Les Européens ont-ils abandonné l'Europe?




Il explique qu’il revient d’un voyage en Italie et en Espagne, et qu’en dépit des récents signes de relance économique que ces deux pays ont affiché récemment, il a ressenti du désespoir, du fatalisme, un manque de motivation, de l’irritabilité, et une incapacité a prendre des décisions qui sont aussi les symptômes de la dépression. « J’ai aussi ressenti plus que jamais que les Européens sont en désamour avec l'Europe, ou plus précisément, avec l’idée de bâtir une union comprenant toute l’Europe», écrit-il.


Les déclarations des hommes politiques, des leaders d’opinions et des militants transpirent de désespoir de pessimisme et d'irascibilité, et cela peut se comprendre, compte tenu que l'Italie et l'Espagne ont été traumatisées sur les plans économique et social.

 Quand une famille éprouve un grave traumatisme, le réflexe de ses membres est le repli sur soi et le retrait du monde, et cela est vrai aussi pour les nations.
Dans les deux pays, Naím a constaté la primauté excessive des actualités domestiques sur les évènements à l'étranger. Des faits régionaux ou nationaux sont abondamment commentés dans les médias alors que des développements internationaux majeurs sont quasiment passés sous silence. 

La réforme économique de la Chine, décoilée par le 3ème plénum du parti communiste, par exemple, qui avait eu lieu alors qu’il se trouvait en Espagne, avait à peine été mentionnée dans les médias. Pourtant, ce qui se passera en Chine aura un impact plus important sur les vies de ces Européens que les acrobaties politico-judiciaires des politiciens locaux qui accaparent les colonnes de leurs journaux.

Pire, «Le reste du monde», qui n’apparait plus sur le radar de la plupart des Espagnols et des Italiens  comprend également désormais le reste de l'Europe. Le projet européen, qui a tant promis, et qui a échoué à tenir ses promesses, ne recueille plus que de l'indifférence. La crise économique de l’euro, qui a aggravé le chômage, a suscité encore plus de déception et de désintérêt. 

Les gens soutiennent encore le libre-échange et l'ouverture des frontières, mais ils ne sont plus partants pour renforcer l’union.

Une enquête auprès des 27 Etats membres réalisée par l'Eurobaromètre montre que la moitié des Européens est pessimiste quant à l'avenir de l'UE en tant qu'institution, et que 69% ne lui font pas du tout confiance. Les deux tiers pensent que leur vote ne fait aucune différence dans les décisions prises par l'Union européenne.

Ces résultats peuvent s'expliquer facilement au regard de la longue crise économique, et des politiques d'austérité qui ont été imposées et qui ont provoqué une grave crise sociale et politique. En outre, les dirigeants politiques européens, qui manquent de charisme, sont ressentis comme étant lointains, bureaucratiques, et dépourvus de transparence. Au mieux, les Européens ressentent que le projet européen est inutile et inadéquat ; au pire, qu’il est dangereux, coûteux et intrusif.

« Cela peut et doit changer », écrit Naím. Il estime que la perte de confiance dans le projet européen constitue la plus grande menace pour l'unité européenne. « Le projet européen a besoin de dirigeants capables de persuader les électeurs qu’une Europe grande et vigoureuse est possible. Le meilleur antidote pour la région pourrait bien être une forte dose d’intégration », conclut-il.

Source : express.be

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