Les substituts du Bisphénol A tout aussi inquiétants ?


Des études pointent que les bisphénols S et F notamment perturberaient également le système endocrine. Pour le toxicologue de la reproduction René Habert, il y aurait urgence à réglementer.
Le Bisphénol A (BPA) est un perturbateur endocrinien interdit en Europe dans les biberons depuis 2011, et en France, depuis 2015 dans tous les contenants alimentaires. "Mais ses substituts les plus couramment employés, les Bisphénols S (BPF) et bisphénols F (BPF), sont tout aussi inquiétants", pointe aujourd'hui le professeur René Habert, toxicologue de la reproduction au CEA, et professeur à l’université Paris Diderot. 

Le chercheur a présenté vendredi 22 janvier, à l'Institut Pasteur de Paris, une somme de travaux sur les effets du Bisphénol A et de ses substituts. Il intervenait dans le cadre d'un colloque dédié aux perturbateurs endocriniens et organisé par l'Anses et le ministère de l'Ecologie. "Ces bisphénols devraient être réglementés comme des perturbateurs endocriniens", assure le chercheur du CEA. La famille des bisphénols –très appréciée par les industriels qui en tapissent les canettes par exemple– comprend une vingtaine de produits aux effets encore mal connus. 

"Nous ne disposons que de 89 articles sur le bisphénol S par exemple, contre 9.663 pour le BPA",  détaille le scientifique. Nous n'avons que peu de données, mais 90% d'entre elles vont dans ce sens". Ce serait un signal suffisamment inquiétant, selon lui, pour exiger une réglementation.

Testostérone, obésité, et hyperactivité


"Une étude du CEA montre ainsi une baisse de la testostérone dans les testicules fœtaux humains exposés à une faible concentration de BPA comme de BPF", explique-t-il. Un  travail de l’Inserm et de l’Inra pointe le fait que le bisphénol S favorise l’obésité chez les souris mâles. Une troisième étude mesure l’hyperactivité des petits poissons zèbres exposés à ces substituts, etc. 

"Dans la mesure où tous ces bisphénols ont une structure moléculaire proche, il n'y a aucune raison d'en réglementer certains et pas d'autres", explique le chercheur. René Habert -un des nombreux experts consultés par l'Agence sanitaire de la santé environnementale et du travail (Anses)- souhaiterait que tous les bisphénols soit classés comme des perturbateurs endocriniens potentiels, étudiés comme tels, et que l’exposition de la population soit mesurée. "Pour le moment, les industriels n’ont aucune obligation de les déclarer, explique-t-il. 

Nous ne savons même pas exactement dans quoi ils en mettent." Pour le chercheur : "Nous sommes face à une montagne Il n’est plus temps de travailler par molécules. Il faut raisonner par classes". En revanche, la recherche devrait se donner le temps, selon lui, de comprendre quels sont les mécanismes du BPA ou des molécules de sa famille. "Nous ne savons toujours par quelles voies cellulaires il entre et se fixe", regrette t-il.

Commentaires

  1. Anonyme29.1.16

    Le Bisphénol a se trouve aussi dans nos dents le fameux COMPOSITE.Merci pour toutes vos divulgations très utiles afin de s'informer

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