Qui sont les nouveaux conseillers de Hollande ?


La présidence de la République a annoncé un grand remaniement avec les départs d'une demi-douzaine de conseillers. Et leur remplacement par de nouvelles têtes.

L'Elysée a annoncé mardi 10 juin un vaste remaniement du cabinet de François Hollande avec les départs d'une demi-douzaine de conseillers dont Emmanuel Macron (Economie et finances), David Kessler (Culture et Communication) et Thierry Rey (sport, jeunesse et vie associative).

Selon le secrétaire général de l'Elysée, Emmanuel Macron quitte la présidence "pour mener des projets personnels dans les domaines de l'enseignement et de la recherche" et ne rejoindrait "ni une banque ni une entreprise". Et Jean-Pierre Jouyet d'ajouter:  "J'ai essayé de le retenir parce que j'ai beaucoup d'affection et d'estime pour lui au niveau professionnel".

L'ancien judoka, Thierry Rey, sera nommé le 25 juin au sein du corps de l'inspection générale de la Jeunesse et des sports. Il sera remplacé dans ses fonctions à l'Elysée par la journaliste de Canal + Nathalie Iannetta, spécialiste du football, le 16 juin.

A compter du 1er septembre, David Kessler conduira des "projets professionnels dans le secteur privé", indique-t-on encore à l'Elysée. Son successeur sera Audrey Azoulay, numéro 2 du Centre national du cinéma (CNC). D'autres mouvements ont été annoncés, concernant notamment la cellule diplomatique de l'Elysée et le service de presse.

Une économiste "matheuse"

Quant à Laurence Boone, chef économiste de Bank of America, elle succèdera le 15 juillet à Emmanuel Macron dans ses fonctions de conseiller économique et financier, notamment sur les dossiers d'économie internationale et du G20. Ce dernier, qui était également, avec Nicolas Revel, l'un des deux secrétaires généraux adjoints de l'Elysée, ne sera pas remplacé dans cette fonction.

Laurence Boone est une pure économiste venue droit du monde de la finance internationale un temps pourfendu par le candidat François Hollande, et qui n'hésitait pas encore récemment à éreinter la politique du gouvernement.

Agée de 45 ans, Mme Boone dirige depuis 2011 la recherche économique sur l'Europe de la Bank of America Merrill Lynch.

Elle avait précédemment occupé le même poste au sein de la banque Barclays, après avoir travaillé six ans au département des affaires économiques de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) et, auparavant, au Centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII).

Sa formation est celle d'une économiste "matheuse", rompue aux modèles complexes, publiant aussi bien en anglais qu'en français. Mme Boone est titulaire notamment d'un DEA Modélisation et Analyse Quantitative de l'université de Paris X Nanterre, et d'un doctorat d'économétrie appliquée de la London Business School.

Elle siège par ailleurs au conseil d'administration de Kering, la société dirigée par François-Henri Pinault, enseigne à Sciences Po et collabore au Conseil d'analyse économique (CAE), instance qui conseille le Premier ministre.

Laurence Boone n'a pas été tendre avec le gouvernement dans ses récentes analyses de la situation économique française, écrivant par exemple le 26 mai dans le journal L'Opinion que Paris s'illustrait par une "absence totale de politique économique" et assénant que "sans présentation d'une stratégie économique crédible (...) la France dans trois ans, c'est 3 millions de chômeurs, 3-4% de déficit, une dette à 100% du Produit intérieur brut (PIB), des jeunes très diplômés qui continuent de s'installer à l'étranger". Le titre de sa tribune était: "Arrêtons le massacre!"

Dans d'autres publications, elle a pris position pour davantage d'intégration européenne, plaidant pour "une union politique, un gouvernement et un budget de l'euro", financé par un impôt sur les sociétés harmonisé, et même une "assurance chômage de la zone euro", ainsi qu'un contrat de travail européen. Elle estime qu' "en Europe, les Etats surendettés qui ont mal géré leurs finances devraient être sanctionnés en faisant faillite".

En tant que conseillère économique et financière, Mme Boone remplace à l'Elysée Emmanuel Macron, issu lui de l'ENA mais aussi passé par le monde de la finance puisqu'il a été banquier d'affaires chez Rothschild.


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