
Après une réunion
discrètement organisée le mois dernier à la faculté de médecine de
Harvard, des chercheurs annoncent publiquement dans la revue Science
leur volonté de créer un génome humain synthétique. Un projet
controversé en raison des nombreuses interrogations éthiques qu’il
suscite.
Des chercheurs américains ont dévoilé le 2 juin un projet visant à créer un génome humain synthétique qui pourrait révolutionner la biotechnologie mais suscite des inquiétudes sur le plan éthique.
La description de ce projet baptisé Human Genome Project-Write ou HGP-write est publiée dans la revue Science
et a déjà déclenché des critiques de plusieurs scientifiques sur son
éthique en raison de sa capacité potentielle de créer des enfants sans parents biologiques.
Des chercheurs ont également dénoncé le secret qui avait entouré une
réunion le mois dernier à la faculté de médecine de Harvard par les
initiateurs pour discuter du projet avec une centaine de scientifiques.
Selon les 25 promoteurs de HGP-write dont George Church, professeur de génétique
à la faculté de médecine de Harvard et Jef Boeke, du Centre médical
Langone de l'Université de New York, cette initiative devrait résulter
en de nombreuses avancées scientifiques et médicales en permettant de
pouvoir fabriquer de grandes parties d'ADN à un coût fortement réduit.
« Les applications potentielles des résultats de HGP-write sont notamment la possibilité de créer des organes humains pour des transplantations et de produire des lignées de cellules résistantes à tous les virus et cancers », écrivent ces chercheurs. Selon eux, « il sera aussi possible de fortement accélérer la production de vaccins et de développer des médicaments en utilisant des cellules humaines et des organes synthétiques. »

Le génome humain synthétique pourrait permettre de créer des embryons sans parents biologiques. © Inara Prusakova, Shutterstock
Un projet coûteux qui soulève des questions d’éthique
Ce projet, qui sera piloté par une organisation à but non-lucratif appelée Center of Excellence for Engineering Biology,
cherchera à lever 100 millions de dollars cette année auprès de
différentes entités publiques et privées, selon un communiqué. Mais ses
promoteurs n'ont pas donné d'estimation de son coût ultime qui pourrait,
selon des estimations, dépasser le milliard de dollars.
En réponse aux inquiétudes que pourraient soulever
leur plan, ces chercheurs insistent sur la nécessité d'impliquer le
public citant les implications éthiques, légales et sociales de cette entreprise. « Nous faciliterons de larges échanges sur HGP-write », écrivent-ils.
Mais loin d'être satisfaits, Drew Endy, un
bio-ingénieur de l'université Stanford (Californie) et la professeur de
religion Laurie Zoloth de Northwestern University (Illinois) ont estimé jeudi que les questions éthiques auraient dû être soulevées avant de lancer un tel projet.
« Avant le lancement d'un tel projet avec des implications éthiques et
théologiques aussi énormes, il est nécessaire de poser les questions
fondamentales en commençant par le fait de savoir si et dans quelles
circonstances nous devrions faire de ces technologies une réalité », écrivent-ils, cités par le New York Times.
Source : http://www.futura-sciences.com
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