Les banques européennes au coeur de la tourmente boursière


Les banques européennes sont fragilisées par le ralentissement économique et perdent des plumes en Bourse. Pour certains analystes, elles sont tout aussi fragiles qu'en 2008 et risquent de souffrir encore plus.

Elles sont au coeur du cyclone boursier qui fait chuter les actions depuis le début de l'année. Les banques mondiales décrochent et inquiètent, tout particulièrement en Europe où elles ont un rôle essentiel à jouer pour soutenir la reprise. Lundi, plusieurs banques italiennes perdaient entre 9 et 11%. En Grèce, les chutes s'échelonnaient entre 17% et 30%. 

Les banques du sud de l'Europe ne sont pas les seules à souffrir. Après une année 2015 catastrophique, la Deutsche Bank a perdu 40% de sa valeur depuis le 1er janvier, et a publié un communiqué pour affirmer qu'elle avait les moyens de payer ses dettes. Pour le n°2 allemand Commerzbank, c'est -30%. En France, même si BNP Paribas a publié d'excellents résultats, son action affichait -3,60% à 16h30 ce mardi, la Société générale perdant 4,38% et le Crédit agricole 4,47%. 

Les banques font plonger le CAC 40

Selon Le Monde, ces trois grandes banques françaises ont perdu près de 38% de leur valeur depuis le début de l'année, tandis que le CAC 40 se contentait de perdre 18%. Le Crédit agricole et la BNP seraient particulièrement exposés au secteur pétrolier sinistré par la baisse du prix du baril, selon les analystes de Képler-Chevreux cités par Le Monde. Dans un système interconnecté, de telles fragilités font craindre une épidémie de faillites bancaires, comme celle qui a déclenché la crise de 2008. Malgré tous les efforts faits pour consolider le secteur dans l'Union européenne. 


Deustche Bank sera-t-elle le Lehman Brothers de 2016? $DB
"On nous présente désormais un système bancaire européen plus solide qu'en 2008 mais le montant des dérivés détenus par ces mêmes établissements n'a-t-il pas dépassé les plus hauts de 2008?", s'interroge pour L'Express Nicolas Chéron, stratégiste marché pour le spécialiste du trading CMC Markets France. "La Deutsche Bank détient par exemple cinquante fois plus en produits dérivés qu'en fonds propres. Toutes les banques européennes détiennent de la même façon des investissements en levier," ajoute-t-il. 

Nettoyer une partie du système bancaire?

Pour assurer leur rentabilité, les banques disposent en effet de deux instruments: les crédits qu'elles font à leurs clients et les investissements qu'elles font sur les marchés. Mais des deux côtés, cela ne leur rapporte plus assez. Les emprunteurs ne se bousculent pas, puisque l'activité peine à redémarrer, et les taux bas imposés par les banques centrales ne leur permettent pas de se rémunérer autant que le souhaiteraient leurs actionnaires. 

"Je ne comprends pas cette politique de taux négatifs", s'interroge pour L'Express l'économiste Véronique Riches-Flores, mettant en question la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). "C'est une stratégie contre les banques, à qui on met une taxe pour les forcer à prêter. Mais quand elles prêtent, les taux de moins en moins intéressants les incitent à prendre de plus en plus de risques. C'est à se demander si la BCE ne cherche pas à nettoyer une partie du système bancaire!" 

600 000 postes disparus depuis 2008

"Le quantitative easing de la BCE ne marche pas", tranche Nicolas Chéron, "il n'y a pas de reprise européenne". Dans cette mesure, "il suffirait d'un nouvel élément, comme la faillite d'une ou plusieurs des banques italiennes les plus endettées, pour qu'on ait une crise systémique comme en 2008", assure-t-il.  

"En 2008 il fallait sauver à tous prix le secteur bancaire. Beaucoup d'argent a été injecté, mais les banques ont continué à travailler de la même façon, rien n'a évolué!", résume-t-il. Si la plupart des banques ont survécu, on ne peut pas en dire autant des emplois. 600 000 postes ont disparu depuis 2008 dans le secteur bancaire mondial, selon les calculs de Bloomberg. "Il y a aussi des questions sur l'avenir de la banque en général face aux technologies digitales", relève Véronique Riches-Flores. 
"Les risques de mauvaises nouvelles augmentent"


Entreprises au service du fonctionnement de l'économie, les banques sont en première ligne en cas de crise. "Les risques de mauvaises nouvelles augmentent d'un cran", commente Véronique Riches-Flores. "Dans un marché baissier, l'élément déclencheur de la crise peut provenir des banques européennes. Mais, il peut venir aussi des Etats-Unis ou du Japon." Qu'importent d'où viennent les nuages noirs, les investisseurs ont sorti leurs parapluies. 

Commentaires

  1. Anonyme15.2.16

    la banque WIR existe depuis 80 ans, et va être exercée en Bretagne
    la Banque des peuples voir Michaël Tellinger

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