Qui est derrière le coup d’État en Ukraine ?


Comme au temps de la Révolution orange, les media occidentaux présentent unanimement les manifestations anti-russes comme un mouvement spontané regroupant des « combattants de la liberté » épris d’Europe, en butte à un pouvoir autocratique (voir par exemple ici).


L’inénarrable Bernard-Henri Lévy, de tous les mauvais coups contre les pouvoirs hostiles à l’atlantisme, n’a évidemment pas fait défection en appelant même l’UE à suspendre sa participation aux jeux de Sotchi (voir ici).

En réalité, il s’agit d’une manipulation bien rodée et qui a déjà fait ses preuves lors de la Révolution orange dont la logistique avait été assurée par les organisations pro-occidentales Pora et Znayuliées au mouvement Otpor. Celui-ci avait déjà joué un rôle actif dans la chute de l’ex-président Slobodan Milosevic en juillet 2000, dans la « Révolution des roses » georgienne de décembre 2002 ainsi que dans les tentatives de putsch contre le président biélorusse en 2001 et 2004.

Toutes ces organisations sont généreusement financées par des officines occidentales : le Konrad Adenauer Institute, proche de la CDU, l’Open Society Institute de Georges Soros, leNational Democratic Institute et la Freedom House, proches du gouvernement américain, entre autres.

Les manifestants actuels semblent bénéficier à nouveau des mêmes largesses dans le financement de mouvements dont l’objectif est in fine de déstabiliser des pays souverains afin de les soumettre aux intérêts occidentaux (voir ici).

En réalité, cela fait déjà longtemps que les USA s’intéressent à l’Ukraine (voir ici). La volonté des américains de renverser le gouvernement ukrainien, pourtant totalement légitime, répond à trois objectifs, de nature économique et géostratégique :

-renforcer l’OTAN par l’intégration d’un nouveau pays (le plus grand d’Europe)

-affaiblir la Russie en l’isolant diplomatiquement

-s’approprier un marché jugé trop protectionniste en créant un « climat d’investissement favorable aux entreprises étrangères» – en clair : en privatisant ce qui ne l’est pas encore et en faisant prévaloir les intérêts des investisseurs étrangers sur ceux de la population nationale.

Ils justifient les financements faramineux investis dans l’aide logistique aux groupes anti-russes ainsi que l’effort déployé par les media occidentaux pour tenter de faire passer pour une révolution pacifique ce qui n’est ni plus ni moins qu’un coup d’État.

Vu sur :

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L'article à lire sur l'Ukraine si vous voulez comprendre la crise


Un manifestant à Kiev brandit un drapeau ukrainien, le 20 février 2014. 

Pourquoi les manifestants veulent le départ du président ? Quelles sont les raisons des violences qui agitent le pays ? Quels enjeux cachent ce conflit ? Francetv info vous explique tout ce qu'il faut savoir sur la situation.

L'Ukraine s'enfonce dans la violence : jeudi 20 février, les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont fait plus de 60 morts à Kiev, trois mois après le début de mouvements de protestation massifs.

Intérêts russes, accord avec l'Union européenne, pays divisé et images de manifestants ensanglantés : si tout cela s'emmêle dans votre esprit (on vous comprend), francetv info vous propose cet article pour y voir clair.

C'est quoi l'Ukraine ?

l'Ukraine est frontalière de la Pologne et la Roumanie à l'ouest, de la Russie à l'est. Le pays est un peu plus grand que la France métropolitaine (579 330 km2, contre 549 970 km2). Les 44,6 millions d'Ukrainiens parlent deux langues, l'ukrainien et le russe. Ils sont majoritairement orthodoxes.

L'Ukraine a été souvent dominée par ses voisins. A la rencontre de l'Europe et de la Russie, son nom signifie "frontière". L'URSS a été le dernier pays à dominer l'Ukraine. Elle n'est devenue indépendante qu'avec sa chute, en 1991. Ce pays a été très important pour la Russie dont il a été "le grenier" puis le fleuron de son industrialisation.

