La France, championne de la pression fiscale dans le monde


Le pays se classe au deuxième rang derrière le Danemark en 2013, selon une étude de l'OCDE. Les prélèvements obligatoires ont bondi de 42,9 % à 45 % du PIB en deux ans.

Le sentiment de «haut-le-cœur fiscal» des Français, reconnu récemment par Manuel Valls, s'appuie sur une réalité tangible. La France a en effet le triste privilège de se classer au deuxième rang des pays où la pression fiscale est la plus forte au sein des pays de l'OCDE, avec un rapport entre les recettes fiscales et le PIB (c'est-à-dire le taux de prélèvements obligatoires) de 45 % en 2013, devant la Belgique (44,6 %). Seul le Danemark présente un ratio supérieur (48,6 %). Le trio de tête est le même qu'en 2012.

Les premiers du classement atteignent «des niveaux très élevés» de prélèvements, qui posent la question de leur «efficacité» sur l'économie, a souligné Pascal Saint-Amans, directeur de la division fiscale de l'OCDE (34 pays développés), qui présentait mardi son étude annuelle sur les «statistiques des recettes publiques».

Il faut dire que la charge fiscale dans l'Hexagone a bondi d'un point de PIB par an depuis 2011 et de 3,7 points depuis 2009. Pas étonnant, les hausses d'impôts en France, décidées par le précédent gouvernement comme par l'actuel, ont atteint 20,1 milliards d'euros en 2011 ; 23,5 milliards en 2012 ; et 26,3 milliards en 2013, selon Bercy.

Si la Turquie détient la palme du plus important accroissement de la charge fiscale depuis 2007 (+ 5,2 points), caractéristique de ce type de pays émergents, la France fait partie des trois autres pays, devant la Finlande et la Grèce, qui affichent un bond de plus de 2,5 points sur la période.
Dans le même temps, les prélèvements obligatoires diminuaient légèrement dans l'OCDE, pour atteindre 34,1 % l'an dernier, tout en s'approchant de ses niveaux records, après deux années à 0,4 point de hausse. En résumé, les pays nordiques, la France et l'Italie font partie du club des pays fortement imposés. C'est en revanche en Corée (24,3 %), aux États-Unis (25,4 %), au Chili (20,2 %) et au Mexique (19,7 %) que la pression est la plus faible, au point pour ce dernier pays de se situer à des niveaux qui menacent le fonctionnement des services publics. L'Allemagne, enfin, se classe un peu au-dessus de la moyenne, à 36,7 %.

Faiblesse de la TVA

Comment s'expliquent les taux français? Par le niveau plus élevé de ses cotisations sociales, qui représentent 37,4 % des recettes fiscales en 2012 (contre 26,2 % dans l'OCDE), et de sa taxation du patrimoine. Les recettes combinées de l'impôt sur le revenu et de l'impôt sur les sociétés (23,7 %) sont en revanche inférieures à la moyenne, malgré des taux élevés. Et ce, en raison des multiples niches fiscales. Les recettes de TVA sont également plus faibles qu'ailleurs en proportion.


Malgré les gestes annoncés, le gouvernement ne prévoit qu'une stagnation de la pression fiscale en 2015, par rapport à 2014 et 2013. La suppression de la première tranche de l'impôt sur le revenu l'an prochain et la montée en puissance des baisses de charges et de fiscalité sur les entreprises seront en effet compensées par des hausses de prélèvements et les régularisations fiscales des avoirs détenus à l'étranger.

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