Comment expliquer la forte hausse des faillites d'entreprises cotées aux Etats-Unis au premier trimestre?


Aux Etats-Unis, 26 sociétés cotées ont fait faillite au cours du premier trimestre de cette année, dont 6 avaient plus de 1 milliard de dollars d’actifs. Au total, elles cumulaient 34 milliards de dollars d’actifs, le second montant le plus élevé pour un premier trimestre, après celui de 2009, qui avait suivi la crise financière, et au cours duquel 102 milliards d’actifs ont été dissous. L’année dernière, à la même époque, on n’avait enregistré que 11 faillites de sociétés cotées.


Selon Richter, c’est à une trop grande propension à s’endetter dans une économie chancelante qu’il faut attribuer ce phénomène.

La plus grande société à avoir fait faillite au cours du premier trimestre de cette année, Caesars Entertainment, opérait des casinos. Cela faisait 5 ans qu’elle n’enregistrait plus de bénéfices. « Elle fait partie des zombies de la Corporate America, que l’on a maintenus en vie avec de l’argent frais provenant d’investisseurs qui avaient été rendus presque fous avec la répression de plus de 6 ans que la Fed a exercée sur les taux d’intérêts », écrit Richter.

Il souligne que le secteur pétrolier, dont on sait qu’il a été durement affecté par la chute des cours du pétrole, n’est pas le seul affecté : sur les 15 plus grosses firmes de la liste, seules 6 appartiennent au secteur pétrolier ou gazier, et elles ne font pas partie des plus grosses compagnies de la liste. Le phénomène n’est donc pas imputable à un phénomène spécifique, tel que la chute des cours du pétrole.

Richter observe que beaucoup des entreprises touchées sont celles dans lesquelles les sociétés de private equity (capital-investissement) investissent beaucoup. Or, le fonctionnement de ces entreprises implique qu’elles poussent les sociétés qu’elles rachètent à s’endetter fortement, ce qui les fragilise.

La politique de la Réserve fédérale, qui ces dernières années a injecté des milliards de dollars dans l'économie américaine, a pris fin, et avec cet arrêt, « la réalité est en train de s’imposer après des années de sécheresse, au cours desquelles le débit d’argent de la Fed permettait de maintenir toutes les sociétés à flot, même celles qui fuyaient le plus », écrit Richter.

L’assouplissement qualitatif a pris fin aux Etats-Unis. Le cours des matières premières s’est effondré. Les consommateurs ont des budgets serrés et ils doivent surveiller leurs dépenses. La croissance de la Chine s’est ralentie. Et le risque fait sa réapparition.


Les analystes ne savent pas si les faillites de ce premier trimestre reflètent un problème temporaire, ou si elles marquent le début d'une tendance qui devrait se généraliser sur l'année entière.

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