En 2012, l'Ukraine se classait 78e à l'Indice de développement humain (IDH). Son indice est comparable à celui du Pérou ou de l'Iran. La France, elle, est 20e. Depuis la chute de l'URSS, la croissance ukrainienne fait le yoyo. En chute libre au début des années 90, elle rebondit au début des années 2000, avant de replonger brutalement en 2009, puis de reprendre. Aujourd'hui, la croissance est en berne (0,4% en 2013). Le pays a un gros problème de corruption. Transparency International le classe 144e sur 177 à l'indice de perception de la corruption, au niveau de pays comme la Centrafrique.

Quand est-ce que ça a commencé à mal tourner ?

Le 21 novembre 2013, Kiev suspend les négociations sur un accord d'association avec l'Union européenne. Les tractations duraient depuis cinq ans et la signature était prévue pour la semaine suivante. S'en suit une vague de manifestations à Kiev. Les protestataires réclament la signature de l'accord. Les manifestations sont violemment réprimées. Il y a de nombreux blessés. C'est un déclic.
Mais ce n'est pas tout. Dans les cortèges, des manifestants scandent "Ianoukovitch [le président] dégage !" et brandissent des pancartes où est inscrit "Nous ne sommes pas l'URSS, nous sommes l'UE". Dès le début apparaissent donc deux lignes de fractures : le rejet du président et le rejet de l'influence russe.

Attendez, je ne vois pas le rapport entre l'accord, le président ukrainien et la Russie. Vous m'expliquez ?

Commençons par le président Viktor Ianoukovitch. En 2004, il est élu président pour la première fois. Enfin, "élu" lors d'un scrutin truqué. D'ailleurs, ça ne passe pas. Deux jours après son élection, 500 000 personnes se rassemblent à Kiev en soutien à son opposant : Viktor Iouchtchenko, pro-européen. C'est la "révolution orange".

Elle débouche sur une nouvelle élection présidentielle. Ianoukovitch, soutenu par Poutine, est cette fois battu par Iouchtchenko. Mais la "révolution orange" ne porte pas ses fruits et Ianoukovitch revient au pouvoir en 2010. Il se présente à l'époque comme plutôt pro-européen et son revirement a surpris les Ukrainiens qui l'ont vécu comme une trahison.

Il y a un autre aspect de sa personnalité qui déplaît. Viktor Ianoukovitch a des goûts de luxe qui s'accompagnent d'accusations de corruption contre son clan qu'il a placé aux postes clés. Le fils de Ianoukovitch est entré en seulement un an dans le club des cinq hommes les plus riches du pays. Car, comme l'explique Le Figaro, en Ukraine, business, politique et corruption sont indissociables. Le journaliste Roman Tsupryk explique au quotidien que l'Ukraine est une "kleptocratie qui freine la démocratisation et la modernisation du pays".

L'accord avec l'UE est donc un prétexte pour les manifestants qui réclament un changement de régime et plus de démocratie.

Et la Russie ?

L'Ukraine a eu une histoire mouvementée. Elle est sujette à des tensions entre les populations de l'est et de l'ouest. A l'ouest, vers la Pologne, on trouve des populations ukraïnophones plutôt pro-européennes, nationalistes. A l'est, près de la Russie, des populations russophones plutôt pro-Ianoukovitch (il en est originaire) et pro-russes.


Les résultats du président Ianoukovitch à l'élection présidentielle de 2010. (IVANGRICENKO / CREATIVE COMMONS)

C'est là que la Russie entre en jeu. Le président russe Vladimir Poutine veut une grande union eurasienne. Elle ne peut pas se faire sans l'Ukraine. De plus, le gaz russe exporté vers l'Europe transite par l'Ukraine. Enfin, l'Ukraine n'est pas qu'un enjeu économique et stratégique, pour la Russie, c'est aussi un enjeu symbolique. Qu'elle gagne le camp occidental fragiliserait le président Vladimir Poutine, qui n'a plus l'aura d'hier dans son propre pays.

Bref, pour la Russie, l'Ukraine doit rester un allié. C'est pourquoi Moscou a offert le 17 décembre un rabais de 30% sur le gaz et 15 milliards de dollars de crédit pour garder Kiev dans son giron. Une offre d'autant plus difficile à refuser que la Russie est le premier client de l'Ukraine.

Aujourd'hui, les manifestants ukrainiens reprochent aussi au président Ianoukovitch d'avoir bradé leur pays à Moscou.

