Tous les 27
millions d’années, un désordre se produirait dans la ceinture de Kuiper,
envoyant une armada de comètes qui provoqueraient des extinctions
massives sur Terre. L’hypothétique neuvième planète aurait le profil du
coupable, affirment aujourd'hui des astronomes.
Nous sommes encore loin de bien connaître notre Système solaire. Régulièrement en effet, des astéroïdes et des comètes sont découverts, dont une partie, les géocroiseurs, se promène dans les parages de notre planète (le satellite Wise en a débusqué 250 de plus ces deux dernières années). D'autres objets, plus lointains, occupent la ceinture de Kuiper, ce sont les KBO, pour Kuiper Belt Objects.
Depuis peu, on soupçonne la présence d'un très gros KBO, en fait une neuvième planète, loin au-delà de Neptune et Pluton, comme le suggèrent les orbites excentriques
de plusieurs de ces objets. Les travaux des éminents chercheurs
Konstantin Batygin et Mike Brown, du Caltech, publiés le 20 janvier
dernier, pointent sur l’existence de cette hypothétique planète X. Le KBO uo3L91, qui vient de s’ajouter, conforte cette hypothèse : « Il est exactement là où la planète neuf nous indique qu’il devrait être », a tweeté Mike Brown, le 24 mars. La chasse a donc repris de plus belle.
Selon leur portrait-robot, avec une masse estimée à 10 fois celle de la Terre, elle devrait ressembler à une géante glacée, comme Uranus
ou Neptune. Entre 10.000 et 20.000 ans lui seraient nécessaires pour
accomplir une révolution complète, à plusieurs centaines de fois la
distance qui sépare la Terre du Soleil (l'unité astronomique, ou UA).

Délogées
de la ceinture de Kuiper tous les 27 millions d’années en moyenne, des
armées de comètes feraient irruption dans le Système solaire interne.
Certaines percuteraient les planètes rocheuses et d’autres se
désintégreraient à l’approche du Soleil. © Nasa, JPL-Caltech
Un bombardement de comètes tous les 27 millions d’années
Pour le professeur Daniel P. Whitmire, de l’université de l’Arkansas, si cette lointaine neuvième planète existe, son profil en fait le coupable idéal pour la plupart des extinctions de masses survenues sur Terre lors des 250 derniers millions d’années, voire 500 millions. Ces catastrophes auraient été déclenchées par des armées de comètes qui, expulsées de force de leurs quartiers résidentiels habituels – dans la ceinture de Kuiper –, ont fait irruption dans le Système solaire interne, occasionnant de nombreux dégâts sur les planètes rocheuses, ou voilant la lumière du Soleil en se désintégrant à son approche.
De telles invasions se produiraient en moyenne tous
les 27 millions d’années, comme le précisent plusieurs enquêtes basées
sur l’âge des cratères terrestres. Dans ce scénario, l’impacteur qui a contribué à la disparition des dinosaures
il y a 65 millions d’années, devait être l’une d’elles. La dernière
série daterait d’environ 11 millions d’années. Nous aurions donc encore
16 millions d’années devant nous avant une nouvelle salve de comètes (l'humanité aura peut-être déménagé d’ici là…).
L’idée n’est pas nouvelle. Il y a 30 ans, Daniel Whitmire et son collègue John Matese publiaient déjà dans la revue Nature,
une étude sur des perturbations gravitationnelles régulières dans les
régions lointaines du Système solaire, susceptibles de désorbiter un
certain nombre de corps célestes. Ils faisaient à l’époque trois
propositions pour expliquer ce désordre :
- le Soleil a un compagnon caché (après tout, les étoiles doubles sont fréquentes) ;
- il existe des régions plus denses dans le plan de la Voie lactée au sein duquel chemine notre étoile au gré de la houle galactique, c'est-à-dire des ondulations dans le plan de la galaxie ;
- une planète X bouscule le monde des transneptuniens.
Les
deux premières hypothèses ne s’accordant pas avec les enregistrements
paléontologiques, seule la dernière a résisté. Les indices et modèles
mis en avant par Brown et Batygin ont donc logiquement relancé la
possibilité d’un lien entre cette géante gazeuse et les comètes
qui viennent s’aventurer dans le voisinage du Soleil tous les 27
millions d’années. Toutefois, il y a 30 ans, Whitmire et Matese
supposaient une planète qui aurait entre une et cinq masses terrestres,
et située à environ 100 UA, donc moins massive et plus proche que la
neuvième planète telle qu'on la suppose actuellement.
« Ce qui est vraiment excitant est la
possibilité qu’une planète lointaine puisse avoir une influence
significative sur l’évolution de la vie sur Terre » a déclaré l’auteur principal de l’article scientifique, publié dans Monthly Notices of the Royal Astronomical Society.
Source : http://www.futura-sciences.com
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