouvait pas lui avoir été suggéré par son
environnement habituel.
Sa mère s’est alors souvenue qu’elle
avait subi une agression sexuelle grave alors qu’elle était enceinte de
cinq mois de ce garçon. Cette agression s’est consommée dans un viol. Il
est probable qu’un esprit d’impureté s’est emparé de l’enfant à
l’occasion de ce viol, ce qui expliquerait en partie son comportement
déviant. Cela m’a été confirmé par le résultat de la prière de
délivrance que j’ai faite pour lui : les comportements déviants d’Albert
ont complètement disparu.
Comment se fait-il que lors de son baptême cette emprise d’un esprit impur n’ait pas été éliminée ?
4. Cas d’Étienne
Étienne est né en 1975 dans une famille
catholique. Pratiquement, depuis sa naissance, il souffre de troubles
inexpliqués par la médecine : obsession de blasphèmes, fortes angoisses,
insomnies, pulsion de haine contre sa mère, pulsion de mort. Dès sa
puberté, il a été saisi par une frénésie de jouissance sexuelle. À 16
ans, il fait une rencontre du Christ et se convertit : les troubles
subsistant, il est pris en charge successivement par plusieurs prêtres
exorcistes. Ces exorcismes sont très violents et manifestent un
véritable cas de « possession » depuis sa vie dans le sein de sa mère :
cet état a été reconnu par son évêque. L’origine de cette emprise
s’explique alors par les agissements criminels d’un oncle, prêtre d’une
secte satanique, qui a pratiqué un rituel de sorcellerie contre son
neveu à sa naissance. Le baptême reçu à quelques semaines a été sans
effet sur ces « liens ». (On parle d’« emprise maléfique » ou de « lien
maléfique » lorsqu’on constate que le sujet est sous l’emprise ou la
suggestion quasi permanente d’un ou plusieurs démons ; cet état est
différent de la « tentation » qui est une attaque ponctuelle. On parle
d’« obsession maléfique » lorsque l’emprise agit au niveau psychique ou
mental, et de « vexation » lorsqu’elle s’exerce directement sur le
corps).
5. Une famille m’amène
un enfant de 7 ans d’origine coréenne et de milieu païen ; ils l’ont
adopté alors qu’il avait 4 ans et l’ont fait baptiser peu après. Cet
enfant souffre de troubles inexpliqués qui disparaissent après une
prière de délivrance. Ils sont nombreux aujourd’hui les enfants adoptés
en Europe, provenant de pays lointains et dont on ignore tout de leurs
origines humaines et religieuses ; ils sont souvent nés dans le
paganisme local et peuvent être sous une emprise maléfique. Les
exorcismes du baptême devraient les délivrer, ce qui n’est pas le cas.
6. Cas des « pays de mission »
J’ai exercé mon ministère plusieurs
années au Sénégal : dans ces pays (Afrique, Asie) il est fréquent que
l’on baptise des enfants de parents non baptisés eux-mêmes (problème de
la polygamie) ou chrétiens depuis seulement une ou deux générations. Les
ascendants païens de ces enfants ont certainement touché à la
sorcellerie et ont contracté des liens maléfiques : ces liens passent
quasi obligatoirement sur les descendants et de préférence sur les
petits enfants. Il est donc primordial pour ces pays que le Rituel du
baptême comporte des exorcismes explicites. J’ai pu le constater
moi-même lors d’une session à Lomé (Togo).
7. Les agissements des membres des sectes sataniques
Michela, dans son témoignage de conversion après des années passées dans une telle secte, s’exprime : « Des
gynécologues et obstétriciens travaillant dans les hôpitaux faisaient
partie de la secte (satanique) : ils y pratiquaient la consécration à
Satan de tous les nouveau-nés à l’instant même où ils venaient au monde,
en utilisant le sang du placenta. Personne ne pouvait s’en apercevoir
parce que les formules étaient prononcées mentalement et qu’aucun rite
ou geste particulier n’était nécessaire » (Michaela, J’ai quitté Satan, préface du cardinal J.S. Martins, Éd. Bénédictines, 2009, page 96).
Ces sept exemples mettent en lumière une influence démoniaque dès la naissance et même intra-utérine.
