Visites "illégales" de Bernard Kouchner et John McCain en Syrie: Damas se plaint à l'ONU


La Syrie s'est plaint à l'ONU de ce que plusieurs personnalités politiques, dont l'ancien ministre français Bernard Kouchner, soient "entrées illégalement" sur son territoire et a demandé aux pays dont ils sont originaires de faire cesser cette "violation flagrante".

Dans une lettre datée du 24 décembre et dont l'AFP a eu copie, l'ambassadeur syrien à l'ONU Bachar Jaafari cite aussi l'influent sénateur américain John McCain. Celui-ci est passé en mai 2013 en Syrie depuis la Turquie (lien en anglais) pour rencontrer pendant quelques heures des chefs rebelles syriens.

Bernard Kouchner s'est pour sa part rendu du 24 au 28 novembre dans la région de Jéziré, zone kurde de l'extrême nord-est du pays, relativement épargnée par les combats, "sans que le gouvernement syrien le sache ni donne son accord", souligne la lettre.


L'ancien "french doctor", entré en territoire syrien depuis le Kurdistan d'Irak, s'était également rendu sur la ligne de front avec le groupe Etat islamique, avait indiqué Khaled Issa, représentant en France du Parti de l'union démocratique (PYD).

Le PYD, lié au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK, indépendantistes kurdes turcs), est le principal parti contrôlant le terrain dans le nord-est de la Syrie. Sa branche armée combat le groupe État Islamique, notamment dans la ville symbole de Kobané, près de la frontière avec la Turquie. Les Kurdes ont instauré une sorte d'autonomie dans les trois cantons qu'ils contrôlent dans le nord-est de la Syrie depuis le retrait du régime de Bachar Al-Assad de ces zones en 2012.

Ils édictent leurs propres lois qui s'appliquent à toutes les populations -y compris arabes- dans les trois "cantons" constituant cette région autonome, non reconnue par le régime de Damas. Début novembre, ils ont promulgué un décret garantissant aux femmes les mêmes droits qu'aux hommes.


Damas "tient les gouvernements des pays dont ces personnes sont originaires pour pleinement responsables de cette violation de sa souveraineté". La lettre, distribuée aux 15 pays membres du Conseil, demande au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et au Conseil de "faire pression sur ces gouvernements pour qu'ils prennent immédiatement les mesures nécessaires contre leurs ressortissants qui entrent illégalement en territoire syrien".

Bernard Kouchner avait rencontré à plusieurs reprises Bachar al-Assad quand il était ministre des Affaires étrangères durant le mandat de Nicolas Sarkozy. Ici, le 12 juillet 2009 à Damas:


L'ambassadeur syrien cite aussi dans son courrier des visites de Peter Galbraith, ancien ambassadeur américain en Croatie, en décembre 2014, et de Walid al-Tabtaba'i, ancien membre du parlement koweïtien, en septembre 2013.


Les violences en Syrie ont fait plus de 200.000 morts depuis mars 2011. Quelque 3,2 millions de Syriens se sont déjà réfugiés dans les pays voisins, comme la Turquie, la Jordanie ou le Liban, dans des conditions de plus en plus précaires.

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