Une résidence secondaire à moins de 50.000 euros, c'est désormais possible


L'offre est pléthorique sur le marché. A la campagne, certaines maisons en bon état partent pour quelques dizaines de milliers d'euros seulement.

Dans certains coins de France, une maison de campagne ne coûte plus que quelques dizaines de milliers d'euros. 


S'offrir un petit coin de paradis à la campagne n'a jamais été aussi facile et abordable. Pour le prix d'une place de parking à Paris, vous pouvez aujourd'hui acquérir une bicoque dans l'arrière-pays. Comme cette maison en bon état de 56 m2, située à deux pas de la petite commune de Clamecy, à 40km au sud d'Auxerre. Son prix : 23.000 euros avant négociation ! "C'est le bon moment d'acheter, l'offre est pléthorique", résume Eric Chatry, co-fondateur de Jerevedunemaison.com.

Le marché des résidences secondaires souffre de deux maux : les effets de la crise actuelle de l'immobilier et le tour de vis fiscal qui pousse les propriétaires à vendre en masse leur maison de vacances. La France n'en manque pas. Avec 3,2 millions de résidences secondaires, le pays est le champion du monde en la matière. Les acheteurs, eux, sont moins nombreux et ils attendent la bonne affaire. Chez Century 21, les résidences secondaires ne représentent plus que 7% des ventes du réseau, contre plus de 10% pendant les années d'euphorie. "La morosité ambiante du pays fait que cet achat, secondaire comme son nom l'indique, a été reporté au profit de l'épargne", confirme Laurent Vimont, président de Century 21. Du coup, les délais de vente se sont allongés. Sur bellesdemeures.com, une référence du secteur, les annonces restent 8 mois en moyenne sur le site, alors qu'avant la plupart des ventes étaient bouclées en moins de 6 mois.

Sans surprise, les prix ont dévissé. Challenges a pu se procurer en exclusivité des données recueillies à l'occasion du baromètre LPI - SeLoger.com qui n'ont pas encore été divulguées au public. Les chiffres sont sans appel. En 2014, les prix moyens au m2 pour les biens achetés en vue d'un usage en résidence secondaire, appartements et maisons confondus, ont reculé de 8,7% en région Paca, de 4,2% en Aquitaine et de 2,4% en Rhône-Alpes. Le repli est bien plus marqué que pour l'ensemble du marché immobilier. Et si on regarde uniquement du côté des maisons servant de pied-à-terre, c'est encore plus marquant. Les baisses atteignent alors respectivement 8,4%, 11,5% et 16,2% sur un an.

Le bord de mer résiste

"Le marché est à deux vitesses. Dès qu'on s'écarte des villes et qu'on rentre un peu dans les terres, les corrections sont importantes", constate Pascal Boulenger, co-fondateur de MeilleursAgents.com. Dans le Pays-Basque, à seulement 20 minutes de la mer, les prix ont chuté de 30 à 35% au cours des trois dernières années. Sur la côte, les prix n'ont diminué "que" de 15%. En Normandie, à 10 km de la côte, les maisons coûtent désormais 30 à 40% moins cher qu'en bord de mer. "Il y a eu un tournant dans le désir des clients: la campagne est en désaffection, tandis que le bord de mer tient bon", confirme Catherine Thomine-Desmazures, directrice associée de Barnes Côte basque à Biarritz. "Il faut aussi distinguer les destinations prestigieuses comme Megève ou Saint-Tropez, où il n'y a pas ou presque de chute des prix, et les villes moins prisées", complète Jean-François Buet, président de la Fnaim.

Le Perche, la Basse-Normandie ou la Nièvre regorgent d'opportunités à moindre coût. Surtout avec des taux d'emprunt à un niveau historiquement bas: 2,42% en moyenne au quatrième trimestre selon l'Observatoire Crédit Logement / CSA. En Normandie, une maison de pays de 5 pièces en très bon état se négocie à Argentan, une commune située à une heure en voiture de la Manche, à 75.000 euros. Il y a même des affaires à conclure à la montagne! Sur le domaine des Houches en Haute-Savoie, un appartement de 28 m2 est en vente à 139.000 euros. Ceux qui préfèrent les Pyrénées peuvent jeter leur dévolu sur une demeure de 5 pièces de 95 m2 à Céret, une petite commune située à la frontière avec l'Espagne près de Perpignan, pour laquelle le propriétaire demande 80.000 euros.

