L'œil (vraiment) bionique sera imprimé en 3D


Ce n’est encore qu’un doux rêve, mais des ingénieurs planchent sur la prochaine génération d'œil bionique. Bien loin de la prothèse - déjà impressionnante - de l'Argus 2 qui permet à des quasi non-voyants de retrouver des perceptions visuelles, le projet porté par la société MHOX entre de plein pied dans le transhumanisme, un mouvement qui prône l'amélioration des capacités physiques et mentales de l'homme par les biotechnologies.

À mi-chemin entre le biohacking et la bio-impression 3D, les concepteurs du projet EYE (Enhance Your Eye, littéralement "augmenter votre œil") ont imaginé un globe oculaire qui permettrait par exemple d'augmenter son acuité visuelle sur commande jusqu'à atteindre un score de 15/10, de décider de passer en vision noir et blanc (ou de changer pour n'importe quel filtre), de zoomer, d'obtenir une vision nocturne, et même de se connecter au Web via une puce wifi installée sur le nerf optique, artificiel évidemment. Ultimement, l'EYE pourrait ainsi être utilisé comme des Google glass, filmant, renseignant l'utilisateur sur ce qu'il voit et, en définitive, offrir à ce dernier une vision augmentée dans un monde augmenté.



C'est notamment sur les progrès de la bio-impression 3D que se base ce projet un peu fou. Cette technique cherche en effet à reproduire, par impression 3D, des tissus organiques en prenant comme matière première des cellules vivantes. "Les dernières avancées en bio-impression et en biohacking nous permettent d’imaginer que dans un futur proche il sera facile d’imprimer des tissus organiques, voire des organes entiers, permettant non seulement de remplacer des parties lésées mais aussi d’améliorer les performances "standard" de ces organes" explique Filippo Nassetti, l'un des concepteurs du projet. En prévoyant d'inclure à ces structures organiques des dispositifs technologiques miniaturisés, le champ des possibles du transhumanisme s'élargit de façon vertigineuse.

Le projet implique évidemment une opération chirurgicale pour remplacer le globe oculaire des intéressés. L'idée est alors d'installer ce que les concepteurs appellent un Deck, une technologie installée pour faire le lien entre le cerveau et l'organe visuel. Une sorte de rétine artificielle, véritable matrice de l'œil augmenté sur laquelle viendrait se fixer l'un des trois modèles d'œil bionique imaginés par les concepteurs, du plus "basique" au plus perfectionné. L’idée est en effet de proposer soit un dispositif médical palliant une déficience visuelle induite par une maladie, soit un outil sophistiqué de perfectionnement de la vue humaine pouvant être amélioré par le biais de dispositifs technologiques externes miniaturisés.

"Si selon nous, l'impression 3D d'un être humain entier est, pour des raisons techniques, encore loin d'être réalisable, nous croyons que la bio-impression 3D d'organes fonctionnels est un sujet tout à fait contemporain dont nous devons nous saisir", explique Filippo Nassetti. Evidemment, le projet est encore très loin de voir le jour et la multitude de défis techniques qu'il s'agisse de biocompatibilité des matériaux, de l'opération chirurgicale consistant à connecter une sorte de super rétine bio-artificielle au cerveau, sont encore loin d'avoir été relevés. À titre d'exemple, et malgré les progrès, il reste encore difficile de créer des tissus de peau fonctionnels et implantables par impression 3D.


De leur côté, les concepteurs sont convaincus que cet œil bionique pourrait arriver sur le marché à l’horizon 2027. Mais pour l'instant, si le projet est impressionnant, c'est surtout sur le papier. 

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