La BRI tire la sonnette d'alarme: la hausse du dollar menace la montagne de dettes internationales


Dans sa revue trimestrielle, la Banque des règlements internationaux (BRI, en anglais Bank for International Settlements ou BIS), suggère que la domination du dollar constitue une véritable menace pour les pays émergents.

La hausse du cours du dollar affecte en effet les pays qui se sont largement endettés dans cette monnaie, ce qui pourrait déclencher un véritable désastre sur les marchés financiers internationaux, et avoir en retour « un impact profond sur l’économie mondiale ».

Les transactions transfrontalières en dollars ont triplé au cours de la dernière décennie pour atteindre 9 000 milliards de dollars, dont 7 000 exécutées hors des Etats-Unis, indique la BIS, aussi surnommée la banque des banques centrales. Dans les pays émergents, les entreprises se sont endettées à hauteur de 2 600 milliards de dollars dans cette devise. En outre, des Etats souverains se sont aussi endettés en dollars : la Chine, le Japon, le Royaume-Uni, et la Russie, parmi d’autres.

La hausse de la parité du dollar menace donc toutes les économies avec une monnaie plus faible, une situation qui n’est pas sans évoquer ce qui s’est passé en Amérique Latine dans les années 1980, ou en Asie dans les années 1990.

De plus en plus de pays prennent des mesures pour réduire leur dépendance au dollar, réduire les emprunts à l’étranger, et mettre en place des réserves tampons auprès de leur banque centrale pour éviter une répétition de ces désastres.

Mais la BIS a également constaté que, bien que le PIB des Etats-Unis ne représente plus qu’à peine un quart du PIB mondial, les réserves mondiales en dollars détenues à l’étranger ont à peine été réduites, et représentent encore aujourd’hui près des deux tiers (61%) des réserves mondiales, contre 66% en 1978. Comment expliquer cet écart ?

La banque explique que le montant de réserves en dollars qu’un pays décide de constituer est directement lié au poids de la devise par rapport au dollar, ce que les économistes de la BIS ont appelé le « poids de la zone dollar ».

Les banques centrales des pays dont le cours de la monnaie est très stable par rapport au cours du dollar peuvent décider de stabiliser la valeur de leurs réserves de change en monnaie locale en constituant des réserves en dollars. Les économistes ont déterminé que le PIB de ces pays, qu’ils appellent « zone dollar », combiné avec celui des Etats-Unis, représente 50 à 60% du PIB mondial, et correspond donc à peu près à la proportion des réserves mondiales en dollars.

Les pays d’Amérique Latine, en particulier le Pérou et l’Uruguay, font partie de ces pays qui détiennent d’importantes réserves en dollars. En Europe, la plupart des banques centrales détiennent des réserves plus modestes en dollars.


La Russie est particulièrement affectée par la hausse du cours du dollar. Depuis le début de cette année, le rouble a perdu plus de 40% par rapport au billet vert. Or, la majeure partie des 715 milliards de dette de la Russie est exprimée en dollars.

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