Vatican: le pape poursuit le ménage dans les institutions financières


Le pape François a congédié jeudi l’ensemble des cinq membres du conseil d’administration du chien de garde des finances du Vatican – tous des Italiens – dans le cadre du plus récent geste visant à faire table rase de la vieille garde associée à un passé douteux sous le règne de son prédécesseur.

L’occupant du Saint-Siège, au Vatican, continue de faire table rase dans les organismes financiers controversés

Le Saint-Siège a indiqué que le pape avait nommé quatre experts de la Suisse, de Singapour, des États-Unis et de l’Italie pour les remplacer au sein du conseil de l’Autorité des informations financières (AIF), l’organisme de réglementation interne de la Cité-État. On y compte entre autres une femme, une première dans l’histoire de l’institution.

Selon ce que rapporte Reuters, les cinq membres sortants étaient des Italiens qui devaient compléter des mandats de cinq ans prenant fin en 2016, et étaient des civils associés à la vieille garde financière du Vatican, discréditée depuis. Des réformateurs au sein du Vatican ont fait pression pour que le pape, qui a déjà posé plusieurs gestes pour nettoyer les finances vaticanes, afin qu’il nomme des professionnels au profil international pour travailler avec René Bruelhart, un avocat suisse qui dirige l’AIF et qui fait campagne pour apporter des changements.

Au dire de sources vaticanes, Me Bruelhart, l’ancien expert de lutte au blanchiment d’argent du Liechtenstein, se heurtait aux positions des anciens membres du conseil et voulait que le pape nomme plutôt des professionnels comme lui. Parmi les nouveaux membres de ce conseil d’administration, on retrouve Joseph Yuvaraj Pillay, l’ancien directeur de l’Autorité monétaire de Singapour et premier conseiller du président de cette Cité-État.

Le pape François, qui a été élu en mars 2013 après la démission de l’ancien pape Benoît XVI, a mis sur pied, en février de cette année, un nouveau secrétariat pour l’Économie qui lui fait directement rapport, et a nommé un cardinal provenant de l’extérieur de la machine vaticane, l’Australien George Pell, pour le diriger.

En janvier, il a congédié le cardinal Attilio Nicora, un prélat ayant joué un rôle majeur dans les finances du Vatican pendant plus d’une décennie, et l’a remplacé à la tête de l’AIF par un archevêque au passé de réformateur au sein de la bureaucratie du Saint-Siège, poursuit Reuters.

Depuis l’arrivée de Me Bruelhart, en 2012, l’AIF a mis de l’avant des réformes visant à faire entrer le Vatican au sein du groupe des nations respectant les normes internationales en matière de transparence financière et de lutte au blanchiment d’argent. Selon des sources vaticanes, toutefois, la vieille garde n’aurait pas apprécié l’intrusion et aurait tenté de lui mettre des bâtons dans les roues.


Un rapport publié en décembre dernier par Moneyval, un comité de surveillance du Conseil européen, indique que le Vatican a mis en place d’importantes réformes, mais que le Saint-Siège devait encore renforcer sa surveillance sur son organisme bancaire, l’Institut pour les oeuvres de religion.

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