Allergies, l'épidémie silencieuse


Bousculé par des substances allergènes (pollens, aliments, acariens...), notre système immunitaire réagit de manière inadaptée ou excessive. Enquête de santé, sur France 5, s'intéresse ce soir aux causes et aux conséquences des allergies, épidémie silencieuse, 4e maladie mondiale pour l'OMS.



«Avant les années 80, je voyais un cas d'allergie par mois, depuis 1990, c'est un par jour», constate le professeur Denise-Anne Moneret-Vautrin, allergologue à Épinal. Benoît Thévenet, rédacteur en chef d'Enquête de santé, constate: «En 1960, 3 % de la population souffrait d'allergies respiratoires, aujourd'hui, c'est 30 %. D'ici à vingt ans, les prévisions sont d'un Français sur deux, nous sommes bien face à un problème de santé public.»

Le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) note que la quantité de pollens a plus que doublé en trente ans alors que nous vivons dans un milieu de plus en plus aseptisé. «Notre système immunitaire, comme une armée inutile, commet des exactions et s'attaque aux allergènes qu'il est censé tolérer», explique le professeur Jean-Charles Dalphin, pneumologue. La pollution agit comme un facteur aggravant, car les particules fines servent de véhicules aux allergènes. Ainsi, il faut deux fois moins de pollens pour provoquer une réaction allergique. Or, pour des raisons esthétiques ou économiques, les villes plantent des arbres très allergisants, comme le boulot, le cyprès ou l'olivier.

Face aux aliments, le constat est terrible. Un petit garçon est mort à la cantine pour 2 grammes de fromage de brebis, d'autres s'évanouissent pour des traces de noix... Le professeur Moneret-Vautrin poursuit: «La complexité des aliments industriels modifie le pouvoir allergénique des ingrédients naturels». A contrario, la stérilisation ôte aux produits toutes ses bactéries, même les bonnes. L'enfant fabrique sa tolérance aux allergènes quelques mois après sa naissance, d'où l'importance de la diversification alimentaire et des contacts, jeunes, aux divers allergènes.


La désensibilisation progressive à l'hôpital est une solution efficace pour certains patients seulement. Le patch Viaskin, commercialisé par DBV Technologies en 2017, permettra de réintroduire progressivement l'aliment allergène cacahuète. Une facilité et un espoir pour quelques allergiques seulement.

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