Wolfgang Schäuble: pour le ministre des Finances allemand, "la France serait contente que quelqu’un force le Parlement à voter de dures réformes".


La France aime-t-elle être contrainte? Wolfgang Schäuble, peu accoutumé à la langue de bois, semble en tout cas le penser. Le ministre des Finances allemand a assuré jeudi 16 avril depuis Washington que "la France serait contente que quelqu'un force le Parlement" à voter de dures réformes.
"La France serait contente que quelqu'un force le Parlement, mais c'est difficile, c'est la démocratie", a-t-il dit lors d'un débat dans la capitale américaine, après avoir évoqué les réformes selon lui "très réussies" menées en Espagne sous la supervision de la troïka. La croissance y est repartie en 2014 (1,4%) après cinq ans de récession ou de croissance nulle mais le pays reste marqué par la cure d'austérité et un chômage encore trop élevé (23,7%).

"De longues histoires à raconter"

La "troïka", terme tombé en disgrâce en raison du rejet par les Grecs de cette organisation, désigne un groupe de hauts fonctionnaires de la Banque centrale européenne, du Fonds monétaire international, et de l'Union européenne, qui contrôle la mise en oeuvre de réformes dans les pays européens bénéficiant d'une aide internationale.

Des termes qui n'ont visiblement pas plu à Michel Sapin. "La France déteste qu'on la force", a sèchement répondu vendredi le ministre des Finances à son homologue allemand. Même son de cloche du côté du premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, qui a dénoncé "la francophobie insupportable et inacceptable" du ministre des Finances allemand. "La francophobie de Wolfgang #Schäuble est insupportable, inacceptable et contre-productive", a déclaré le patron du PS sur Twitter.

Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle de 2012, a de son côté estimé que Wplfgang Schäuble devait "présenter des excuses au peuple français". Ses propos "illustrent la nouvelle arrogance allemande à l'heure où elle domine l'Europe qu'elle met en coupe réglée" selon Jean-Luc Mélenchon, qui qualifie le ministre allemand d'"odieux personnage, responsable de douze millions de pauvres en Allemagne, d'une économie minée par le vieillissement d'une population sans appétit d'avenir, le recul de l'espérance de vie et le délabrement général des équipements publics".

Vice-président du Front national, Florian Philippot estime pour sa part que les déclarations de Wolfgang Schäuble "compromettent gravement l'honneur de notre pays". Pour le FN, le gouvernement "doit immédiatement convoquer l'ambassadeur d'Allemagne à Paris et exiger des excuses officielles de Mme Merkel en personne, devant ce qui apparaît comme un acte intolérable d'hostilité".

"Si vous en parlez avec mes amis français, que ce soit (le ministre des Finances) Michel Sapin ou (de l'Economie) Emmanuel Macron, ils ont de longues histoires à raconter sur la difficulté à convaincre l'opinion publique et le Parlement de la nécessité de réformes du marché du travail", avait dit auparavant Wolfgang Schaüble, chantre de la discipline budgétaire.

Au-delà de la France, c'est la Grèce qui a dominé les débats jeudi lors des réunions de printemps à Washington du FMI et de la Banque mondiale, Athènes affirmant sa volonté d'engager des réformes face à des partenaires de plus en plus crispés. Le ministre grec des finances Yanis Varoufakis a assuré de la volonté de son gouvernement de mener à bien les réformes exigées par ses créanciers pour qu'ils débloquent une tranche d'aide de 7,2 milliards d'euros.

Moscovici veut des économies "structurelles"

De son côté, le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici veut s'assurer que les économies que vient de promettre la France pour 2015 sont bien "structurelles", a-t-il dit jeudi à l'AFP. Nous allons "nous assurer que ce sont des économies de nature structurelle", a déclaré M. Moscovici en marge des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington.

"La discussion que nous aurons avec le gouvernement français, c'est sur la nature structurelle ou non des économies en cause", mais "il n'y a plus d'écart sur le montant ou sur la volonté de faire", a indiqué le commissaire européen. Il a par ailleurs promis de "prendre en compte les chiffres meilleurs qu'espéré de l'exécution du budget 2014".

La France a accusé l'an dernier un déficit public équivalent à 4% de son Produit intérieur brut, moins important que prévu. Les relations entre Bruxelles et Paris se sont détendues depuis l'automne dernier, et la question des sanctions contre le pays, pourtant déficitaire récidiviste, ne se pose plus. "Un dialogue serré est toujours plus pertinent qu'une approche punitive", a estimé Pierre Moscovici.

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