Les faiblesses du Rituel
Les enfants concernés ont été baptisés
selon le Rituel rénové d’après le concile Vatican II. Celui que j’ai
entre les mains a été promulgué le 15 mai 1969 par la Congrégation pour
le culte divin et la discipline des sacrements et signé par le cardinal
Gut, préfet, et A. Bugnini, secrétaire. On peut légitimement se poser la
question : « Comment se fait-il que les exorcismes prévus lors du
sacrement du baptême n’aient pas délivré ces enfants de ces emprises
maléfiques ? ».
Si nous examinons le Rituel de 1969, on peut noter ce qui suit.
Dans le paragraphe intitulé « Prière d’exorcisme et de délivrance » on lit :
124. Le célébrant dit : « Père
tout-puissant, tu as envoyé ton Fils unique dans le monde pour délivrer
l’homme, esclave du péché, et lui rendre la liberté propre à tes fils ;
tu sais que cet enfant comme chacun de nous, sera tenté par les
mensonges de ce monde et devra résister à Satan ; nous t’en prions
humblement : par la Passion de ton Fils et sa Résurrection, arrache-le
au pouvoir des ténèbres ; donne-lui la force du Christ, et garde-le tout
au long de sa vie. Par Jésus le Christ, notre Seigneur. Amen. »
On connaît la tradition ininterrompue de
l’Église catholique concernant les prières d’exorcisme avant le baptême
: Clément d’Alexandrie, Tertullien, Hippolyte de Rome, Cyprien de
Carthage, Cyrille de Jérusalem, Jean Chrysostome, Augustin. On peut dire
qu’il y a un « consentement unanime des Pères sur ce sujet ».
J’ai moi-même constaté sur un cas difficile que le seul rite du baptême
donné à un adulte ne provoque pas la libération de la personne (On
constate d’expérience que les liens maléfiques résistent aux sacrements :
un baptisé peut pratiquer régulièrement les sacrements de pénitence et
d’Eucharistie et conserver des « liens » contractés avant sa conversion.
Lorsqu’un adulte fait l’expérience d’une conversion et d’une rencontre
personnelle parfois forte avec Jésus Seigneur et Sauveur et s’il est
baptisé catholique, l’Esprit Saint lui révèle à la fois son état de
pécheur et la surabondance de la Miséricorde du Seigneur. Il se tourne
alors spontanément vers le prêtre pour recevoir cette Miséricorde :
celui-ci après l’avoir écouté et exhorté, lui donne l’absolution.
Cependant, l’expérience montre que quelques mois après, le sujet retombe
dans le péché grave. Cela peut avoir simplement comme cause sa
faiblesse spirituelle, un manque de persévérance dans la prière et les
sacrements. Mais cela peut avoir une autre cause : dans le cas où la
personne a « pataugé » dans la boue des péchés mortels pendant des
années (addictions diverses par exemple), non seulement elle a perdu la
grâce sanctifiante de son baptême, mais encore elle a sans doute
contracté des « liens » maléfiques avec divers démons. Ces liens n’ont
pas été rompus par la seule « absolution ». Il faut nécessairement que
le prêtre complète ce pardon par une prière de délivrance spécifique.
Sinon, il n’aura fait que la moitié de son travail et le pénitent va
retomber peu de temps après. Peu de prêtres, hélas, sont au courant de
ce problème. J’ai eu le cas d’un catéchumène de 40 ans environ gravement
possédé par une vie très désordonnée pendant vingt ans et par
l’influence d’ascendants liés à la franc-maçonnerie. Une année
d’exorcismes a précédé son baptême mais il a fallu les renouveler
pendant une quinzaine de mois après son baptême et la célébration de
celui-ci a été très mouvementée). On peut en conclure qu’une prière
spécifique d’exorcisme est nécessaire non seulement pour les adultes
mais également pour les petits enfants qui ont pu être victimes de liens
avant ou juste après leur naissance.