Tous ces événements se passent en novembre et décembre. Pourquoi est-ce que la protestation n'est pas retombée depuis ?

En grande partie parce que le président Ianoukovitch ne cesse de louvoyer, faisant mine de lâcher du lest pour revenir avec plus de fermeté ensuite.

Début janvier, la situation a semblé se tasser. Mais, le 16 janvier, le mouvement de contestation est reparti de plus belle quand le régime a fait voter un chapelet de lois liberticides. Contraint de négocier, Ianoukovitch remanie son gouvernement, amende les lois, mais refuse des élections anticipées, maintient la répression et se fait porter pâle. Finalement, la contestation se durcit et compte des manifestants de plus en plus radicaux.

Et puis, mardi 18 février, une "offensive pacifique" dégénère. Les forces antiémeutes lancent une "opération antiterroriste" et marchent sur la place Maïdan où se trouvent les manifestants. Bilan : 25 morts. Alors que le bras de fer s'engage, le président semble encore une fois lâcher du lest en annonçant la signature imminente d'un accord politique. Coup de bluff ? Pour l'instant, les diplomates européens ne confirment pas.

Que font l'UE et les Etats-Unis ?

On ne peut pas dire que l'Union européenne a été très offensive sur ce dossier. Comme le remarque Le Figaro, l'Europe est "atone", intimidée par cette "grande puissance énergétique" (le Russie) et "guère pressée d'accueillir en son sein une Ukraine divisée". La répression sanglante des derniers jours l'a un peu réveillée : elle envisage des sanctions et une troïka européenne (Allemagne, France, Pologne) est partie négocier à Kiev.

La mollesse de l'Union européenne a le don d'agacer les Etats-Unis. Dans un enregistrement publié le 6 février sur YouTube, la secrétaire d'Etat adjointe américaine pour l'Europe, Victoria Nuland, lâche un délicat : "Fuck the EU !" (Que l'Union européenne aille se faire foutre !)


Mais on ne peut pas dire que les Américains ont été beaucoup plus actifs. Ils ont été refroidis par leur soutien à la Géorgie, en 2008, mâtée ensuite par les troupes russes. Et, comme le relève encore Le Figaro, Poutine est aujourd'hui le casse-tête de Washington, de l'affaire Snowden à la Syrie.

Comment cela va-t-il se terminer ?

Pour le moment, le pays est dans l'impasse. L'opposition ne tient pas la rue. Le régime a perdu en crédibilité. Moscou ne semble pas disposée à apaiser la situation. Les chancelleries occidentales semblent impuissantes. Le pire scénario serait une guerre civile généralisée, des Ukrainiens tirant sur des Ukrainiens.

Néanmoins, les oligarques qui entourent le président pourraient faire pression sur lui, de peur de voir le pays s'embraser ou de subir des sanctions européennes. Rinat Akhmetov, l'homme le plus riche d'Ukraine et le principal soutien financier du parti de Ianoukovitch, a condamné les violences meurtrières : "Les victimes humaines (...) sont un prix inacceptable pour des erreurs politiques." Il a appelé à "revenir à la table des négociations et à ne pas arrêter une minute ce processus".

J'ai eu la flemme de lire l'article en entier et j'ai scrollé vers le bas, vous pouvez me faire un résumé ?

Depuis novembre, l'Ukraine est agitée par des manifestations toujours plus violentes. L'élément déclencheur a été un accord d'association avec l'Union européenne. Une partie de la population y était très favorable, mais le président ukrainien y a renoncé au dernier moment. C'est que la Russie veut que l'Ukraine intègre sa future union eurasienne. Moscou redoute que son voisin ne quitte son giron.


Les Ukrainiens sont divisés depuis longtemps entre pro-européens et nationalistes à l'ouest et pro-russes à l'est. Mais ils sont de plus en plus agacés par leur président et la corruption de son régime. Les manifestants réclament plus de démocratie. Le président ukrainien a tergiversé pour tenter d'amadouer la contestation. Il a finalement opté pour la force face aux manifestants, mardi 18 février. Le pays est à deux doigts de basculer dans la guerre civile.

Source : francetvinfo.fr

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