Reste à faire un choix cohérent par rapport à ses besoins et son enveloppe budgétaire. Le futur acheteur doit se poser les bonnes questions. Le logement servira-t-il avant tout de refuge lors des longs week-ends d'hiver ou de propriété familiale à l'occasion des grandes vacances ? Sera-t-il situé à la mer, à la campagne ou à la montagne ? Pourra-t-il recevoir des amis ? Est-il nécessaire d'avoir des activités à proximité pour les enfants ? A partir de mars, les indécis pourront profiter d'un nouveau service mis en ligne par le site jerevedunemaison.com. Il sélectionnera pour vous des résidences secondaires en vente dans toute la France en fonction de plusieurs critères comme la météo, le temps de trajet depuis votre domicile, le type de paysage recherché, le bruit…

Des frais en pagaille

Une fois le choix arrêté, les citadins en manque de verdure ne doivent pas sous-estimer les nombreuses contingences matérielles. "Acquérir une résidence secondaire est un projet de cœur souvent discutable d'un point de vue strictement financier", rappelle Roland Tripard, président du directoire de Seloger.com. "En moyenne, les Français y passent 43 nuits par an, alors que les coûts s'appliquent sur 365 jours", détaille-t-il. Les coûts de transport sont souvent non négligeables.

Ensuite, outre l'eau et l'électricité, il faut penser à l'entretien de la piscine, du jardin, de la cheminée. "Pour une maison de 500.000 euros avec un jardin de 1.000 m2, il faut compter autour de 8.000 euros de charges, de frais d'entretien et de taxes par an", estime Pascal Boulenger. Sans compter les mauvaises surprises. "Une résidence secondaire, cela implique des travaux en permanence", insiste Laurent Vimont. Les acheteurs ont tendance à ne pas prévoir de budget de rénovation, alors qu'une toiture en mauvais état peut coûter une fortune en réparations. Le coût de l'assurance est par ailleurs souvent plus élevé que pour une résidence principale, de l'ordre de 20%, notamment à cause des risques de cambriolage. Afin de limiter ce poste de dépenses, vous pouvez alors opter pour un contrat d'assurance qui s'adapte à votre présence sur place.

La fiscalité refroidit aussi les ardeurs de plus d'un acheteur. Les plus-values lors d'une éventuelle revente, exonérées dans le cas d'une résidence principale, sont lourdement imposées. Le fisc peut récupérer jusqu'à 60,5% de la plus-value sur une résidence secondaire ! Deux abattements s'appliquent progressivement, de sorte que vous soyez exonéré de l'imposition sur le revenu au bout de 22 ans de détention et des prélèvements sociaux au bout de 30 ans. Mais ils ne deviennent intéressants que sur les dernières années.

Louer pour compenser les taxes?

En sus, le gouvernement a voté dans le budget rectificatif 2014 un amendement autorisant les communes situées en zone tendue à augmenter la taxe d'habitation sur les résidences secondaires de 20%. Près de 1.100 communes en tout, réparties sur 28 grandes agglomérations, sont concernées par la mesure. "L'alourdissement de la fiscalité n'est pas une bonne nouvelle, alors que les résidences secondaires font partie de l'attractivité de la France en matière de tourisme", juge Jean-François Buet.

Pour faire face à ces dépenses, louer sa maison un ou deux mois par an permet de couvrir la plupart des taxes et des frais courants, hors gros travaux. Pourtant, seulement 35% des propriétaires de résidences secondaires le font, selon un sondage Ifop pour le site Chambrealouer.com réalisé en juillet dernier. On ne confie pas à n'importe qui son morceau d'eldorado.  

Commentaires