Par ailleurs, si on consulte l’ancien
Rituel du baptême (celui que j’ai en main est daté de 1956), on constate
qu’il comporte deux longs exorcismes à la forme impérative et un
exorcisme impératif sur le sel que l’on déposera ensuite sur la bouche
de l’enfant. Il est évident, si l’on compare les deux Rituels, celui de
1956 et celui de 1969, que les prières d’exorcisme, pourtant portées par
une très longue tradition, ont presque disparu du nouveau Rituel. Nous
sommes devant « une rupture de tradition ». Le pape Paul VI lui-même
s’est exprimé sur ce sujet dans son intervention du 15 novembre 1972 : « Dans
la liturgie du baptême, on a raccourci les exorcismes. Je ne sais pas
si ce fut là chose très réaliste et très bien trouvée (una cosa molto realistica e molto indovinata). » (Le démon, mythe ou réalité,
René Laurentin, Fayard, 1991, p. 155). Le terme « raccourci » est
minimaliste par rapport à la réalité, car toute trace de prière
impérative a disparu, et le sens de la prière du n° 124 n’est pas
vraiment explicite d’un exorcisme.
On a souvent peu conscience des
terribles dégâts que provoquent des liens maléfiques sur la personne :
douleurs corporelles, perturbations psychiques, difficultés
relationnelles… c’est l’ensemble de la vie de la victime qui est
atteinte dans sa santé physique et psychique, ses relations familiales,
professionnelles, sentimentales. Et quand cela dure pendant des années,
j’ai pu constater que c’était très lourd à porter pour l’intéressé et
son entourage. Certes, les cas cités sont relativement exceptionnels
mais je constate qu’ils ne sont pas rarissimes ; en conséquence de la
paganisation croissante de notre société, ils risquent d’être de plus en
plus nombreux. Par ailleurs, ils sont certainement nombreux en pays
dits « de missions », Afrique, Amérique du Sud, Asie. Si l’on réfléchit
que des millions d’enfants reçoivent le baptême catholique chaque année
selon ce rituel probablement déficient, on mesure l’ampleur du problème.
Ce n’est pas un détail !
Comment faire face à cette situation ?
J’ai voulu avertir les responsables de
ces questions à Rome, plus exactement le Préfet de la Congrégation pour
le culte divin et la discipline des sacrements. Plusieurs tentatives
sont restées sans résultat et c’est seulement au mois de mai 2016 que
j’ai obtenu une réponse du cardinal Robert Sarah, nouveau Préfet de
cette Congrégation. Celui-ci me fixa un rendez-vous à Rome au siège de
la Congrégation. Je compris que le cardinal Sarah recevait favorablement
mes remarques et qu’il les faisait siennes. Cependant, la charge de
travail actuel de la Congrégation ne lui permettait pas d’envisager une
réforme du Rituel du baptême des petits enfants dans l’immédiat. À ma
question : « Alors, Éminence, que faire ? », il me répondit : « Avertissez les évêques ».
Rentré en France, j’ai rencontré Mgr Guy
de Kerimel, évêque de Grenoble, responsable pour la CEF des questions
touchant à la délivrance et à l’exorcisme. Il semble avoir bien compris
le problème et m’a assuré qu’il transmettrait ces remarques à la
Commission épiscopale en charge de la liturgie. Début juillet 2016, j’ai
rencontré Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon. Celui-ci revenait
du Congrès « Sacra Liturgia » qui venait de se tenir à Londres en
présence notamment du cardinal Sarah. Réfléchissant ensemble, une
solution s’est peu à peu dégagée de nos réflexions : le motu proprio de
Benoît XVI Summorum Pontificum du 7 juillet 2007 libéralise
l’ensemble des Rituels précédant le concile Vatican II et en autorise
l’usage, en particulier le Rituel du baptême des petits enfants. Pour le
monde francophone, ce Rituel, latin-français, date de 1956 et porte les
références suivantes : Rituale parvum ad usum diocesium gallicæ linguæ, Maison Mame.
Tout curé, conscient des déficiences du
rituel de 1970, peut donc utiliser ce rituel de 1956 ou 1962 sans
autorisation particulière.
Une nouvelle édition de ce rituel est prévue par l’abbaye Sainte Madeleine du Barroux mais pas avant 2017 ou 2018.
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Source : http://mk-polis2.eklablog.com
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